Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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vendredi 15 septembre 2006

Réouverture des commentaires

Voilà, j'ai réouvert les commentaires en espérant que les spammeurs fous se soient calmés. Mais comme je vais beaucoup me déplacer, la modération pourra prendre plus de temps que d'habitude.

N'hésitez pas pour autant à réagir, l'expérience montre la grande richesse des apports. Je profite donc du message pour remercier les commentateurs et m'excuser auprès de ceux que je ne retiens pas même quand ils sont sympathiques. Ce blog étant mon blocnotes personnel, je ne garde que les apports utiles, sans chercher ni le buzz, ni une place dans la blogosphère.

mercredi 13 septembre 2006

Livres sur le document numérique

La semaine du document numérique qui se tient à Fribourg la semaine prochaine est l’occasion de la sortie de deux livres. En avant-première, on peut en lire le chapitre introductif sur le site du RTP-DOC :

Document numérique et société, coordonné par Ghislaine Chartron et Évelyne Broudoux, ADBS-éditions

Le document à la lumière du numérique, Roger T. Pédauque, C&F Editions

Un troisième, complémentaire des deux premiers (résultats des ateliers et actions spécifiques du RTP-DOC par leurs responsables), devrait être publié courant octobre : La redocumentarisation du monde, Éditions Cépadues.

Bon nombre des textes de ces ouvrages sont déjà, ou seront prochainement, accessibles sur le site d'archives ouvertes ArchiveSic ou sur celui du RTP-DOC. Mais pour avoir suivi de très près l'élaboration de ceux qui constituent le deuxième livre et, maintenant, manipuler le codex qui les contient, je puis confirmer que l'expérience de lecture et, par conséquence, la connaissance que l'on en retire, sont bien différentes selon les supports. On a beau le savoir, c'est toujours une surprise.

dimanche 20 août 2006

Inventaire des mesures européennes affectant les médias

La Commission européenne a publié en juillet 2006 un inventaire des mesures prises par l'Union dans le secteur des médias, sous forme d'un tableau de 22 pages comprenant le service concerné, le statut du document, définitif ou non, la question traitée et le secteur concerné, le tout relié aux sources. Une mine.. qu'il reste à exploiter.

lundi 31 juillet 2006

Papier : terminal biodégradable ou biodégradant ?

Le Bulletin des bibliothèques de France a eu la très bonne idée de faire un dossier intitulé La permanence du papier, titre ambigu à la réflexion.

En réalité, le numérique a inversé le rôle du papier. C'était le lieu de la permanence, de la mémoire consignée. Aujourd'hui la mémoire est dans nos ordinateurs et la « sortie papier » sur l'imprimante est bien souvent destinée à finir rapidement à la corbeille, juste le temps d'une lecture confortable. Le papier est devenu un terminal biodégradable et sa consommation a explosé avec les ordinateurs.

Un article provocateur, titré Demain le choc ?, de Pierre-Marc de Biasi, grand connaisseur du sujet, montre l'impasse économique de cette tendance. L'argument est simple. La consommation de papier est parallèle à l'enrichissement des nations. Alors :

.. la Chine comptera 1,5 milliard d’individus vers 2015. À raison de 250 kg de papier par habitant, cela donnera une consommation annuelle de combien ? 375 millions de tonnes, soit un peu plus que la consommation totale de la planète aujourd’hui. Comme il est peu vraisemblable que le reste du monde change beaucoup ses habitudes, nous devons donc nous attendre au minimum à un doublement de la production du papier et si c’est le cas, n’en doutons pas, le choc écologique sera considérable.

Ajoutons que le processus de redocumentarisation en cours accroit encore l'explosion. Ainsi, l'encre électronique ou ses substituts ouvrant la voie à une lecture confortable sur support pérenne sont aussi nécessaires que les énergies renouvelables..

samedi 27 mai 2006

BNUE, Quaero : erreur de communication ou de casting ?

Ces derniers jours, les annonces, publications, manifestations se sont multipliés en France autour du projet de Bibliothèque numérique européenne (BNUE) et de son petit frère, le dit-moteur européen Quaero (pour les débuts de l'aventure, voir mon article). Cette accumulation, dont je ne relèverai ici qu'une petite partie, s'explique sans doute par de prochaines décisions de la Commission européenne sur le sujet. Extrait d'un communiqué de la Commission :

La Commission a l’intention de présenter une proposition de recommandation pour la mi-2006 afin de s’attaquer, en collaboration avec les États membres et le Parlement européen, aux obstacles à la numérisation et à l’accessibilité en ligne. Dans le courant de cette année, la Commission présentera aussi sa stratégie pour la création de bibliothèques numériques consacrées au contenu scientifique et universitaire. Avant la fin de l’année, une communication de la Commission sur le «contenu en ligne» traitera des questions plus vastes telles que la gestion des droits de propriété intellectuelle à l’ère numérique.

À lire les différentes interventions, il ressort d'abord que la communication autour de ces mouvements en France a été désastreuse et ensuite que les deux projets sont en fait complètement distincts et sans doute très différents de ce qu'on a pu dire.

Du côté de la BNUE "made in France", disons d'abord que JN Jeanneney, président de la BNF, propose un nouvel article dans Le Monde. Il prend date, sans doute, mais ne dit rien. Plus intéressant est le long, très long, article de Valérie Tesnière et Noémie Lesquins faisant le point sur la réflexion française. C'est sans doute une bonne synthèse pour ceux qui n'ont pas suivi la question. Personnellement, j'en retiens surtout deux leçons :

1) La volonté de poser tous les problèmes, dans toutes leurs dimensions, a le mérite de souligner leur complexité qui avait été quelque peu caricaturée auparavant. Mais elle est plus proche d'une logique administrative que d'une logique entrepreneuriale, qui suppose la prise de risque. Or le Web se nourrit d'expérimentations et de tâtonnements. Le défi pour les bibliothèques est d'assumer cette prise de risque, la BNF en est-elle capable ? Elle l'avait fait avec Gallica, les initiatives annoncées paraissent sages, trop sages pour emporter l'adhésion des internautes. On peut mettre en balance la récente mise à disposition par l'INA de 100.000 émissions, même pas citée dans l'article.

2) L'insistance martelée sur la différence entre une logique de stock, d'accumulation, qui serait celle de Google ou encore des partenaires de l'Open Content Alliance et la logique proposée par la BNF, de choix raisonné pour la numérisation, disons de collection. Ce thème, très souvent rappelé, presque comme un slogan, dans de nombreuses interventions sur le sujet me paraît présenté d'une façon réductrice. Sans doute les bibliothèques qui sont au service d'une communauté, grande ou petite, doivent mettre à sa disposition une collection raisonnée, c'est leur raison d'être. Mais il ne faut pas confondre le catalogue et le magasin. Dans le magasin, on gère un stock, en cataloguant on construit une collection. Autrement dit, le processus de numérisation est bien une constitution de stock que l'on a intérêt à partager, à mutualiser et `rendre interopérable, chaque structure se donnant les priorités qui lui semblent les plus pertinentes et, si possible, engageant un processus d'échelle industrielle. Par ailleurs, sur la base de ce stock, et à l'échelle du Web, il faut construire des collections et sans doute aussi les outils qui permettront de les rendre les plus pertinentes pour telle ou telle communauté que l'on doit desservir.

Par ailleurs, une récente table-ronde s'est tenue au Sénat français pour faire le point sur le projet Quaero, jusqu'ici présenté comme un volet complémentaire de la BNUE, le moteur permettant l'accès aux contenus en ligne. Un compte rendu est disponible ici. Didier Durand en profite pour réïtérer son scepticisme, chiffres à l'appui, sur le développement d'un moteur européen.

Mais la lecture du compte-rendu témoigne plus une communication désatreuse que d'une stratégie absurde. En réalité, Quaero apparaît plutôt comme le nom de code donné au soutien à toute une filière de R&D allant de la recherche multilingue jusqu'à la recherche sur les images en passant par la traduction automatique de l'écrit à l'oral. Pas grand chose à voir donc avec un moteur intégré sinon qu'Exalead est l'un des protagonistes. Dès lors, on peut se réjouir du soutien donné sur des thèmes en effet essentiels, on peut s'interroger sur le peu de transparence de ce processus qui a tout du "fait du prince" et pour juger les options choisies et les résultats, il faudra (encore) attendre de vraies données.

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