Comme prévu, nous ouvrons donc à la session d'automne 2008 de la Maîtrise en sciences de l'information un cours en ligne sur l'économie de l'information : BLT655 Économie du document (ici). Il ne s'agit pas, malgré son nom d'un cours d'économie, mais bien d'un cours en sciences de l'information qui souligne la dimension économique de plus en plus prégnante dans le développement numérique du monde documentaire.
Au début de chaque semaine une nouvelle séance sera proposée. La première semaine est consacrée à la présentation générale, aux réglages techniques et aux contacts avec les étudiants. Le site du cours s'enrichira ainsi progressivement, semaine après semaine, jusqu'à Noël. Je n'annoncerai sur ce blogue que les deux prochaines mises en ligne. Un fil RSS permet de toutes façons de suivre l'actualité du cours. À partir de la fin octobre, par ailleurs, ce blogue accueillera les billets des étudiants inscrits au cours.
Ce fut un long chemin et ce lancement n'en est qu'une étape, une première version du cours, perfectible, qui j'espère s'améliorera avec le temps et les échanges qu'elle initiera à l'intérieur et à l'extérieur du groupe d'étudiants. Je suis content d'être arrivé à cette étape, car sans le cours ce blogue perdait beaucoup de sa raison d'être, et avec ce cours, les billets accumulées mois après mois reprennent sens. ils ont largement alimenté la préparation du cours et inversement ils sèmeront, du moins je l'espère, idées nouvelles, suggestions, doutes dans l'esprit curieux des étudiants. Inversement, les quelques internautes intéressés par le sujet trouveront dans le cours, s'ils ont la disponibilité pour le consulter, une grille de lecture pour ce blogue.
Je ne crois pas beaucoup à la pérennité d'un blogue autosuffisant. En cohérence avec le cours, je pense qu'il lui faut une économie qu'il ne peut trouver dans le simple plaisir du partage ou de la construction d'une reconnaissance ou d'une notoriété, du moins pour ce qui me concerne. Je ne crois pas non plus suffisant, au moins pour un universitaire, d'en rester à une simple information au travers d'un blogue ou d'une blogosphère ou encore des divers réseaux sociaux. Il est ironique d'ailleurs, mais tout à fait logique, de voir nombre de blogueurs célèbres publier des livres papier qu'ils promeuvent sans vergogne sur le vecteur numérique qui a construit leur notoriété, ou encore, principalement aux États-Unis, de voir les mêmes ou d'autres devenir des plumes ou des voix des médias traditionnels. Les documents ont un ordre qui s'inscrit dans leur différence de statut, même si la redocumentarisation actuelle bouscule les hiérarchies. Le cours est donc aussi l'occasion de retrouver un chemin dans ce qui est devenu, sans doute provisoirement, un labyrinthe documentaire. C'est aussi l'occasion de montrer, sans démagogie et avec modestie, que les universitaires ont leur place à prendre ou à retrouver et qu'il est important de tenter des expériences en ce sens.
Accessible en ligne, il comporte des ressources consultables. Les documents proposés ont trois statuts documentaires différents qu'il ne faut pas confondre, mais qui concourent tous les trois à la vitalité de l'ensemble, chacun à sa place. On peut prendre l'image d'un arbre pour les présenter :
- Une bibliographie, constituée de travaux académiques, de rapports et de travaux d'experts, est proposée en ligne avec accès direct aux textes. Ces documents volontairement peu nombreux ont été élaborés sur un temps long par divers auteurs sur divers sujets. Ils sont le résultat de travaux en profondeur. Ils ont souvent subi l'évaluation par les pairs et un processus éditorial de filtrage et de corrections. Ce sont les racines du cours, les bases solides sur lesquelles le cours peut se développer, mais ces racines ont des ramifications diverses, s'alimentent à des sources variées, filtrées, et si elles convergent pour alimenter le thème central du cours, elles couvrent différents sujets.
Thimoty Y. Hamilton
- Le cours proprement dit est présenté sous forme de diapositives commentées. Ce savoir-là a été organisé pour et concentré sur le thème précis à enseigner. Il développe progressivement ses différentes facettes. C'est directement à partir de ces éléments que l'étudiant pourra construire son raisonnement et son esprit critique. Nous sommes face à un corps de connaissances dense et homogène, lourd même qui s'enrichit au fur et à mesure des semaines selon une progression linéaire. Cette partie là forme, en quelque sorte, le tronc de l'arbre qui porte la sève et monte vers le ciel. C'est à partir de cette matière que l'étudiant organisera les travaux qui lui sont demandés.
- Le blogue, celui-ci et tous les liens vers le Web, envoient vers l'actualité du domaine, les évènements récents, les analyses, plus rapides et subjectives. Ces ressources sont essentielles, tant par les annonces dans un monde très changeant et labile qui bascule facilement, que par les points de vue qui orientent les décisions quotidiennes des acteurs. Il s'agit d'informations éphémères, multiples, hétérogènes, qu'il faut apprendre à trier, lire et décrypter. C'est comme les branches et les feuilles de l'arbre, fragiles et volatiles mais qui grâce à la lumière et la photosynthèse, alimentent et nourrissent son équilibre.
Il est utile de souligner à la fois la différence de statut de ces documents, car le Web a tendance à aplanir l'ordre documentaire, et la complémentarité de ces statuts pour acquérir les compétences et les savoirs dispensés. L'étudiant(e) devra différencier ses lectures, mais n'en négliger aucune. L'ensemble de ces ressources sera accessible en Creative Commons. Mais seuls les étudiant(e)s inscrits au cours auront accès aux travaux à réaliser et au forum d'échanges.
La difficulté est de réaliser un cours d'initiation qui permette néanmoins d'orienter les choix stratégiques pour de futurs responsables de service documentaire dans un environnement particulièrement fluctuant. Il faut donc faire comprendre les grandes logiques qui régissent les mouvements, rester vigilant sur les retournements ou imprévus et donner des outils d'analyse pour des situations concrètes. Ce souci explique le plan général du cours qui présentent d'abord les grandes logiques pour déboucher sur un outil d'aide à la décision. Mais le blogue et les dossiers à réaliser sont aussi là pour alerter sur les changements de l'actualité et pour impliquer les étudiant(e)s dans cette actualité.
Enfin, il me reste à remercier ceux qui m'ont aidé par leur appui ou leurs conseils à aboutir : mon université pour le (modeste mais bien réel) budget qu'elle m'a alloué, Vincent Audette-Chapdelaine, mon assistant, pour l'important travail de formatage, mise en page et en ligne et par avance pour l'encadrement des étudiants qu'il assurera avec moi, Lucie Carmel, responsable du laboratoire d'informatique, pour ses conseils toujours judicieux et Arnaud d'Alayer pour le suivi technique du blogue.