Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Recherche - redocumentarisation

mercredi 13 septembre 2006

Livres sur le document numérique

La semaine du document numérique qui se tient à Fribourg la semaine prochaine est l’occasion de la sortie de deux livres. En avant-première, on peut en lire le chapitre introductif sur le site du RTP-DOC :

Document numérique et société, coordonné par Ghislaine Chartron et Évelyne Broudoux, ADBS-éditions

Le document à la lumière du numérique, Roger T. Pédauque, C&F Editions

Un troisième, complémentaire des deux premiers (résultats des ateliers et actions spécifiques du RTP-DOC par leurs responsables), devrait être publié courant octobre : La redocumentarisation du monde, Éditions Cépadues.

Bon nombre des textes de ces ouvrages sont déjà, ou seront prochainement, accessibles sur le site d'archives ouvertes ArchiveSic ou sur celui du RTP-DOC. Mais pour avoir suivi de très près l'élaboration de ceux qui constituent le deuxième livre et, maintenant, manipuler le codex qui les contient, je puis confirmer que l'expérience de lecture et, par conséquence, la connaissance que l'on en retire, sont bien différentes selon les supports. On a beau le savoir, c'est toujours une surprise.

mardi 29 août 2006

Livre(s) : un pour tous, tous pour un

L'actualité rebondit autour de la numérisation des livres et de leur accès en ligne. Citons, parmi d'autres :

- l'annonce de la stratégie de la Communauté européenne sur une bibliothèque numérique (qui dépasse d'ailleurs l'écrit pour s'ouvrir à l'audiovisuel). Communiqué, rapport.

- une question qui commence à travailler les professionnels et experts du domaine, avec un prochain colloque pour des premières réponses : que faire avec un million de livres accessibles en ligne ? Et un très instructif article pour le comptage :

Roger C. Schonfeld, Brian F. Lavoie, Books without Boundaries: A Brief Tour of the System-wide Print Book Collection Journal of Electronic Publishing Summer 2006

- l'annonce par Google de la diffusion gratuite de livres du domaine public, numérisés à partir des fonds de bibliothèques et l'indignation d'O Erstzcheid.

Nous ouvrons sans doute le troisième chapitre de la redocumentarisation du livre, après celui des pionniers (à commencer par le projet Gutenberg et, en France, Gallica), puis celui de l'arrivée des projets industriels de numérisation et les polémiques qui l'ont accompagnée, nous abordons logiquement aujourd'hui l'interrogation sur les modes de diffusion et le positionnement des acteurs concernés.

Quelques remarques rapides sur ce chapitre qui s'écrit devant nous :

- il faut mettre en parallèle les développements de la stratégie de Google avec les propositions de la Communauté européenne qui à l'origine sont d'ailleurs une réaction à celle-là. De plus, on peut trouver dans l'histoire économique de la télévision des éléments pour décrypter l'actualité du livre numérisé. Les uns et les autres proposent en fait une nouvelle déclinaison de la distribution du livre, payée dans un cas par la publicité, dans l'autre par la puissance publique. Nous avons eu le même processus pour les films, passés dès ses débuts à la télévision privée (USA) ou publique (Europe). Pour le moment, nous n'en sommes qu'aux livres du domaine public, il est vraisemblable que pour les autres la question des droits d'auteurs se règlera progressivement avec un achat de droits de diffusion. Mais pour cela, il faut que la démonstration d'une rentabilité soit faite, que les structures et mentalités s'adaptent. Cela prendra du temps. De ce point de vue, les bibliothèques sont comparables à des télévisions locales. Sans doute, elles ont fait preuve de naïveté devant l'ogre Google, mais la question est plus de savoir si elles peuvent constituer un réseau national ou international public dans ce domaine que celle de leur légèreté pour construire une stratégie locale. Là aussi, même si elles ont une longue expérience de coopération et si des organismes comme OCLC montrent la voie, on peut penser qu'il faudra du temps.

- Un livre est et restera un objet individuel clos. C'est le principe même d'une information éditée. Sans doute, mettre en relation des millions de livres ouvre des perspectives inédites (le mot est approprié). Néanmoins, il ne faut pas confondre ces connections avec la constitution d'un seul texte qui représenterait le savoir de l'humanité. Cette remarque, alliée aux capacités de traitement de la langue, a d'importante conséquences : d'une part, celui qui détient des textes édités détient des textes validés ce qui est bien différent du tout venant du Web pour toutes sortes d'opérations (depuis la traduction, jusqu'aux services de question/réponse). Il y a là un trou béant aussi bien du côté juridique de la propriété intellectuelle qui ne protège pas l'exploitation de cette valeur ajoutée (peut-on interdire le traitement sur un livre acheté ?), que du côté économique (comment mesurer la valeur de cette validation ?). D'autre part, la notion de collections (d'objets individuels reliés par un ou plusieurs éléments communs) adaptées à tel ou tel besoin, à telle ou telle communauté garde toute sa pertinence, mais il s'agit de collections virtuelles dont la matérialisation se trouvent dans les métadonnées construites automatiquement et manuellement.

mercredi 02 août 2006

La redocumentarisation des éditeurs scientifiques

Dans le domaine de la publication scientifique traditionnelle, les revues, une récente enquête de l’ALPSP (résumé) ne laisse aucun doute sur l’ampleur de la redocumentarisation. Ses résultats principaux, tels qu’ils figurent dans la présentation méritent d’être cités in extenso :

« - Les éditeurs continuent à rendre accessible en ligne plus de contenus, 90% des revues sont maintenant en ligne contre 75% en 2003 (note JMS : l’échantillon comprend 174 éditeurs commerciaux ou non qui publient des revues de langue anglaise).

- Le nombre de revues continue de croître. 174 éditeurs ont lancé 1.048 nouvelles revues dans les cinq années précédant 2005, soit une moyenne de 6,02 titres par éditeur, pendant qu’ils fermaient 185 titres, moyenne 1,06 chacun.

- la disponibilité en ligne des numéros anciens a cru de 5 à 91% en 1991. De nombreux éditeurs ont numérisé leur collection depuis le premier numéro ; 47 offrent l’accès libre au contenu antérieur à 1990. La continuité de l’accès suivant l’antériorité de l’abonnement est proposée par environ 60%. L’accès aux numéros antérieurs est devenu une part du produit en ligne ; 63% des éditeurs le proposent aux abonnés sans coût supplémentaire.

- Environ un cinquième des éditeurs tente des expériences avec des revues en libre accès.

- La soumission d’articles et la révision par les pairs directement en ligne ont été largement adoptées ces cinq dernières années.

- Presque tous les éditeurs offrent plus de contenus à plus de lecteurs au travers de ventes groupées et/ou de contrats avec des consortiums (JMS : de bibliothèques) ; les calculs de tarifs varient considérablement ; et de nombreux petits éditeurs sont maintenant inclus dans des regroupements multi-éditeurs comme l’ ALPSP Learned Journals Collection.

- Tous les éditeurs ont maintenant élargi les droits d’usage aux lecteurs des bibliothèques (library friendly).

- Même si la plupart des éditeurs demandent aux auteurs de céder leurs droits. La proportion de ceux qui acceptent une licence pour publier a augmenté significativement ces deux dernières années. »

L’ampleur du changement se passe de commentaire. Pourtant, il ne représente qu’une part des transformations en cours, la part la plus traditionnelle, celle qui montre l’adaptation très rapide des acteurs anciens de la publication scientifique : les éditeurs (savants ou commerciaux) et leurs clients les bibliothèques. Bien de nouveaux acteurs sont venus bouleverser les conditions de la publication de la science, et les résultats précédents ne sont peut-être qu'une réaction défensive face à ceux-là : les scientifiques eux-mêmes d’abord par le mouvement du libre accès ou des archives ouvertes ont pris en main la diffusion directe de leurs travaux ; les promoteurs de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui le Web 2.0, mélange d’internautes éclairés et d’informaticiens militants ou entreprenants, qui construisent ou proposent collectivement un savoir partagé ; des industriels enfin, et tout particulièrement les responsables des moteurs de recherche dont le succès commercial tranche radicalement avec les déconvenues financières du Web pourtant toutes récentes.

lundi 31 juillet 2006

Papier : terminal biodégradable ou biodégradant ?

Le Bulletin des bibliothèques de France a eu la très bonne idée de faire un dossier intitulé La permanence du papier, titre ambigu à la réflexion.

En réalité, le numérique a inversé le rôle du papier. C'était le lieu de la permanence, de la mémoire consignée. Aujourd'hui la mémoire est dans nos ordinateurs et la « sortie papier » sur l'imprimante est bien souvent destinée à finir rapidement à la corbeille, juste le temps d'une lecture confortable. Le papier est devenu un terminal biodégradable et sa consommation a explosé avec les ordinateurs.

Un article provocateur, titré Demain le choc ?, de Pierre-Marc de Biasi, grand connaisseur du sujet, montre l'impasse économique de cette tendance. L'argument est simple. La consommation de papier est parallèle à l'enrichissement des nations. Alors :

.. la Chine comptera 1,5 milliard d’individus vers 2015. À raison de 250 kg de papier par habitant, cela donnera une consommation annuelle de combien ? 375 millions de tonnes, soit un peu plus que la consommation totale de la planète aujourd’hui. Comme il est peu vraisemblable que le reste du monde change beaucoup ses habitudes, nous devons donc nous attendre au minimum à un doublement de la production du papier et si c’est le cas, n’en doutons pas, le choc écologique sera considérable.

Ajoutons que le processus de redocumentarisation en cours accroit encore l'explosion. Ainsi, l'encre électronique ou ses substituts ouvrant la voie à une lecture confortable sur support pérenne sont aussi nécessaires que les énergies renouvelables..

lundi 01 mai 2006

La redocumentarisation de la vieille télé

L'institut national de l'audiovisuel, vient de proposer plus de 10.000 heures d'archives de la télévision publique française en ligne. 80% sont accessibles gratuitement.

Dès l'annonce, plusieurs millions d'internautes se sont précipités.. faisant exploser le site. On peut penser que l'affluence va se tasser et que les ingénieurs vont réparer rapidement. En attendant, on trouve une bonne présentation du service ici.

Autre symptôme de la transformation en cours dans l'audiovisuel, médiamétrie mesure l'audience de la Télévision numérique terreste, la TNT.

Le Figaro :

La TNT chahute les audiences et leur mesure, Paule Gonzalès, 28 avril 2006, (Rubrique Médias & Publicités)

Extrait : ''PROGRESSION. Au premier trimestre 2006, l'offre de la TNT concerne 6,1% des foyers français, selon Médiamétrie. (..) Comme pour le câble et le satellite, ce sont les chaînes jeunesse type Gulli et les minigénéralistes comme TMC ou NT1 qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Loin derrière elles, les chaînes d'info comme iTélé et BFMTV, champs de prédilection du téléspectateur zappeur. Absent remarqué du classement, le bloc des chaînes historiques et, parmi elles, France 5 et Arte qui inaugurent pourtant leur grille de 24 heures sur la TNT. Seule subsiste la part d'audience globale des chaînes hertziennes, soit 77% pour les individus vivant dans un foyer disposant de la TNT via un adaptateur.''

- page 12 de 13 -