Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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vendredi 12 mai 2006

Economie de l'Internet : la réussite de E-Bay

Médiamétrie vient de publier son baromètre trimestriel de l'audience des sites marchands français.

En résumé, tous les indicateurs sont à la hausse. Dans le le top 15 des sites de e-commerce les plus visités, on trouve #1 eBay, bien sûr, mais aussi les agences de voyages, les ventes par correspondance, les sites de discount et les ventes privées, et aussi, pour nous, les librairies et disquaires en ligne avec la FNAC (36% des internautes français l'ont consultée), Amazon (32%) et Alapage (21%). ''Le Figaro'' en propose sa lecture.

Extrait : "Il était temps. En 2005, l'e-commerce a dégagé un chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros en France, deux fois plus qu'en 2003. Ce montant représente seulement 3% du commerce de détail non alimentaire de l'Hexagone." E-commerce : des profits tout sauf virtuels, Valérie Collet, Le Figaro, 13 mai 2006,

On peut rapprocher cette vue du marché français de la présentation toute récente de la situation de eBay, #1 mondial du e-commerce et joueur de poids dans l'économie de l'Internet. par ses dirigeants à ses actionnaires : Analyst day de e-bay (Vidéo , rapport). Voici quelques éléments tirés du premier exposé, celui de son président J. Donahoe : 181 M de visiteurs uniques en 2005 (11M pour la France d'après Médiamétrie), 44,3 Mds$ de transactions dont 2,3 Mds de revenus pour eBay et dont 2,6 pour les livres, la musique et les films (le plus gros marché étant de loin "motors", tous les engins motorisés 13,6Mds, quasi absent semble-t-il en France, ou peut-être simplement non mesuré correctement ?). Un plan aggressif pour l'avenir, avec une arrivée sur le marché de la publicité et sur le paiement par clic. Un potentiel fort de croissance dans la mesure où le créneau de eBay est pour le moment principalement sur le début et la fin du cycle de vie des produits (C. Anderson dirait peut-être la longue traîne..) et que la maturité est encore à conquérir, de loin le plus gros des ventes. Enfin pour ceux qui croient encore que le Web 2.0 est un gadget de Geeks, je conseille la diapo 19..

Autre élément intéressant pour nous, l'analyse de Skype qu'en tire D. Durand dans trois billets et tout particulièrement son idée de "création destructrice" schumpéterrienne. L'innovation casse des marchés traditionnels en les déplaçant. Il donne l'exemple du téléphone ou des petites annonces, mais la discussion autour de la DAVSI et de la licence globale par ex relève d'un même raisonnement.

Et encore la bataille entre eBay et Google pour le marché de la pub : Google and eBay in Ad Industry Shoot-Out

mardi 09 mai 2006

DAVSI : copyright et droit d'auteur

Un intéressant article dans Libération d’aujourd’hui sur la comparaison entre les logiques du copyright (US) et du droit d’auteur (FR) et leur conséquence sur la DAVSI :

Outre son absurdité, l'interdiction du téléchargement va à l'encontre de l'intérêt général.

Intérêts de l'investisseur contre droit d'auteur

par Philippe GAUDRAT jeudi 04 mai 2006

Mais, même si je ne suis pas juriste contrairement à l’auteur, je crois qu’il se trompe en interprétant le droit américain comme le droit de l’investisseur. Il s’agit du droit du diffuseur ce qui est bien différent. Les deux logiques, française et américaine, ont leur justification, il s’agit d’un côté du droit de la création, de l’autre celui de la publicisation. L’un et l’autre défendent l’intérêt général, mais parfois de façon antagonique. Par contre, l’un et l’autre droits font aussi l’objet d’une confiscation par des acteurs économiques puissants et intéressés.

J’avais présenté ce point de vue avec A. Marter, avocat, il y a quelques années déjà, dans un article du BBF :

BBF 1998 - Paris, t. 43, n° 3

Alain Marter Jean-Michel Salaün

Propriété intellectuelle et bibliothèques françaises

Leçons américaines et opportunités européennes

lundi 08 mai 2006

Loi de puissance et participation..

Décidément, les lois de puissance sont à la mode. Mais elles sont souvent utilisées de manière métaphorique, sans réelle vérification statistique, ni mathématique. Cela est utile pour s'éclaircir les idées, mais peut devenir dangereux si l'on prend pour acquis le résultat et que l'on reconstruit ensuite le monde à partir de la métaphore.

Ainsi, Ross Mayfield propose une courbe représentant l'échelle des participations dans un groupe communicant, depuis les très nombreux lecteurs passifs, jusqu'aux quelques contributeurs très actifs en passant par toute une série d'intermédiaires. Tout le portrait de Roger ;-)). Par l'expérience on sent bien une réalité, les commentaires donnent des exemples pris dans le monde les logiciels libres par exemple.

Mais il n'y a là aucune validation empirique. En fait quoi de neuf depuis les bons vieux résultats de la sociologie américaine des médias comme le two-step flow of communication ou encore le rôle des gatekeepers de Lazarfeld (1948) et Kast (1957), eux validés par enquêtes, même s'ils ont fait l'objet de bien des contestations ?

Absolument tout sur le Fair use

Grâce à Andrew Raff qui a pris des notes au colloque de l'Université de New York, intitulé ''Comedies of Fair Use '', nous savons tout sur cette doctrine, particulière au droit anglo-saxon mais décisive pour les évolutions à venir sur l'équilibre entre propriété intellectuelle et domaine public : le programme du colloque, l'intervention de L. Lessig, celles des autres orateurs, table ronde, etc (2, 3, 4, ce qui doit être fait )et les réflexions d'A. Raff

En prime, le cours complet de Stanford sur le sujet.

dimanche 07 mai 2006

Livre en réseau

Ben Vershbow propose cette définition pour un livre en réseau (networked book) : "Un livre en réseau est un livre ouvert conçu pour être écrit, édité et lu dans un réseau" (a networked book is an open book designed to be written, edited and read in a networked environment). C'est une définition un peu tautologique.

Son billet a le mérite de pointer un phénomène de plus en plus courant. Il signale d'ailleurs de nombreuses réalisations récentes de livres, au sens classique, écrits en interaction avec les internautes sur le réseau.

Mais en ne pointant que des documentaires (bien souvent mis en abîme avec leur sujet, le cyberspace), il oublie néanmoins, à mon avis, toute la tradition de fiction interactive, celle de la poésie ou encore du jeu.

Dans une perspective plus large intégrant les réflexions sur l'intertextualité, ne peut-on pas considérer qu'un livre est un document stabilisé, ou un noeud de réseau intellectuel ? Les exemples donnés par BV sont des livres en devenir ou en modification ou en enrichissement, donc des livres têtes de réseau, plutôt que des livres "en réseau" (networked). Christian Vandendorpe pourrait sûrement nous éclairer.. ;-)

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