Cela s’explique principalement parce que la télévision jouit d’une crédibilité en tant que média, parce qu’elle a su fidéliser un public qui intègre la télévision dans ses habitudes de vie et parce que la machine  publicitaire s’insère bien dans les rouages de son infrastructure. Des signes évidents montrent que les “nouvelles” plateformes Web de diffusion de contenu audiovisuel tendent à gruger l’écart. En effet, la multiplication de nouveaux canaux de diffusion des contenus vient accaparer un pourcentage non négligeable du « temps loisir » des usagers. Quelqu’un qui passe des heures à visionner du contenu sur YouTube, ne le passera évidemment pas à regarder la télévision. Chaque usager a une limite de « temps loisir » à consacrer dans une semaine et il le partagera à sa guise selon ses intérêts. On remarque que le temps passé sur le Web augmente considérablement depuis la dernière décennie. Des aspects qui jouent en faveur des nouvelles plateformes Web pour visionner du contenu audiovisuel sont la grande diversité du contenu et la possibilité d’interactivité avec celui-ci. En effet, autrefois, un individu avait un choix limité de contenus à regarder et était plutôt passif face à son écran de télévision. Aujourd’hui, il a une multitude de choix. L’usager est en mesure de se bâtir une programmation sur mesure et n’est plus tributaire de l’agenda télévisuel. La télévision 2.0 caractérisée par l’interactivité et le contenu généré par les usagers sont des aspects attrayants qui contribuent à faire migrer les usagers vers les nouvelles plateformes Web de diffusion.

Plateforme Web vs télévision, un modèle économique pas si différent ?

La raison première de la télévision est de faire de l’argent. L'industrie de la télévision obtient ses revenus via les annonceurs (publicités en ondes) et via les abonnements pour les chaînes spécialisées. Bref, si on transporte sur Internet la diffusion d'un contenu audiovisuel, la même stratégie économique semble effective, c'est-à-dire avec la présence de publicité (ex: YouTube) ou par des abonnements payants (ex: Netflix). Il y a cependant des stratégies qui peuvent être utilisées au niveau des plateformes Web qui ne peuvent pas l’être via la télévision, c’est-à-dire l’exploitation des traces laissées par les internautes. L’interactivité est un plus pour expérimenter un contenu audiovisuel sur le Web, mais en revanche, les données publiées par les internautes peuvent être reprises à des fins commerciales.

Les hommes politiques peuvent-ils se passer de la télévision ?

L’impact de la montée en popularité de nouvelles plateformes vidéo comme Youtube a plusieurs aspects : il  n’est pas seulement économique ou culturel, il est aussi, semble-t-il, politique. On se rappelle tous des élections américaines avec l’utilisation des médias sociaux par l’équipe de  Barack Obama. Une nouvelle ère s’annonçait… mais les démocrates s’appuyaient encore sur les médias traditionnels comme la télévision.

Or, en Italie, cette stratégie prend un nouveau tournant : avec un certain succès, le candidat populiste Beppe Grillo et son équipe font campagne en boycottant (pour reprendre le terme de l’article) la télévision. Bien que l’Italie connaisse de graves problèmes politiques et économiques, il s’agit d’une campagne électorale menée dans un pays important. L’Italie compte plus de 60 millions d’habitants, c’est une grande puissance européenne et sur le plan international, une puissance moyenne. La stratégie de Beppe Grillo soulève donc plusieurs questions. Une telle façon de faire serait-elle envisageable au Canada ? Au Québec ?

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Sources

YouTube vs. TV  http://www.huffingtonpost.com/cenk-uygur/you-tube-vs-tv_b_525005.html  (page consultée le 26 février 2013)

«La télévision, telle que la connaissons, est-elle morte ?», Université Paris Dauphine, http://www.sorbier.net/Memoire-la-television-est-elle-morte-%20BINET-GELINEAU.pdf (page consultée le 26 février 2013)

La campagne de Beppe Grillo en Italie : http://meta-media.fr/2013/02/25/beppe-grillo-tout-sauf-la-tele.html (page consultée le 26 février 2013)