Qu’est-ce qu’un photographe professionnel ?

Pour la photographie comme pour de nombreuses autres disciplines, la distinction entre le professionnel et l’amateur se fait sur un critère : l’aspect lucratif ou non lucratif de l’activité. Ainsi, ce qui distingue le professionnel de l’amateur, c’est que le premier exerce son activité contre rémunération tandis que le second ne touche pas d’argent pour le travail qu’il effectue, ce travail étant souvent assimilé à une passion.

Mais n’existe-t-il aujourd’hui qu’une seule manière d’être photographe professionnel ? A en croire l’Union des Photographes Professionnels (UPP), il y aurait au moins 3 types de photographes professionnels : l’auteur-photographe (le créateur, proche de l’artiste), le journaliste (le photographe reporter) et l’artisan-commerçant (l’entrepreneur). Il s’agit donc de garder à l’esprit cette diversité et de voir que le numérique n’a pas nécessairement la même influence sur chacun de ces types de photographes.

La photographie en 2013, une photographie au coeur de la révolution numérique

Le terme de révolution numérique fait référence au bouleversement induit par l’arrivée des outils et technologies numériques dans nos vies. La photographie est un domaine qui a été réellement impacté par cette révolution numérique. Selon l’article de Sylvain Maresca et Dominique Sagot-Duvauroux, la révolution numérique en photographie se décline selon quatre dimensions : la numérisation des images professionnelles, la prise de vue avec des appareils numériques, la diffusion massive d’images à prix très bas dans des banques d’images et, plus récemment, le développement d’images en 3D.

Vers une transformation du métier de photographe : moins de prises de vue, plus d’activités annexes

La révolution numérique a notamment eu pour conséquence de forcer les professionnels à diversifier leur activité ; l’un des paradoxes du numérique est en effet d’avoir augmenté les coûts de production (matériel rapidement obsolète non rentabilisable) et diminué le prix de vente de la photo. Ainsi, il est devenu nécessaire de trouver d’autres moyens de gagner de l’argent, dérivés de la photographie : travail de post-traitement, indexation, édition, animation de stages et entreprenariat culturel.

Appliquer les droits d’auteur sur le Web : une nécessité et un défi

Comme dans d’autres domaines, à l’heure du numérique se pose la question des droits d’auteur et du respect de leur application sur le Web notamment. En effet, qu’il soit professionnel ou amateur, le photographe est considéré comme un auteur. Ses photographies, qui doivent tout de même avoir un caractère original, sont des oeuvres de l’esprit protégées par le code de la propriété intellectuelle (pilier de la singularité). Or, via notamment l'avènement du web 2.0, les photographies sont de plus en plus récupérées et diffusées sans égard pour le droit d’auteur, difficile à appliquer dans le contexte du numérique. En effet, contrairement aux photographies argentiques, les photographies numériques sont des biens non-rivaux, difficiles à supprimer, facilement multipliables et bien souvent le fichier original n’est pas conservé. Ce rapport du Ministère de la Culture et de la Communication, datant de 2010, affirme que le non-respect de ces droits entraîne une baisse de la rémunération des photographes professionnels et met en péril ce métier. D’autres règles plus adaptées doivent peut-être être envisagées pour mieux protéger garantir les droits des photographes et de leurs oeuvres à l’ère d’Internet et du numérique.  

Savoir-faire, créativité et numérique

Maintenir le savoir-faire technique des photographes via des formations adaptées est un des objectifs du Ministère de la Culture et de la Communication. En effet, l’augmentation du nombre de photographies diffusées sur le net peut être le signe d’une démocratisation de cet art mais aussi celui d’une banalisation de l’acte de photographier et des paramètres techniques qui l’entourent.

Néanmoins, des photographes ont décidé de faire de ce passage au numérique, parfois critique, une force. Comme si la fin annoncée d’une profession la poussait à se renouveler et à se dépasser dans la création pour se démarquer du travail des amateurs. C’est le propos de l’exposition “From here on…”, en 2011, qui montre des oeuvres photographiques composées de photographies trouvées sur le Web (piliers de la résonance et de la plasticité). Ainsi le photographe professionnel ne se limite plus uniquement au rôle de celui qui prend des photographies mais acquiert une nouvelle dimension proche de la fonction d’éditeur.

Finalement, il est encore possible aujourd’hui d’être photographe professionnel, malgré toutes ces difficultés. La question est de savoir aussi si cette profession pourra résister à l’avenir à d’autres avancées technologiques comme la photographie 3D par exemple.