J'ai déjà eu l'occasion de présenter sur ce blogue (ex) ou dans le cours la configuration en cinq modèles industriels.

Suite à l'explicitation des trois modèles de base de l'économie du document (édition, bibliothèque et spectacle), paru dans (Documentaliste 48/3, Cairn, AO Ebsi), voici une actualisation du tableau sur l'industrialisation de la mémoire par le web qui paraitra dans le prochain livre. Le web apparaît à la fois comme une colonne, un média avec sa logique empruntée à la télévision et à la bibliothèque, et comme une ligne, un méta-média, modifiant l'espace temps des médias traditionnels.

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(Pour les yeux de Bertrand, voici donc une version du tableau que j'espère plus lisible. J'en ai profité pour rajouter une ligne plus prospective sur le webmobile, qui fait référence à la spécialisation des terminaux mobiles, voir ici)

En passant d’une colonne à l’autre, les modèles industriels forment bien une continuité par la relation économique, temporelle et spatiale qu’ils entretiennent avec le lecteur. Mais les modèles se distinguent aussi les uns des autres par des ruptures représentées par les lignes verticales qui séparent les modèles, soit, de gauche à droite : ouverture d’un nouveau marché par la presse, inconnu dans l’édition (annonceurs) ; passage au signal pour la radiotélévision alors que l’on gérait encore des objets matériels dans la presse ; inversion du flux avec le Web où l’internaute est aux commandes ; retour aux objets dans la bibliothèque ; et enfin, pour boucler le tableau entre la dernière colonne de droite et la première de gauche, réinversion du flux entre la bibliothèque et l’édition. Ces ruptures impliquent que chaque modèle a aussi développé des savoir-faire originaux, différents des autres, et expliquent leur autonomie et leur stabilité. Chacun a développé une économie propre.

Mais le numérique et le Web ont aussi ouvert des opportunités nouvelles à chacun des modèles par la réingénierie documentaire. Celles-ci sont notées sur la dernière ligne. Ces opportunités sont différentes et spécifiques à chaque modèle, car le Web rencontre chaque fois les logiques particulières qu’il devra adapter. Ainsi, le Web est à la fois l’occasion de bâtir un modèle nouveau qui s’insère entre les anciens et celle de renouveler ces derniers. Ce double mouvement alimente son dynamisme et est aussi la source de bien des malentendus, puisque le Web est à la fois une plateforme ouverte au développement de chacun et l’occasion de l’arrivée d’un nouveau modèle concurrent.