L’autoédition ; solution à la censure du marché ?
Par Jean-Michel Salaun le jeudi 28 février 2013, 03:17 - Cours - Lien permanent
Billet rédigé par Sarah-Kim Poirier et Catherine Racicot pour le cours Économie du document
L’autoédition est une pratique qui remonte à bien longtemps. Contrairement à l’auto-publication, l’autoédition implique une autonomie complète de l’auteur quant au contenu, à la forme ainsi qu’à la diffusion de son œuvre.Avantages de l’autoédition
L’autoédition permet tout d’abord à l’auteur de s’affranchir des modèles traditionnels de l’édition et de la publication. Elle épargne à l'auteur « les douloureuses étapes de relecture et de corrections, lui permettant de dévoiler son œuvre sans filtre et d'entretenir une relation plus directe avec ses lecteurs, en plus de lui permettre un accès plus direct aux profits générés par la vente de son livre» (Couture, 2012). L’autoédition permet surtout à l’auteur de publier ses ouvrages malgré le fait que le contenu ou le ton de ces documents ne coïncident pas avec les lignes éditoriales des maisons d’édition ou avec la tendance littéraire du moment (Couture, 2012).
Enfin, l’autoédition offre la chance à l’auteur de devenir «entrepreneur de sa notoriété». En effet, n’ayant pas accès au monde de l’édition traditionnelle, l’auteur qui choisit l’autoédition peut s’engager dans un « réseau d’auteurs-lecteurs qui fabrique un tissu dense de promotions croisées permet[tant] de progresser collectivement dans la visibilité» (Beaudouin, 2012).
Le milieu de l'autoédition n'a pas souffert de l'émergence du numérique. Au contraire, certains quotidiens parlent de «résurgence» du livre indépendant car l'édition se démocratise et qu’il est plus facile que jamais de publier pour une somme modique (Laurence, 2011). Les ouvrages publiés selon ce procédé font également moins l’objet de préjugés qu’auparavant. « Il y a encore dix ans, autoédition rimait avec compte d’auteur et arnaque, aujourd’hui les préventions sont tombées » constate le gestionnaire de la plateforme Le Publieur (Alain Beuve-Méry).
L’autoédition est finalement facilitée par l’apparition de plateformes offrant leurs services. LePublieur aide à définir le projet de l’auteur et gère les étapes de fabrication et de commercialisation. La Carte blanche offre quant à elle « la révision, la mise en pages et l’infographie. Viennent ensuite des conseils sur le tirage et la qualité du papier » (Levée, 2010). Enfin, le Kindle Direct Publishing (KDP) d'Amazon propose un service d'auto-publication (Salaün, 2012).
Les tâches que l’auteur devra accomplir s’il opte pour l’autoédition sont nombreuses. En effet, « dans le système de l’autoédition numérique, des rôles qui étaient autrefois distribués se trouvent à la seule charge des auteurs » (Beaudouin, 2012). La correction, la mise en page, l’attribution d’un numéro ISBN, le dépôt à la Bibliothèque nationale, la remise à l’imprimeur, la vente et la création d’un site web sont autant d’étapes que l’auteur devra franchir avant de voir son ouvrage publié. Toutefois, les bénéfices semblent en valoir la peine.
Inconvénients de l’autoédition
L’autoédition ne comporte évidemment pas que des avantages. Certes, un nombre beaucoup plus élevé d’auteurs parvient à publier de cette manière, mais cela ne crée-t-il pas justement une surcharge informationnelle ? Comment tirer son épingle du jeu et se faire remarquer à travers cet amas d’œuvres autoéditées ? Et surtout, comment prouver que son travail porte l’empreinte de la qualité ? Aucun contrôle de qualité (Montpetit, 2008) n’est fait, et donc, il n’y a aucune assurance pour le lecteur qu’il s’agit d’une œuvre qui en vaut la peine. Antoine Gallimard, une sommité dans le domaine, est même allé jusqu’à affirmer que l’autoédition ne pouvait se substituer à une « édition choisie, maîtrisée, orchestrée autour de marques fortes et de prescripteurs reconnus » (Forum de l’auto-édition, 2012). Ajoutons à cela l’absence de publicité faite autour du livre, et nous obtenons une grande difficulté à se faire connaître.
Malgré quelques minces exceptions (Fifty Shades of Grey, entre autres), les livres autoédités ne deviennent généralement pas des bestsellers, et leur auteur ne peut vivre de sa plume. L’auteur retire donc une plus grande part des redevances dues à la vente de son livre, mais il en vend nettement moins que s’il avait suivi un parcours « normal » d’édition. Peut-on réellement dire qu’il soit gagnant ?
Certains auteurs québécois osent tout de même se frotter à l’autoédition, mais on se rend rapidement compte qu’il s’agit d’auteurs confirmés dont la réputation et la notoriété ne sont plus à faire. Christian Mistral, Dominique Blondeau et Marie Laberge sont trois auteurs qui ont été tentés par l’autoédition. Pour Marie Laberge, qui a mis sur pied son projet épistolaire nommé Martha de 2008 à 2011, ce fut un « succès retentissant, une manne pour l’écrivaine qui a réussi à raccourcir la chaîne du livre pour ne garder que ses deux maillons extrêmes — l’auteur et le lecteur » (Caron, 2010). L’autoédition serait-elle donc seulement envisageable après être passée par l’édition traditionnelle et s’être déjà fait connaître du grand public ? C’est ce que l’on est en droit de se demander.
Après avoir pesé les pour et les contre de l’autoédition, il semble que ce soit à chaque auteur de faire ses choix en tenant compte des aspects qui sont les plus importants pour lui. Il nous apparaît toutefois clair que l’autoédition, malgré ses inconvénients, peut être une solution à la censure opérée par le marché. L’explosion du livre numérique et des sites d’autoédition pourrait également changer la donne au cours des prochaines années et il nous faudra rester à l’affût des développements futurs concernant le monde de l’autoédition.
Bibliographie
Barroux, David, Alexandre Counis et Anne Feitz. « Arnaud Nourry (Hachette livre) : Nous avons créé un écosystème vertueux sur le marché du livre ». Les Échos, 8 octobre 2012.
<http://www.lesechos.fr/08/10/2012/lesechos.fr/0202310259853_arnaud-nourry--hachette-livre-----nous-avons-cree-un-ecosysteme-vertueux-sur-le-marche-du-livre-.htm>
Beaudouin, Valérie. Trajectoires et réseau des écrivains sur le Web : construction de la notoriété et du marché. [PDF]
<http://panic.wp.mines-telecom.fr/files/2012/04/2012-Trajectoires-et-r%C3%A9seau-Panic-VBeaudouin.pdf>
Beuve-Méry, Alain. «Faut-il choisir l’auto-édition?». Le Monde, Le Monde des livres, janvier 2011.
<http://www.enviedecrire.com/faut-il-choisir-auto-edition/>
Blog l’Auto-édition.com. 2012. Auto-édition, un avis signé Antoine Gallimard.
<http://www.auto-edition.com/forumedition55.html>
Caron, Jean-François. «Un livre sur mesure; ouvertures et conséquences de l’autoédition». Lettres québécoises, Hiver 2010. p. 13-16.
Couture, Philippe. «L'autoédition permet-elle une littérature plus singulière?». SRC Blogues, Plus on est de fous, plus on blogue! 11 mai 2012.
<http://blogues.radio-canada.ca/plusonblogue/2012/04/11/lautoedition-permet-elle-une-litterature-plus-singuliere/>
Delforge, Marie. «L’autoédition vue par une lyonnaise». Le Progrès, 16 mai 2012, p.19.
Finder, Alain. « The Joys and Hazards of Self-Publishing on the Web ». The New York Times, 15 août 2012.
<http://www.nytimes.com/2012/08/16/technology/personaltech/ins-and-outs-of-publishing-your-book-via-the-web.html?pagewanted=all&_r=0>
Laberge, Marie. 2011. Des nouvelles de Martha.
<https://martha.marielaberge.com/site/index.php/page/home.html>
Laurence, Jean-Christophe. «Expozine; dix ans d’édition parallèle». La Presse, Lectures, 25 novembre 2011.
<http://www.lapresse.ca/arts/livres/201111/25/01-4471502-expozine-dix-ans-dedition-parallele.php>
Levée, Valérie. «Le créneau de l’édition à compte d’auteur». Livre d’ici, mai 2010. p.11.
Macé, Morgane. « Fifty Shades of Grey ou la béquille de l’édition ». AtuaLitté, 30 août 2012.
<http://www.actualitte.com/librairies/fifty-shades-of-grey-ou-la-bequille-de-l-edition-36379.htm>
Montpetit, Caroline. « Se publier envers et contre tous ». Le Devoir, 12 janvier 2012.
<http://www.ledevoir.com/culture/livres/171482/se-publier-envers-et-contre-tous>
<http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2012/01/15/Amazon-marie-biblioth%C3%A8que-et-autopublication>
Commentaires
Je pense effectivement que l'autoédition qui est "rentable" passera avant tout par des auteurs déjà établis qui jouissent d'une base de lecteurs fidèles. Je ne suis pas surpris d'apprendre que pour Marie Laberge, l'autoédition fut eu succès. Il en serait de même pour Michel Tremblay et d'autres auteurs québécois bien connus. Ça demeure toutefois une minorité.
L'autoédition est sûrement une solution à la censure du marché, mais reste que sans lecteur...
"Comment tirer son épingle du jeu et se faire remarquer à travers cet amas d’œuvres autoéditées ?"
Effectivement, cela ne semble pas évident. Je me demande si l'autoédition est plus profitable pour certains genres littéraires ? Je pense entre autre à la bande dessinée où il est possible, en un coup d'oeil, de voir si l'esthétique et l'univers illustré nous plaît et ainsi nous permettre de faire un tri à travers la multitude de BD disponible en autoédition. Le merveilleux monde (!) des biographies pourraient aussi être un genre qui fonctionne en autoédition. En effet, si un lecteur s'intéresse à une personalité public et qu'un livre traite de sa vie, la façon dont le livre est édité importera peu et le lecteur s'y intéressera (en autant qu'il réussisse à le trouver). Bref, le questionnement que je souhaite soulever est le suivant. Se peut-il que des genres littéraires fonctionnent davantage à travers l'autoédition que d'autres ?
M.R
Il semble effectivement plus simple pour un auteur déjà connu que pour un auteur inconnu de vendre via l'autoédition. Mais je me demande si à l'heure du web social et des recommandations, il n'est pas devenu plus facile pour un auteur inconnu autoédité de se faire connaître -notamment avec une édition numérique. Car auparavant, il me semble que la diffusion pouvait difficilement être autre que locale. Le numérique a peut-être favorisé l'autoédition et donc augmenté le nombre d’œuvres autoéditées, mais ne permet-il pas aussi de faire sortir du lot certaines œuvres, via la recommandation ou la mention du nombre d'achats, par exemple ?
La question des genres, soulevée par Marc, me semble aussi une piste intéressante pour envisager le succès de l'autoédition. Je suis d'accord avec son analyse. Néanmoins, même s'il est vrai que la BD permet de voir très rapidement si l'on est conquis par l'esthétique et l'univers illustré, je me demande si l'extrait d'un texte (du type quatrième de couverture) ne joue pas le même rôle. On peut aussi être séduit par le style d'un extrait de roman, d'un recueil de poème ou d'une pièce de théâtre.
Dans un tout autre registre, je me pose aussi la question du respect des droits d'auteur dans le contexte de l'autoédition : savez-vous si un auteur a plus de risques de voir ses droits d'auteurs bafoués en s'autoéditant ? Ou si c'est l'inverse ? En d'autres termes, peut-on ajouter à la liste des avantages de l'autoédition la garantie du respect des droits d'auteur ?
Les auteurs qui ont déjà fait leurs preuves ont généralement un lectorat fidèle qui les suit peu importe le support, ce qui explique que ces mêmes auteurs puissent ressortir du lot des auteurs autoédités. Ils ont ainsi beaucoup plus de chances d'être lus que les auteurs inconnus qui s'autoéditent. Amandine amène cependant une réflexion fort intéressante autour du web social et collaboratif. Il est sans doute vrai qu'il est plus facile pour les auteurs de se faire connaître lorsque les lecteurs en parlent entre eux sur le web et en font la recommandation. Il faut cependant toujours garder à l'esprit que le monde de l'autoédition est en effervescence et que le nombre de textes autoédités va toujours en grandissant. Le web social peut donc apporter une visibilité à certains auteurs ou à certains textes, mais la majorité des textes autoédités demeurent très peu lus.
Nous croyons cependant que l'autoédition et le web 2.0 permettent de faire sortir du lot et connaître certaines oeuvres qui ne l'auraient pas été autrement. Par contre, il faudrait faire une étude plus poussée du marché pour vérifier si cela amène réellement plus de lecteurs pour ces oeuvres autoéditées.
La question des genres littéraires en autoédition que soulève Marc nous paraît très pertinente et mériterait que l'on étudie l'autoédition sous cet angle. Pour ce qui est des biographies, nous croyons que l'on revient encore à la popularité de l'auteur et à sa reconnaissance déjà établie. Par contre, pour les bandes dessinées, nous sommes tout à fait d'accord avec le fait que l'autoédition pourrait permettre un certain «magasinage» et un tri en amont pour les lecteurs. L'autoédition, en plus d'être particulièrement efficace pour les auteurs confirmés, pourrait également faire ses preuves avec certains genres littéraires. En plus de la bande dessinée, nous ajouterions l'album jeunesse, et tout autre genre rapidement visualisable pour le lecteur.
Pour ce qui est du respect des droits d'auteur, nous imaginons qu'Amandine parle davantage de l'autoédition en ligne. Nous croyons alors qu'il en va de la responsabilité de chaque auteur de s'assurer que le contrat qui le lie avec son site d'autoédition inclut des précisions à ce sujet. Il n'en demeure cependant pas moins que comme tout ce qui est publié sur le web, le risque de non-respect des droits d'auteur est accru.
Sarah-Kim Poirier
Catherine Racicot
On répond à l’autoédition selon l’aspect que l’on privilégie, en effet : celui de l’industrie, où l’autoédition menace(rait) la qualité de l’œuvre; celui de l’art, où elle permet(trait) de court-circuiter une première censure, celle de la sélection par l’éditeur. Les deux points de vue semblent valides.
L’augmentation de la variété (si elle est de qualité, s’entend) est une bonne chose, mais ne disait-on pas que la fameuse « longue traîne » d’Anderson ne se matérialisait pas réellement (cf. Salaün, Les sept piliers de l’économie du document (la baguette et le journal), p. 29, dans [ecodoc-s1], que je n’ai pas creusé plus avant, cela dit)? Le succès commercial dans l’autoédition semble plutôt dû à d’heureux concours de circonstances et s’oppose à une utilisation efficace de structures et de réseaux déjà établis, pour le meilleur et pour le pire. Ça semble donc être pour l’instant un modèle qui se cherche. Comme les modèles fondés sur la plasticité du Web sont eux aussi encore en mutation, c’est un peu inévitable.
Cela dit, si un auteur désire vivre de sa plume, ne devrait-il pas chercher à toucher « une masse de clientèle susceptible d’absorber rapidement [ses] stocks », pour reprendre les mots du golden boy d’Obélix et compagnie? On aurait beau être le meilleur boucher porcin du monde, l’Indonésie n’est pas un lieu indiqué pour installer son échoppe. Bref, un auteur contemporain qui voudrait vivre de sa plume devrait savoir à quoi s’attendre avec de la poésie épique d’inspiration néo-mallarméenne. C’est malheureux, mais ne saurait surprendre.
L’article de M. Macé (le lien fifty shades of grey) est intéressant avec l’idée que l’autoédition risque d’être, ou de devenir, une béquille. Cela génère des externalités positives pour les éditeurs commerciaux : ça leur sert de terrain d’essai, où l’on peut voir ce qui marche, ce qui marche moins, puis se ruer pour mettre sous contrat un auteur dont les textes semblent résonner avec le Zeitgeist. All the reward, none (little) of the risk.
Et probablement que les différents genres littéraires sont touchés différemment. L’exemple de la BD est intéressant, et je comparerais aux dôjinshi japonais, des mangas qui sont non seulement autoédités, mais reconnus pour leur violation flagrante des droits d’auteurs. Or, ils sont vendus publiquement dans des foires qui leur sont consacrées. C’est une industrie qui vaut beaucoup. Plusieurs auteurs officiels à succès sont issus de ce milieu, et les gros éditeurs semblent juger que cela dynamise l’industrie dans son entier, alors on laisse aller.
Selon vous, devrait-on mieux encadrer ces pratiques ou laisser aller au gré du marché? Est-ce que la variété potentielle compense la difficulté à faire connaître de possibles chefs-d’œuvre? « Le Seigneur reconnaîtra les siens », en quelque sorte, et ceux-ci surnageront les tourbillons du médiocre?
C. L.
"L’article de M. Macé (le lien fifty shades of grey) est intéressant avec l’idée que l’autoédition risque d’être, ou de devenir, une béquille. Cela génère des externalités positives pour les éditeurs commerciaux : ça leur sert de terrain d’essai, où l’on peut voir ce qui marche, ce qui marche moins, puis se ruer pour mettre sous contrat un auteur dont les textes semblent résonner avec le Zeitgeist. All the reward, none (little) of the risk".
Effectivement, très bon point.
« Le Seigneur reconnaîtra les siens », en quelque sorte, et ceux-ci surnageront les tourbillons du médiocre?
Non, je ne crois pas. Un jeune auteur qui tente de s'autopublier luttera contre les éléments sans grande chance de réussite, surtout s'il ne joue pas la carte du sensationnalisme (sexe ou violence gratuite, provocation facile, etc). Le talent ne suffira pas à le faire remonter à la surface. Ce problème de visibilité vient entre autre du fait que les médias traditionnels font très peu de critiques de livres autoédités. D'abord, parce qu'ils critiquent en fonction des livres qu'ils reçoivent (gratuitement) des éditeurs et qu'ils en ont déjà beaucoup à traiter, puis, parce que les livres autopubliés ont la réputation de ne pas être assez bons pour avoir été publiés. Bref, pour inciter quelqu'un à lire un livre de 700 pages, ça risque de prendre plus que l'opinion d'un amis du secondaire sur facebook qui en vante les mérites. Une crédibilité est nécessaire et c'est pourquoi les médias auront un rôle crucial à jouer pour l'avenir de l'autoédition à mon avis.
En ce qui concerne tout d’abord le commentaire de C.L., il est vrai que l’autoédition est encore un milieu en pleine mutation. Toutefois, certaines tentatives, entre autres de la part d’auteurs pratiquant l’autoédition ou de plateformes de services telle publie.net (voire le texte de Valérie Beaudouin dans notre bibliographie), visent à offrir un certain encadrement par la coopération entre les auteurs s’autoéditant et même les lecteurs. La collaboration entre les auteurs qui pratiquent l’autoédition permet à ces derniers un apprentissage collectif du milieu de l’autoédition. De plus, cette même collaboration permet d’assurer une certaine visibilité aux auteurs s’autoéditant. Ajoutez enfin les lecteurs à ce réseau coopératif en ce sens que ces derniers peuvent également pallier à l’absence de publicité traditionnelle. Nous pensons qu’une collaboration de ce genre, si elle est bien développée, peut constituer une piste de solution et fournir un certain encadrement pour les auteurs pratiquant l’autoédition.
Cependant, est-ce que cela permettra réellement à des auteurs talentueux de se démarquer de la masse? Est-ce suffisant? Nous ne le pensons malheureusement pas. À l’instar de ce que Marc mentionne dans son deuxième commentaire, nous croyons que malgré les différentes tentatives de coopération pour encadrer et donner une visibilité aux œuvres autoéditées, il demeure difficile pour un auteur qui opte pour l’autoédition de percer et de vivre de sa plume.
Le dernier point amené par Marc est très pertinent. La grande majorité des médias traditionnels boudent effectivement les œuvres autoéditées. Si ces publications ne sont pas signées Marie Laberge ou Stephen King, les médias traditionnels ne verront souvent pas la pertinence d’en parler ou n’auront jamais eu connaissance de la parution des dites œuvres. Peu importe la raison qui justifie la quasi-absence des œuvres autoéditées dans les critiques des médias traditionnels, il est évident que l’on accorde, encore aujourd’hui, une grande crédibilité à l’opinion véhiculée par les médias traditionnels. Reste à savoir si ce sont les médias traditionnels qui doivent évolués ou notre propension à leur concéder une autorité inébranlable.
Sarah-Kim et Catherine
L’autoédition semble être le terrain d’entente entre l’édition traditionnelle et l’entretient d’un blogue. Du moins, le blogueur comme l’auteur autoédité peut s’il le désir s’approprié toutes les étapes de la chaîne de production de son œuvre. Même que le numérique impose à l’auteur la réalité du web social.
Nécessairement, par souci de rejoindre le public visé, l’entretient du blogue semble faire partie intégrale du processus d’autoédition.
Tout comme Christian et Marc, je crois que l’idée que le terrain de l’autoédition devienne un terrain d’essai pour les éditeurs commerciaux est tout à fait juste. On peut voir cette dynamique dans plusieurs autres domaines : le secteur technologique, le secteur de la presse (blogueur), en relations publiques (gestionnaire de communauté), dans l’industrie de la musique, et même au niveau de la sécurité informatique (hackers).
Enfin, il semble avoir un vide à combler (ou un marché à exploiter, c’est selon), en l’absence de médias qui font la couverture d’œuvres autoéditées. Peut-être qu’une partie de la solution serait l’organisation d’un premier salon du livre autoédité avec ses propres vedettes, ou encore une revue littéraire spécialisée en autoédition. Un programme éducatif pourrait être mis sur pied autour de l’œuvre autoédité, au même titre que certains enseignants utilisent Twitter comme outil pédagogique.
Je suis certain que certains étudiants en littérature pourraient nous proposer une gamme complète de moyens palliant à ce manque d’implication de la part des médias traditionnels.