Cellulaire et fracture numérique
Par Jean-Michel Salaun le dimanche 21 mars 2010, 23:29 - Télécom - Lien permanent
L'Union internationale des télécommunications a publié récemment la dernière version de Measuring the Information Society 2010 (rapport, synthèse, communiqué), 100 pages bourrées de chiffres dont l'objectif principal est de mesurer les variations de l'Indice de développement des TIC (IDI) selon les pays, c'est à dire la part prise par les technologies de l'information à la croissance différenciées des régions du monde.
J'ai extrait deux diagrammes de la synthèse. Le premier illustre, une nouvelle fois, l'explosion du téléphone cellulaire.
Fin 2009, il y aurait 4,6 Mds d'abonnés au mobile cellulaire, soit 67 abonnements pour 100 habitants, avec des variations importantes entre les pays riches et pauvres (de plus de 100% à 57%). Mais le rattrapage est très rapide.
Ainsi, en 2008, la pénétration du mobile cellulaire et du large bande fixe dans les pays en développement a atteint le niveau auquel se situait la Suède (premier au classement IDI) près d’une décennie plus tôt, et le nombre d’internautes pour 100 habitants était égal à celui de la Suède juste 11 ans plus tôt. Par comparaison, l’espérance de vie dans les pays en développement accuse un retard de 66 ans par rapport à la Suède, et le taux de mortalité infantile y était en 2007 au niveau que connaissait la Suède 72 ans plus tôt. p.7
Pour autant, même si les auteurs du rapport sont optimistes, il ne faut pas confondre le mobile cellulaire avec l'accès internet au réseau large bande. Pour ce dernier, les écarts sont encore considérables, même s'ils se réduisent.
À parité de pouvoir d'achat le téléphone fixe et le cellulaire sont moins chers dans les pays en développement, alors que l'accès à l'internet large bande est presque 7 fois plus élevé, le rendant inaccessible à la population. En Afrique, l'abonnement est égal à cinq fois le revenu mensuel moyen.. tandis que le prix tombe à 2% en Europe, région la meilleure marché.
Pour les intéressés, le Canada est 21ème au rang IDI en 2008, il a perdu 2 places par rapport à 2007. La France est au 18ème rang contre 22 en 2007.
Actu du 27 avril 2010
Sur l'importance et les conséquences du développement du téléphone cellulaire en Afrique voir :
« Dans le domaine du mobile, le Kenya est en avance sur l’Europe », Entreprise Globale, 13 mars 2009, ici.
En contrepoint, voir l'exemple du Japon et la difficulté d'exporter son modèle des réseaux sociaux et du mobile :
« Le Japon reste une grande puissance de l’innovation. Voyez l’avance dans les réseaux sociaux sur mobile », Entreprise Globale, 24 avril 2010 là.
Commentaires
Je pense que l’une des explications de la montée des cellulaires repose sur le fait que dans plusieurs pays un utilisateur n’a pas à payer de frais mensuel pour recevoir des appels sur son portable. Il n’a qu’à acheter le téléphone et la puce. Je pense, par exemple, à la Tunisie où il faut payer pour appeler à partir d’un cellulaire, mais où il est possible de recevoir des appels même s’il ne reste plus de fond au solde de l’abonné… Les textos sont aussi une façon de communiquer à faible prix. De plus, le prix d’une ligne portative est souvent moins élevé que celui d’une ligne fixe (encore faut-il que cette dernière soit disponible).