Facebook, une équation à plusieurs inconnues
Par Jean-Michel Salaun le jeudi 03 février 2011, 04:40 - Web 2.0 - Lien permanent
Décidément Facebook est bien un objet étrange. Comme pour Wikipédia nous ne disposons pas vraiment d'outil ou de concept adhoc, et il résiste à l'analyse.
Et encore l'économie de Wikipédia n'est pas vraiment mystérieuse (ici). J'ai déjà eu l'occasion de montrer que celle de Facebook, tout comme Twitter d'ailleurs, reposait sur les bases très fragiles de la spéculation (ici, là ou encore là). Le tout peut-être résumé en une image.
La spéculation repose sur les promesses de l'implantation du réseau. De ce point de vue, le succès est, en effet, éclatant. On peut le mesurer à la fois en terme de trafic et de géographie. Thierry Joliveau a proposé une très intéressante critique (ici) de la cartographie des «amis» réalisée par la firme (là) de façon quelque peu complaisante. Il présente ainsi la carte réinterprêtée.
Il la compare à la démographie, à la répartition de l'électricité, des connexions ou encore des réseaux concurrents et en conclut :
Cette petite analyse n’a donc pas apporté de vues révolutionnaires sur la présence Facebook. Elle illustre en passant comment combiner, croiser et recouper les données cartographiques, que l’on peut trouver sur le Net. Elle rappelle cependant que Facebook ne concerne encore qu’un minorité de la population de la planète, celle qui a accès à un ordinateur. Elle montre aussi que ces outils magiques nécessitent une infrastructure technique et un environnement économique capable de les supporter et dont l’efficacité varie selon les pays. Ceci dit, la domination de Facebook sur la grande majorité des zones à accès Internet hyperdense est saisissante. Le Japon en est un contre-exemple très spécifique. On note aussi des variations très fortes d’un pays à l’autre qui montrent que contrairement à ce qu’affirme la vulgate Facebook à propos de la connexion généralisée, les frontières politiques, culturelles et sociales demeurent fortes.
Il est peu probable que le hiatus entre l'économique et l'usage qui se creuse perdure longtemps. Les spéculateurs imaginent ou laissent croire qu'un marché va s'ouvrir très vite. Le pari est encore très incertain pour ne pas dire aujourd'hui improbable.
Dans le même temps ces outils, devenant de plus en plus populaires, apparaissent à tort ou à raison comme indispensables. Un courant, relayé aujourd'hui par des politiques, les assimilent à des droits fondamentaux. Les mouvements récents au Maghreb ajoutent de la crédibilité à cet argumentaire, non sans évidemment d'arrière-pensées géopolitiques.
Mais le discours politique qui les rapproche des droits de l'homme devrait alors avoir sa traduction économique. Il suppose que, s'ils ne peuvent se financer de façon autonome, ils soient soutenus sur fonds publics, comme l'est la presse ou la radio-télévision. Nous en sommes très loin, il faudrait d'abord un arrêt de la spéculation. Et de toutes façons, les responsables de Facebook ne semblent pas, non plus, avoir pris la mesure de leurs responsabilités politiques ou, autre hypothèse, l'ont prise mais de façon bien inquiétante (là).
En complément lire : What is Facebook really ? là
Actu du 7 février 2011
Une autre façon de mesurer lucidement l'activité et les investissements de Facebook est de suivre ses investissements dans les data-centers voir ici.
Actu du 10 février 2011
Facebook serait en train de prendre une place dominante sur le marché du display (affichage numérique) d'après MC Beuth ici relisant le dernier rapport de Comscore (là)
Actu du 13 février 2011
Un avis différent de F. Filloux ici, mais les chiffres sont fragiles.
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Le gendarme de la bourse US s'en mêle ici