Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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mardi 12 juin 2007

Postes à l'EBSI

Actu du 14 juin 2007 : les postes sont affichés sur le site de la Faculté des Arts et des Sciences de l'Université de Montréal.

Deux postes de professeur(e)s-adjoints devraient être prochainement affichés sur le site l'EBSI sur les profils suivants :

  1. Enseignement aux trois (3) cycles, recherche et encadrement d’étudiants en recherche et diffusion de l’information (imprimée et numérique), incluant un ou plusieurs des domaines suivants : référence, sources et ressources d’information (générales et spécialisées), outils de recherche, besoins d’information et comportements informationnels, formation à l’utilisation de l’information.
  2. Enseignement aux trois (3) cycles, recherche et encadrement d’étudiants en sciences de l’information, en particulier dans les domaines liés à la gestion de l’information ou l’utilisation de l’information dans les organisations. La professeure ou le professeur sera aussi responsable du projet pilote de coopération avec la Haute École en Gestion de Genève/Information Documentaire pour une formation internationale de deuxième cycle en gestion des institutions documentaires.

EXIGENCES: Doctorat (Ph.D.) en sciences de l’information ou dans une discipline connexe. Aptitudes démontrées pour l’enseignement et pour la recherche. Excellente connaissance du français. Pour le second : Une expérience en gestion de programme d’enseignement sera un atout.

Attention, je devance de quelques jours une décision probable mais pas certaine, car je passe prochainement en France et s'il y a des candidats de l'Hexagone intéressés, il est préférable de prendre rdv un peu à l'avance. Je serai à Lyon pour un séminaire à l'ENSSIB le 27 juin et le 28 au matin, à Paris pour un autre au CNAM le 29 juin et encore à Grenoble le 30 dans la journée. Il sera possible de trouver un petit moment pour discuter avec les intéressés éventuels. Ceux-ci peuvent m'envoyer un courriel ou laisser un commentaire sur ce billet, que je ne modérerai pas bien sûr ;-). Ceci avant le milieu de la semaine prochaine..

lundi 11 juin 2007

Marché publicitaire et modèle de Web-média

Le rapport de IAB sur les revenus de la publicité sur Internet en 2006 pour les USA est paru. Pour ce blog maintenant que nous avons avancé dans la compréhension du Web-média, le tout peut être résumé par quatre graphiques.

Les commentateurs ont surtout retenu la montée globale de ce marché, il est vrai spectaculaire, mise en perspective.

Malgré cette croissance radicale. Le rapport de force interne à l'industrie n'a pas vraiment évolué. Les 10 premiers font toujours 70% des revenus. Cette répartition montre que la structure du marché est stable. Un modèle parait bien se conforter.

La répartition entre des revenus issus d'une publicité traditionnelle, celle que l'on trouve dans les médias (22+7= 29%), une publicité issue de la recherche (40%) et la vente ou les petites annonces (8+18 = 26%) est aussi parlante. Il s'agit, grosso-modo, de la répartition entre la déclinaison des médias traditionnels sur le Web, la montée de ce que j'ai appelé le Web-média et l'organisation des Web-services. Ainsi sur le Web, les médias traditionnels ont perdu un marché (les petites annonces qui se sont autonomisées) et trouvé un concurrent : le Web-média. Dit autrement, la valeur d'attention s'est en partie déplacée vers l'aval. Les médias traditionnels pré-sélectionnent un contenu pour leur public dont ils captent ainsi une attention qu'ils peuvent revendre. Le Web-média proposent à son public de sélectionner lui-même un contenu, l'attention est captée en aval au moment de la recherche. Cette logique déjà développée dans plusieurs billets est ici confirmée par le marché.

La différence entre les deux logiques se traduit aussi par une différence entre les modes de vente de l'attention : coût par mille selon la logique traditionnelle, coût par clic ou par action selon celle du Web-média ou du Web-service.

Nous assistons bien à l'émergence du Web-média. CQFD..

vendredi 08 juin 2007

Livres numérisés : vers une économie mixte

Les signatures de Google avec des bibliothèques pour la numérisation de livres se poursuivent à grande vitesse dans le cadre du programme Google Book Search. La dernière annoncée marque un changement d'échelle puisqu'il s'agit d'un consortium de douze universités de recherche du Middle-West des US.

Ainsi il me semble maintenant que la messe est dite et que le Web-média, au moins pour la partie livres numérisés, s'organise dans un partenariat privé-public, avec d'un côté quelques très gros joueurs (presque exclusivement Google et Microsoft, et sur un registre différent Amazon) et, de l'autre, un grand nombre de grosses bibliothèques agissant plutôt en ordre dispersé. Reste à connaitre les engagements et responsabilités des uns et des autres.

Cette nouvelle a inspiré une série de réflexions, proches de ce point de vue, au très compétent responsable de la recherche d'OCLC Lorcan Dempsey qu'il a consigné dans un billet au titre révélateur : Systemic change: CIC and Google. J'en ai traduit cet extrait.

Pour moi, l'annonce du CIC déplace la discussion sur la numérisation de masse à un autre niveau. Le partenariat de Google avec les bibliothèques a paru une initiative intéressante. Mais il est maintenant probable que nous allons vers un changement systémique dans la façon de nous engager sur certaines catégories de matériaux. Cela à son tour a pour conséquence de nous obliger à réfléchir à la façon dont les ressources de la bibliothèque sont organisées globalement. Cela concerne notamment :

  • Trouvaille, découverte, fourniture. Cette initiative met en valeur le changement de dynamique de la découverte et de la fourniture dans un environnement réticulaire. Comme les gens ont une expérience de découverte plus riche, il devient plus important pour les bibliothèques de révéler dans ces environnement ce dont elles disposent et d'offrir des services complets intégrés. Une bibliothèque voudra qu'un utilisateur de Google Book Search connaisse ce qui est disponible dans sa propre institution. Bien sûr, Google fait actuellement le lien vers la bibliothèque, mais il doit devenir plus intuitif.
  • Collection commune. À mesure que le nombre de matériaux numérisés augmente, une réflexion plus forte doit être menée sur une approche collective de la gestion des collections : depuis l'accès, le développement, la gestion de l'inventaire et la conservation future. On le repère déjà dans les discussions qui s'amorcent sur les entrepôt extérieurs au site ou encore l'utilisation des espaces de la bibliothèque. Dans les prochaines années, je crois que nous aurons des initiatives collectives importantes dans ces directions.
  • Droit d'auteur, copyright. Ces questions sont bien connues et discutées. Pour les bibliothèques, et d'autres aussi, il est important de pouvoir repérer effectivement le statut de la propriété intellectuelle d'un objet aux différentes étapes de son cycle de vie. Nous ne pouvons encore le faire, pas efficacement, et certainement pas de façon automatisée et rendu accessible à partir d'une base de données interrogeable facilement pour une vérification. Plusieurs initiatives sont en cours, parmi elles celle d'OCLC qui explore la faisabilité d'un registre de droits.
  • Gestion des connaissances. Les bibliothèques, les centres d'archive, les musées et bien d'autres font d'important investissements dans la structuration des données sous forme de taxonomies, liste d'autorité, etc. La valeur de ces ressources doit être exploitée sur le Web. Tandis que Google affine son approche sur le texte, ou que d'autres sont capables de lancer des calculs sur les ressources, il y a alors une occasion intéressante de voir comment celles-ci pourraient être utilisées pour repérer les identités (nom de personnes, de lieux, etc.) dans une grosse masse de textes et comment ces outils pourraient eux-mêmes être améliorés par ces processus.
  • Conservation. Les bibliothèques et les organisations comparables ont exercé collectivement une responsabilité vis à vis des documents scientifiques et culturels. Elles ont préservé les matériaux rares. Elles ont aussi géré un large éventail de produits publiés. Et pour la plupart avec des conséquences négligeables sur le circuit de distribution des documents imprimés. Un grand nombre de copies ont préservé l'ensemble. Bien sûr, le numérique change aussi cette dynamique. Nous devons donc aussi réfléchir à la conservation des copies numériques produites. Mais cela souligne aussi des questions sur la gestion publique des documents imprimés et sur la dispersion des responsabilités dans ce domaine. Et des problèmes intéressants surgissent aussi sur la qualité, la couverture, la spécificité, etc. que nous attendons de la numérisation des imprimés, qui devraient nous occuper encore quelques temps.

mardi 05 juin 2007

Formation : Bologne ou Montréal-Genève

Actu : les diapos et textes de la conférences sont accessibles ici

J'ai eu l'occasion d'animer, il y a quelques temps, une table ronde internationale au Congrès de la Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec intitulée : Les nouvelles formations aux professions documentaires en Europe : une chance pour la mobilité professionnelle et la coopération avec l’Amérique du Nord ?

Le tableau brossé par les premiers intervenants soulignait l'ampleur, l'importance, mais aussi la complexité du processus d'harmonisation européenne dans l'enseignement supérieur, dit processus de Bologne, accord signé en 1998 entre 40 pays européens. L'objectif est de proposer, d'ici 2010, une formation sur une base commune très comparable à celle de l'Amérique du nord, même si le vocabulaire diffère. Le « baccalauréat » québécois, s'appelle licence en France, bachelor en Suisse et dans de nombreux pays européens. La maîtrise québécoise se nomme presque partout master. Un crédit nord-américain est équivalent à 1,5 ECTS (European Credits Transfer System). Le processus touche toutes les disciplines, donc aussi les sciences de l'information.

Hans-Christoph Hobohm, professeur de bibliothéconomie à l'Université des Sciences Appliquées de Potsdam en Allemagne, a présenté des initiatives transversales comme la deuxième édition du guide des compétences et aptitudes des professionnels européens de l'information-documentation (Euroréférentiel 1 et 2) ou encore la synthèse de la réflexion de plus de 150 professeurs sur les programmes de formation réalisée en 2005 à l'École royale de bibliothéconomie et sciences de l'information du Danemark. Anna-Maria Tammaro, professeur à l'Université de Parme en Italie, a rendu compte des résultats d'une enquête sur les types d'évaluations des formations en cours en Europe. Une multitude de systèmes et d'indicateurs sont engagés de façon très variable selon les pays.

L'effort est important et les transformations rapides. Mais si l'on écoute le collègue allemand sur la situation dans son pays, ou encore Anne-Marie Bertrand, directrice de l'Enssib à Lyon en France, il semble que les conséquences pratiques soient, pour l'instant, surtout internes à chaque pays soulignant les particularismes et rigidités et favorisant sans doute leur effacement à terme.

Yolande Estermann de la Haute École de Gestion de Genève a présenté à la fin de la séance le projet de formation conjointe avec l'EBSI. Il a paru que la collaboration transatlantique était paradoxalement plus simple, ou peut-être est-ce la collaboration entre la Suisse et le Québec qui est plus naturelle.

Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un programme élaboré conjointement par les deux établissements, mais chacun garde sa propre logique. Les étudiants inscrits à l'EBSI auront une « Maîtrise en sciences de l'information, orientation internationale en gestion des institutions documentaires », ceux inscrits à HEG auront un « Consecutive Master ». Le programme pourrait démarrer en 2008 si toutes les autorisations sont obtenues.

Une année sera réalisée à Montréal, la seconde à Genève selon un processus d'échanges d'étudiants. Le schéma des deux années, nécessairement asymétrique est le suivant :

lundi 04 juin 2007

Concentration de l'édition scientifique

Marie D. Martel me signale que Reed Elsevier vient d'annoncer qu'il se retire de son activité d'organisation de salon pour l'industrie de l'armement (communiqué). Cette demande était formulée par des scientifiques et par nombre de ses employés.

Extraits :

We have listened closely to these concerns and we have concluded that the long term interests of Reed Elsevier as a leading publisher of science, medical, legal and business content would be best served by withdrawing from defence exhibitions.

Il faut sans doute saluer cette décision et on pourrait rappeler à d'autres éditeurs que le mélange des genres n'est pas vraiment très souhaitable. Elle montre aussi la volonté de Reed Elsevier de concentrer ses forces sur l'édition scientifique.

De plus, trois des principaux éditeurs scientifiques, Reed-Elsevier, Wolter-Kluwer et Thomson, ont revendu récemment leur activité dans l'éducation. Ces ventes s'accompagnent chaque fois de l'annonce de bons résultats financiers. Elles ne sont donc pas la marque d'un repli, mais plutôt d'une volonté de concentrer leurs efforts sur un secteur considéré comme rentable.

Ces décisions contredisent l'analyse d'un expert de la BNP-Paribas qui avait suggéré en 2003 que le secteur éducation était plus profitable car moins menacé par une perte de contrôle du fait du développement du libre accès dans la science. Mais c'était, il est vrai, avant l'explosion de Wikipédia dans l'économie de la cognition. Et, malgré les efforts des militants du libre accès, les pratiques des chercheurs privilégient toujours largement l'édition commerciale.

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