Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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samedi 31 mars 2007

Gouvernance de l'Internet : US/Chine, Documents/Objets

À lire absolument un entretien (avec qui ? je ne sais cela n'est pas indiqué dans la version en ligne !) très clair, précis et percutant, sur les enjeux politiques et commerciaux de la gouvernance d'Internet publié dans le Monde. Il souligne en particulier les divergences entre les US et la Chine ou entre l'internet traditionel et celui des objets :

Qui contrôlera demain Internet ? LE MONDE | 31.03.07 | 13h55 Propos recueillis par Stéphane Foucart

Extraits :

La Chine a essayé à plusieurs reprises, de s'éloigner des standards techniques de l'Internet. Ces tentatives auraient pu aboutir à la fragmentation ou à la balkanisation du réseau, c'est-à-dire la formation d'"îlots" peu connectés entre eux. Mais la Chine peut-elle encore se permettre de créer un Réseau incompatible avec le reste du monde ? Elle a besoin des innovations de l'Ouest pour alimenter une croissance qui est devenue cruciale pour la survie politique du régime. Si l'Iran a décidé récemment de réduire le débit des accès Internet de ses citoyens afin de freiner les échanges avec l'Occident, de telles mesures ne pourraient plus être adoptées en Chine. (..)

Si le premier milliard d'internautes s'est connecté au Réseau par le biais des ordinateurs, le deuxième milliard sera connecté à Internet par le biais de toutes sortes d'objets, qu'il s'agisse des produits alimentaires, des vêtements ou des livres... à mesure que les codes-barres présents sur les objets manufacturés seront remplacés par des puces sans contact (ou puces RFID, comme la puce qui équipe la carte Navigo des Franciliens).

Le consortium mondial de gestion des codes-barres, EPC Global, a choisi un système qui permettra à terme de stocker sur Internet toutes les informations relatives à la vie de ces objets (lieu de fabrication, acheminement, contrôles effectués, etc.). Ce changement vers un "Internet des objets" sera effectué pour des raisons logistiques, d'économie et de traçabilité. Cela générera d'importantes économies pour les distributeurs. (..)

En effet, s'il devient possible de connaître les mouvements de tous les objets et personnes sur l'ensemble de la planète, le gouvernement qui contrôlera ce système détiendra un pouvoir qu'aucun gouvernement n'a jusqu'ici rêvé de posséder.

Réflexions d'escalier le 01-04-2007 :

1) Le vieux débat du NOMIC (Nouvel Ordre Mondial de l'Information et de la Communication) est réactivé sur le Web. Il se décline différemment puisque le réseau des réseaux se joue des frontières, mais il est toujours aussi ambigu entre d'une part une tentation très forte des États pour contrôler la circulation des messages et, de l'autre, une dynamique de marché qui favorise certains joueurs. Au moment où la convention sur la diversité culturelle est entrée en vigueur, il serait utile de mieux tirer les leçons des batailles antérieures. On trouvera une bonne introduction sur cette question dans : Alegre Alan, O'Siochru Sean, Droits de la communication, in Enjeux de mots, C&F Éditions, 2005.

2) La montée de l'Internet des objets risque de séparer plus radicalement l'utilisation du réseau en une partie gestion de service et une partie Web-média dont j'essaie de souligner les contours, billet après billet dans ce blog.

Actu du 4 avril : Donc il s'agit de Bernard Benhamou. Pour plus de précisions voir les commentaires ;-)

vendredi 30 mars 2007

Économies de Wikipédia : cognition, attention, don

Le succès de Wikipédia auprès des internautes ne faiblit pas. Après être entrée selon Comscore dans le top 10 des sites les plus visités aux US en janvier, elle confirme sa position en février (milliers de visiteurs uniques) :

On retrouve les mêmes résultats au Royaume-Uni (10e) ou en France (8e). Ce succès est d'autant plus remarquable que, si l'on balaye les 50 premiers sites US de janvier, Wikipédia tient une place à part. Les autres sites appartiennent tous à une ou plusieurs des catégories suivantes : e-commerce, médias traditionnels, industrie des services informatiques, nouveaux acteurs commerciaux du Web 2.0.

Du point de vue économique, Wikipédia, ou sa maison mère Wikimédia, sont rétives à l'analyse.

Si l'on s'en tient à sa forme et son usage, on peut l'assimiler à une organisation documentaire, mariage de l'édition d'encyclopédie et de la mutualisation bibliothéconomique. Elle s'insère alors dans une économie globale de la cognition dont les piliers sont, dans nos sociétés, l'école et l'université. Mais elle s'est construite en dehors, parfois contre, ces institutions et son organisation du travail n'est pas en phase avec celles-là.

De nombreux observateurs en font une figure emblématique du "Web 2.0". Mais si l'économie du dit "Web 2.0" n'est pas stabilisée, elle s'oriente de plus en plus vers une économie de l'attention, variante de la publicité dans les médias traditionnels qui vise à valoriser la captation de l'internaute en favorisant une activité commerciale extérieure, ce que refuse Wikipédia et qui conduirait sans doute à des contradictions difficiles à gérer vis-à-vis de ses contributeurs.

Du côté des transactions, son activité s'apparente à une organisation non-gouvernementale (ONG). Elle en a bien des caractéristiques et pourtant sa vocation non-caritative est sensiblement différente de celle de ses consoeurs.

Mon hypothèse est que Wikipédia a trouvé un équilibre, pour le moment d'une stabilité remarquable, entre ces trois dimensions de son économie : la cognition, l'attention et le don. Je voudrais ici l'étayer par quelques arguments que l'on prendra seulement comme des pistes destinées à alimenter réflexions et discussions. L'ensemble sera étalé sur quatre billets successifs (quatre en comptant celui-ci) qui traiteront de Wikipédia et :

Une fois ces billets publiés, je reviendrai à celui-ci pour faire la synthèse et conclure. Ce billet sera donc actualisé dans quelques jours.

dimanche 25 mars 2007

L’avenir de la bibliothèque est-elle dans le Web 2.0 ?

Ce billet a été rédigé par Sabiha Bejaoui et Sahar Mofidi, étudiantes de l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information dans le cadre du cours sur l'économie du document.

Le web 2.0 représente une modification profonde de l’environnement Internet et de la vie quotidienne. Comme le dit Pascal Krajewski : « Ainsi la réalité devient le web et le web devient le web 2.0 ». Le web 2.0 n’a pas encore trouvé une définition précise sur laquelle tous les auteurs se seraient mis d’accord. Certains le voient comme un phénomène et d’autres comme une philosophie ou une idéologie. Malgré cela, tous les auteurs s’entendent sur les principes et les outils du web 2.0. Les principes du web 2.0 stipulent que le surfeur consommateur et passif du web 1.0 devient contributeur, actif et producteur. Cela demande une implication plus forte de la part de l’usager qui va utiliser de différents outils tels que les fils RSS, les Blogues et les Tags.

Les outils 2.0 ont engendré de nouvelles façons de gérer l'information et de nouveaux concepts comme « Social Network », « Social Bookmark », «Customisation », « Sérendipité », « Folksonomie », etc.

Parmi les acteurs de ce phénomène 2.0 on trouve : Wikipédia, Flickr, Myspace, YouTube, Diigo, et bien d’autres sans que l'on puisse savoir quel sera la limite de cette liste.

La bibliothèque ne peut pas ignorer cette insistante technologie 2.0. Le qualificatif « 2.0 » a touché la bibliothèque et le bibliothécaire ou ses outils comme l'OPAC comme il a touché la culture et la science, l’OPAC. Le terme « bibliothèque 2.0» recouvre différentes définitions. Les points de recoupements de ces différentes définitions sont :

  1. L’utilisation des technologies 2.0 : outils du Web 2.0.
  2. L’approche participative et social : orientation vers une communauté fort active.

Nous pouvons dire alors que la bibliothèque 2.0 = le web 2.0 + la bibliothèque.

Les nombreux expériences et projets d’intégration de technologies du web 2.0 dans les bibliothèques montrent qu’il s’agit d’un outil parmi d’autres qui lui permet de réaliser ses objectifs, son orientation, sa mission et ses stratégies. Chaque bibliothèque doit s’adjoindre les technologies du web 2.0 qui lui conviennent et s’adaptent à son contexte. Ainsi, elle doit sélectionner les outils 2.0 en fonction de sa communauté, de l’approche qu’elle envisage pour atteindre ses objectifs et de ses ressources. Par exemple, une bibliothèque publique qui vise augmenter la fréquentation des jeunes, ceux qui l’ont abandonné au profit du Web, peut avoir recours aux Blogues, à MySpace ou au Tagging. Plusieurs autres exemples sont cités dans Library Garden et Bibliobsession propose des stratégies ou des façons de faire « vers des bibliothèques 2.0 ».

Cependant, nous voudrions attirer l'attention sur quelques avantages et inconvénients des bibliothèque 2.0 ou de l’intégration du web 2.0 dans les bibliothèques.

Les avantages sont de faire le marketing pour la bibliothèque, utiliser cette technologie générer de la valeur ajoutée, enrichir la collection de la bibliothèque et peut-être diminuer les coûts de développement de la collection.

Pour les inconvénients, nous pouvons parler des difficultés à surmonter pour conserver la qualité des services de la bibliothèque. La tendance web 2.0, malgré son étendue et sa tentation, est difficile à contrôler (Esclavage 2.0). C’est pour cela que nous entendons plutôt parler d’utiliser cette technologie pour la servuction (La création des services de la bibliothèque avec une forte implication du client placé au cœur de la présentation) et pas encore dans la partie construction (développement de la collection).

Regarder la télévision sur son téléphone

L'Atelier propose une série de reportages sur l'Asie.

Un de ceux-là concerne la télévision reçue sur le téléphone cellulaire. Celle-ci s'est imposée très rapidement en Corée du Sud. Extraits du billet :

Le succès a été immédiat : un million d’abonnés en seulement vingt mois pour accéder à ce nouveau service qui, et cela doit être souligné, est payant ! (..)

L’investissement est en effet considérable : 500 millions d’euros ont été injectés par les actionnaires pour mettre en place le système de diffusion (satellite et relais terrestres) auxquels s’ajouteront bientôt 73 millions d’euros pour développer davantage encore le service.

Les revenus sont pour 99% générés par les abonnés. Il faut compter environ 20 dollars pour ouvrir un compte et 11 dollars/mois d’abonnement. Des programmes au Pay Per View sont également disponibles pour environ 2 dollars. TU Média perçoit directement environ 50% de ces recettes. Les fournisseurs de contenus et les télécoms touchent 25% chacun.

La publicité, la distribution de contenus et la fourniture de technologies ne génèrent que 1% des revenus pour le moment. TU Media souhaite faire monter ce type de services entre 5 et 10% de ses revenus dans les années à venir.

Selon ce modèle économique, TU Media estime son seuil de rentabilité à 4,5 millions d’abonnés. Aujourd’hui, plus d’1 million de Coréens a pris le pli.

On trouve aussi dans le billet une présentation impressionnante des récepteurs. À retenir qu'il s'agit bien ici de télévision au sens traditionnel, il n'y a pas d'interactivité.

Où sont les biblioblogues québécois ?

La biblioblogosphère francophone s'organise pas à pas. On trouvera ici et deux agrégateurs qui regroupent quelques uns des blogues tenus par des bibliothécaires ou des universitaires en SI. Il s'agit encore de versions de travail incomplètes.

En les parcourant, j'ai été frappé par l'absence de références québécoises. Peut-être s'agit-il simplement d'une méconnaissance ou d'un oubli. Les outils ayant été construits par des Français. Mais en regardant dans mon propre agrégateur, je n'ai trouvé que :

Olivier Charbonneau et le tout récent blogue des étudiants de l'EBSI.

Du côté des SI (à vrai dire plutôt des experts marketing) proche de mes problématiques, j'ai aussi : Éric Baillargeon Martin Lessard

Je ne sais si je dois m'inquiéter de ma propre méconnaissance de la toile québécoise ou de l'absence des professionnels québécois du document sur la toile. Merci d'avance si vous avez des suggestions de réponse.

Actualisation au fur et à mesure des signalements dans les commentaires (en remerciant les contributeurs) :

Et pour les outils de coordination :

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