Ce billet a été rédigé par Anne-Marie Roy dans le cadre du cours SCI6355 sur l'économie du document de la maîtrise en sciences de l'information de l'EBSI.

L’ère numérique est également devenue l’ère de l’hyperconcurrence. En effet, la multitude de services, de technologies et de supports offerts afin de se procurer de l’information a grandement bouleversé le marché des télécommunications. C’est pourquoi l’on parle aujourd’hui de la notion d’hyperconcurrence. D’ailleurs, le Groupe de recherche sur les mutations du journalisme (GRMJ) est en train de développer un projet de recherche sur cette notion afin de mesurer l’impact de ce changement de paradigme sur le journalisme télévisé. Le groupe de recherche note que :

« La croissance de l'offre médiatique et l'intensification de la concurrence paraissent évidentes si l'on considère qu'en deux décennies l'offre de télévision dans un marché comme celui de la région de Montréal est passé de trois à plus de cinquante canaux. L'accès à l'information que permettent maintenant des technologies comme Internet, le satellite et, bientôt la « Web-TV », achèvent de projeter le citoyen-consommateur dans un nouvel univers médiatique. »

Vous pouvez lire l’énoncé complet du projet de recherche ici.

Dans ce contexte, comment les stations de télévision peuvent-elles répondre aux demandes des consommateurs qui recherchent plus de liberté dans la gestion de leur temps et de choix ?

La clé réside probablement dans l’adaptation. Les stations de télévision doivent s’adapter au numérique. C’est d’ailleurs pourquoi, plusieurs stations offrent de nombreux compléments et services en ligne par le biais des forums de discussion et de blogues complétant l’information télédiffusée. Plusieurs sites offrent même des rediffusions en ligne. Le site TOU.TV, qui met ligne plusieurs émissions francophones, semble être une bonne illustration de ce phénomène grandissant. L’intérêt de ce site est qu’il offre à la fois des séries d’archives et des séries actuellement en ondes.

Les auteurs du site entrent alors eux-mêmes en concurrence avec leurs propres diffusions télévisuelles. Cette concurrence affectera certainement les artistes qui, n’étant pas les maîtres du jeu, risquent de voir une baisse de leurs revenus. La crainte se fait déjà sentir comme en témoigne cet article de Cyberpresse : Avec Tou.tv, les artistes craignent une perte de revenus. De plus en plus, ces jeux de concurrence semblent se complexifier et soulever plusieurs problèmes.

Ainsi, je me demande si une simple adaptation sera suffisante pour assurer la pérennité des stations de télévision ? Devant l’essor d’un tel phénomène, devrait-on alors réglementer la web-télé ? Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) se penche présentement sur la question. Le rapport De la télévision ou non? Trois types d’écran, une seule réglementation présente des conclusions où la réglementation propre à la télévision en terme de contenu serait amenée tranquillement à disparaître afin de permettre une ouverture plus grande à tous les diffuseurs et consommateurs dans un contexte numérique et d’assurer le dynamisme d’Internet. Ainsi, on favoriserait une déréglementation de la télévision au profit d’Internet. Cela risquerait d’amener plusieurs problèmes, notamment pour les artistes qui devraient alors seuls défendre leurs intérêts. À ce sujet, je vous suggère ce billet de Martin Lessard : Télévision sur Internet : "Peut-elle être assujettie aux mêmes règles que la télévision traditionnelle. J’en conclus donc que le marché tend plutôt vers une déréglementation qui ne se fera pas au profit des artisans de la télévision traditionnelle.

Finalement, la génération C, qui a grandi avec les technologies numériques et le web verra-t-elle encore des avantages au petit écran ? Comment les professionnels de la télédiffusion pourront-ils retenir l’attention de ces nouveaux consommateurs habitués à tout obtenir d’un seul clic ? Cette génération verra-t-elle la disparition de la diffusion traditionnelle ?