Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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Recherche - économie de l'attention

vendredi 18 avril 2008

Éco-doc : révision séquence 5

Voici donc la suite des réflexions sur le cours sur l'économie du document, prévu à l'automne à distance (Plan et explications ici), après une interruption due à un manque de disponibilité.

Nous abordons maintenant la deuxième partie du cours, baptisée «Illustrations», dont l'objectif est d'approfondir les modèles industriels présentés dans la Séquence 3 (ici). Les deux séquences de cette partie, la première sur les modèles de diffusion, la seconde sur les modèles d'accès, seront chacune constituées d'une alternance entre un cours classique et un dossier présenté par un groupe d'étudiants.

Cette séquence-ci sur «Économie de la diffusion : le livre, la télévision» comprend, comme le titre le suggère deux sous-parties correspondant aux deux modèles classiques de la diffusion : l'édition, illustrée ici par le livre ; le flot, illustré lui par la télévision. Le cours insiste sur les caractéristiques traditionnelles des modèles : structure des firmes, structure du catalogue, relations titres/exemplaires, rentrées proportionnelles, appropriation de l'objet, poids de la distribution, évolution de la librairie, etc. pour le premier ; maillage du territoire, structure de l'audience, captage de l'attention, coût des prototypes et industrialisation, articulation spatiale et temporelle des marchés, etc. pour le second.

Ma difficulté principale n'est pas le contenu général du cours, un classique des industries culturelles, mais les exemples à choisir pour le concrétiser, tout spécialement pour un cours en ligne dont la clientèle peut-être internationale. Logiquement, les exemples devraient d'abord être pris au Québec, mais ce territoire est dans une situation culturelle particulière et la situation de ses industries n'est pas forcément très représentative d'un cas général. On peut aussi arguer que chaque territoire est spécifique, et que les modèles s'y déclinent différemment. Cela est vrai pour une part, mais ne m'aide pas beaucoup. La question est : comment illustrer un modèle, sans que l'illustration ne réduise sa portée générale ou qu'elle ne soit trop exotique pour les étudiants ?

Deux dossiers d'étudiants, réalisés selon les modalités décrites en séquence 2 (ici) ont été remis par deux groupes d'étudiants. Ils sont mis en ligne sur le site de partage du cours. Ils concernent des problématiques d'actualité permettant d'aborder l'ébranlement par le numérique des deux modèles décrits. Un débat en ligne est lancé à partir d'une ou deux questions proposées par le professeur sur chacun de ces dossiers. C'est à la suite de ce processus que chaque groupe pourra réaliser le billet à publier sur le blogue.


Séquence 5 : Économie de la diffusion : le livre, la télévision

Objectif général

À la fin de la séquence l'étudiant(e) devrait connaitre :

  1. Les principales caractéristiques des modèles de l'édition et du flot.
  2. Les problématiques des industries du livre et de la télévision.
  3. Les conséquences du numérique sur l'évolution de ces industries.

Objectif spécifique

À la fin de la séquence l'étudiant(e) devrait être capable de :

  1. Repérer dans des situations nationales simples les différents éléments présentés.
  2. Interpréter les réactions des industriels de ces modèles face au numérique.

Contenu de la séquence (base à réviser)

  • Économie du livre
    • Éditeurs, les gros et les petits
    • Vivier d'auteurs, best-sellers et fond
    • Nombre de titres/nombre d'exemplaires
    • Distribution, librairie
    • Permanence du livre
  • Économie de la télévision
    • Inertie de l'audience
    • Lois de la programmation
    • Industrialisation de la production
    • Hiérarchie des marchés
    • Générations

Évaluation

L'évaluation de cette séquence est différente selon les étudiants. Les auteurs du dossier sont évalués sur celui-ci. Les autres sur leur participation au débat en ligne.

Bibliographie (à venir)

dimanche 23 mars 2008

Économie des blogues : vivier, attention et spéculation

Cette réflexion m'a été inspirée par un billet récent de Techcrunch qui décrit l'évolution commerciale de blogueurs américains :

De plus en plus de blogs (américains) lèvent des fonds…Est-ce bien raisonnable?, Rédigé par Michael Arrington (adaptation: Ouriel Ohayon), 23 mars 2008. ici

Il y est discuté d'une double évolution des blogues les plus influents : 1) une stratégie de liens de plus en plus fine pour tisser des alliances entre blogues complémentaires de façon à augmenter son trafic d'internautes, tout en réduisant celui d'éventuels concurrents. La comparaison est faite avec une équipe de basket où chacun joue à sa place mais où la partie n'est gagnée que par la synergie du collectif ; 2) La volonté de certains de lever des fonds, qui est critiquée dans le billet.

On y constate que, d'une part, la création et l'innovation se structurent comme dans l'ancien ordre documentaire et que, d'autre part, le nouvel ordre amène à les réguler selon sa propre logique de Webmédia.

On retrouve en effet les mêmes courants chez les blogueurs que dans l'amont de tout système éditorial : un vivier d'auteurs (ou pour la presse de pigistes), aujourd'hui la mode est au terme «écosystème», que l'on cherche à entretenir. Ils se croisent, vivent des expériences comparables, fréquentent les mêmes lieux, s'entraident, se concurrencent ou se jalousent, échangent ou monnayent leur influence.

Ce vivier est entretenu dans le modèle de l'édition, notamment par les directeurs de collection, qui ont un pied dans le vivier et une main sur l'épuisette. Les contrats d'édition, les à-valoir sont les transactions qui permettent de fidéliser les auteurs prometteurs. Mais le moteur est simplement l'espoir, l'espoir d'être reconnu et publié. Comme il y aura, chacun le sait, très peu d'élus, les tensions sont fortes, tout comme les inégalités abyssales.

Les blogues ont été pour certains l'occasion ou l'illusion d'entrer dans le vivier ou d'y améliorer sa position en s'y faisant remarquer. En effet, il était possible de s'affranchir du jeu très étroit de relations qui préside aux choix éditoriaux, en rendant accessible son écriture directement au plus grand nombre et donc de renverser l'ordre de la preuve. Le filtrage ne se ferait plus en amont, soumis à l'avis toujours subjectif de quelques experts, mais en aval par la reconnaissance d'un plus grand nombre d'internautes lecteurs. Cette motivation est encore très vive, à l'évidence, notamment en France. Et le travail de François Bon (ici), ou encore la thématique des récentes Polyphonies du livre chez Olivier sur la recommandation () sont emblématiques de ce mouvement.

Mais le billet de TechCrunch montre un renversement plus important encore aux États-Unis, qui ne touche la France que de façon plus marginale. Il s'agit ici de blogues dits «influents», plus proches du journalisme que de la création, qui tentent de monétiser leur activité. On y retrouve alors, immédiatement et sans surprise, les deux principales sources de financement du Webmédia : la captation de l'attention pour sa revente aux annonceurs et l'appel à la spéculation financière. Je n'épiloguerai pas sur la seconde, critiquée dans le billet, et aléatoire en ces périodes de yoyo boursier.

Mais je crois qu'il y a aussi une limite sérieuse à la première. Comme je l'ai indiqué plusieurs fois, la logique dominante du Web-média est l'accès et non la diffusion. Dès lors le marché publicitaire est dominé par ceux qui captent l'attention en fournissant l'accès pertinent. Les producteurs de contenu n'arrivent qu'en second. Les plus puissants (ex. médias traditionnels basculé sur le net) et les moins gourmands (ex. blogueur isolé influent) pourront éventuellement y trouver leur compte, même s'ils devront abandonner une part du marché. Je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de place pour des stratégies moyennes.

La proposition de l'auteur du billet est de constituer des alliances, directes ou implicites, par le jeu des liens croisés. Dans la comparaison avec l'équipe de basket, on pourrait dire que l'internaute est le ballon. Mais celle-ci ne me parait pas très pertinente : il n'y a ni règle claire, ni arbitre, ni club, ni championnat, qui encadrent étroitement les joueurs. On ne voit pas sur quelles bases peuvent se bâtir des alliances pérennes, indispensables à la maîtrise d'un marché.

Peut-être est-il plus raisonnable de s'en tenir à la notion de vivier, qui n'a pas vocation à trouver une économie propre, mais simplement à alimenter ou stimuler d'autres systèmes économiquement établis.

Voir aussi en écho chez E. Parody un diaporama sur les motivations des blogueurs .

Actu du 27 mars 2008 Voir encore :

So You Want to Be a Blogging Star? PAUL BOUTIN, 20 mars 2008, NYT, ici

Valeur des blogs… en $, Francis Pisani, Transnet, 27 mars 2008,

mardi 12 février 2008

Google est un média

Je confirme une affirmation déjà souvent proclamée ici avec un argument financier. Juste en comparant quelques chiffres des comptes de Google des années 2005, 2006, 2007, on peut voir se construire petit à petit, en effet, l'économie d'un média autonome.

Je passe sur la croissance globale, impressionnante, même si la bourse en réclame toujours plus. Mais deux séries de chiffres sont très significatives :

  • La troisième ligne. La publicité fait toujours la quasi-totalité du revenu de la firme et il est peu probable que cela change maintenant. Les analystes qui comparent Microsoft et Google, comparent en réalité des firmes qui sont sur des marchés séparés, même si la seconde voudrait bien profiter de celui de la première. Autrement dit, Microsoft cherche à se diversifier, mais Google cherche, lui, à consolider sa position dominante de média.
  • La première ligne. On voit très clairement le centrage progressif sur l'activité interne, qui passe de 55 à 64%. Ainsi l'hyperactivité de Google ne doit pas faire illusion, elle est centripète. Le mariage de Adwords et du moteur est le coeur de l'activité. Le premier revend l'attention construite par le second. L'un et l'autre fonctionnent sur le même modèle : un calcul statistique entre les mots et les hits.

Sources informations financières de Google : Google Announces Fourth Quarter And Fiscal Year 2006 Results (ici) ; Google Announces Fourth Quarter And Fiscal Year 2007 Results ()

mardi 05 février 2008

Culture documentaire ou médiatique

La discussion initiée par un billet précédent sur deux rapport sur les pratiques de lecture et de navigation des jeunes (ici) a rebondi de façon passionnante sur deux autres blogues. Celui de Virginie Clayssen (ici) et celui d'André Gunthert ().

Je reproduis ci-dessous des extraits d'un commentaire d'Alain Pierrot sur le billet de Virginie, car il touche de front les problématiques développées sur ce blogue :

Mais la discussion me paraît comporter un autre aspect, celui de la documentation, avec deux aspects : son accessibilité et son statut pour le savoir. Le problème n’est plus alors celui de la lecture, mais celui de la définition de ce qu’est un document — Roger Pédauque écrit là-dessus de manière pertinente et originale —, et de son “sens” pour l’utilisateur. (..)

De mon point de vue, la croyance en l’universalité et la globalité de la documentation accessible sur écran (Google, Wikipedia, …) est très analogue à la confiance initiale conférée aux outils de référence traditionnels. L’important est de savoir quand il est pertinent de démystifier cette confiance, d’en donner les moyens, de capter l’attention des intéressés et de leur donner le temps nécessaire pour une démarche de “savoir”. Je ne vois pas là de rupture majeure dans l’irruption du numérique.

Les réflexions d’André Gunthert me paraissent identifier des phénomènes intéressants, impliquant de nouveaux statuts de documents, mal décrits ou inexistants avant l’extension du virtuel : son analyse des vidéos “brutes” postées sur YouTube comme des “photos étendues” plus pour une assertion d’existence que comme une création de document (un discours construit) interroge sur le document de création à côté du document “d’expression”.

Alain pointe là, je crois, une dimension fondamentale pour comprendre les pratiques actuelles. Mais elle se double d'une dimension médiatique qui se porte sur l'attention, sa captation, sa focalisation, qui débouche sur l'appropriation du média par une génération entière (voir à ce sujet l'émission de PBS ici).. un des aspects du problème vient du fait que l'économie du Web est portée pour le moment par cette économie marchande de l'attention. À la lecture de Alain Pierrot, je me demande si cette dernière est vraiment compatible avec une organisation documentaire.

Quoi qu'il en soit, je crois que collectivement nous avançons, ce qui est déjà une aventure bien réjouissante.

samedi 02 février 2008

Éco-doc : révision séquence 3

Voici donc la suite des réflexions sur le cours sur l'économie du document, prévu à l'automne à distance (Plan et explications ici).

Cette séquence donne une seconde clé pour comprendre l'évolution actuelle, clé différente mais complémentaire de la précédente toujours à partir d'un éclairage issu de l'économie industrielle. Ici ce n'est plus le contenant qui domine, mais bien le contenu. Il s'agit ici de comprendre comment l'économie de la publication fonctionne.

Il faut tout d'abord repérer que la valeur peut être créée aussi bien à partir de la production des messages qu'à partir de leur consommation et donc que des activités de médiation peuvent s'organiser tant du côté de la diffusion que de celui de l'accès (voir ici). Une fois ce constat fait, on peut montrer que cette activité s'est progressivement organisée en modèles industriels ou quasi-industriels à partir des éléments de bases que sont la reproduction de l'écriture, le spectacle vivant et la préservation de la mémoire. Quatre modèles (édition, presse, radio-télévision), auxquels vient de s'ajouter un cinquième (web-média) construisent une déclinaison de l'offre de contenu selon un rapport au temps, à l'espace et à la transaction différents, mais formant un continuum et des ruptures au point que l'on peut les représenter sur un pentagone (voir notamment ).

Enfin la séquence se conclut par une présentation de l'évolution des pratiques de consommation de contenu qui tient compte des effets de génération et d'âge (entre autres ici). Cette conclusion s'appuie aussi bien sur les apports de cette séquence que ceux de la séquence précédente, notamment sur les cycles courts ou long des industries (par ex ).

Cette séquence qui représente (avec celle à venir sur la redocumentarisation) le cœur du sujet du cours ne contient pas pour moi de défi particulier. Elle introduit les séquences suivantes qui illustrent chacun des modèles. Les étudiants ont déjà été bien familiarisés avec le sujet par les deux premières séquences et aussi par le démarrage de leurs travaux sur les dossiers. Aussi les éléments évoqués entrent souvent en résonance avec leurs interrogations.

Il est prévu à ce stade un rendu intermédiaire des étudiants d'une ou deux pages avec le plan provisoire du dossier, la référence des 4 ou 5 textes importants permettant de répondre à la question, le nom d'au moins une personne ressource à interroger et les éventuels questionnements encore en suspens. Ce rendu n'est pas noté. Il sert seulement à vérifier que le travail s'engage sous de bons auspices, à fournir quelques suggestions ou à suggérer quelques modifications. Une question se pose dans la version à distance : ce dialogue se fera nécessairement par messagerie ; faut-il l'envisager par courriel individuel ou sur le forum ?

De plus, je commence à insister sur l'importance des commentaires sur le blogue.


Séquence 3 : Les modèles et leur industrialisation

Objectif général

À la fin de la séquence l'étudiant(e) devrait connaitre :

  1. Les différences entre une économie de la diffusion et une économie de l'accès et leurs possibles valorisations.
  2. Les cinq principaux modèles industriels des industries de l'information et leurs caractéristiques principales.
  3. L'évolution des pratiques des usagers selon l'âge et les générations.

Objectif spécifique

À la fin de la séquence l'étudiant(e) devrait être capable de :

  1. Repérer dans des situations simples de l'économie des médias, les différents éléments présentés.
  2. Interpréter sommairement l'actualité économique des principaux médias par rapport à la logique des modèles présentés.

Contenu de la séquence (base à réviser)

  • Économie de l'espace public
    • Communication adressée vs communication flottante
    • Diffusion (biens) vs accès (services)
    • Vente d'objets, d'accès ou d'attention
  • L'organisation en modèles
    • Les modèles artisanaux et leur déclinaison
      • Diffusion : édition, spectacle, télévision
      • Accès : bibliothèque, web-média
    • Le pentagone de l’industrie de la publication
      • Les cinq modèles industriels
      • Continuité et ruptures
      • Convergence ou résonances
  • Modèles et pratiques générationnelles
    • Âge et génération
    • Audiovisuel, numérique et servicialisation

Évaluation

L'évaluation de cette séquence se réalisera par celle de la partie du dossier de l'étudiant qui s'y réfère.

Bibliographie (à venir)

- page 10 de 15 -