Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 19 février 2007

Redocumentarisation du débarquement de Normandie

Il faut entendre ici le terme "redocumentariser" dans son sens le plus strict, celui proposé par M. Zacklad :

Redocumentariser, c’est documentariser à nouveau un document ou une collection en permettant à un bénéficiaire de réarticuler les contenus sémiotiques selon son interprétation et ses usages à la fois selon la dimension interne (extraction de morceaux musicaux pour les ré-agencer avec d’autres, ou annotations en marge d’un livre suggérant des parcours de lecture différents…) ou externe (organisation d’une collection, d’une archive, d’un catalogue privé croisant les ressources de différents éditeurs selon une nouvelle logique d’association). Dans ce contexte, la numérisation offre des opportunités inédites pour la réappropriation des documents et des dossiers en vue de satisfaire les intérêts de nouveaux bénéficiaires.

in Eléments théoriques pour l’étude des pratiques grand public de la documentarisation : réseaux et communautés d’imaginaire, à paraitre.

Sylvie Dalbin relate en détail un travail en cours de redocumentatisation de 2330 photos des archives canadiennes et américaines sur le débarquement de Normandie qui sont déposées sur le site FlickR. Le processus conjugue le travail des experts et des passionnés dans une organisation du travail à la fois ouverte et contrôlée.. la réconcialiation de l'indexeur avec la folksonomie peut-être. En tous cas, un très bel exemple des collaborations ouvertes par les outils du We2.0.

Tout est raconté ici.

Complément 1 octobre 2008

C'est aussi expliqué dans un article de colloque par son promoteur :

Patrick Peccatte, Une plate-forme sociale pour la redocumentarisation d'un fonds iconographique, « Document numérique et Société », 17 et 18 novembre 2008, ici

Résumé :

Mise en oeuvre d'une plate-forme sociale permettant à un groupe d'experts d'indexer un fonds de photographies de la Bataille de Normandie (Seconde Guerre mondiale) selon les standards de métadonnées dans le domaine des images numériques fixes : origine et conditions d’utilisation des photos, description de la plate-forme sociale (Flickr), techniques de métadonnées utilisées, description du processus éditorial et documentaire, comparaison avec d’autres projets similaires et analyse de l’activité de redocumentarisation.

Rapport sur la presse et Internet (encore..)

Un rapport de plus (voir ici, ou encore et puis ) sur le sujet en France.. y a-t-il encore quelque chose de nouveau à dire ?

Tessier Marc, Baffert Maxime, La presse au défi du numérique, Rapport au ministre de la Culture et de la Communication, Paris fév 2007.

Le plus intéressant est dans les annexes :

  • 1 Statistiques comparées de diffusion et d'audience.
  • 2 une enquête sur les sites de presse français

Actu du 21 fév : Et le Sénat français y va de son propre groupe de travail.. exactement comme pour le livre. Décidément en France, on préfère passer son temps et dépenser l'argent du contribuable à recueillir des avis plutôt qu'à faire des recherches sérieuses ou simplement à prendre des décisions. repéré par l'Observatoire des médias

vendredi 16 février 2007

Libre accès : La bataille de Bruxelles

Cette fois la guerre semble bien être déclarée, au moins sur le terrain européen, entre promoteurs et adversaires du libre accès à la littérature scientifique. Et le premier champ de bataille est Bruxelles où se tient ces jours une conférence sur "La publication scientifique dans l’Espace européen de la recherche : Accès, dissémination et sauvegarde à l’ère numérique" .

L'enjeu

La Communauté européenne vient de mettre en ligne une communication sur l'information scientifique à l'ère du numérique : Accès, diffusion et préservation. Communication, Communiqué de presse

Les annonces expliquent la mise en ordre de bataille des différents acteurs. À noter qu'il s'agit des mêmes thématiques que celles dégagées par la stratégie canadienne sur l'information numérique, que d'importantes mesures assorties de moyens sont présentées et qu'une politique est suggérée.

Voici la conclusion :

''L'accès, la diffusion et la préservation de l'information scientifique constituent des défis majeurs à l'ère numérique. Les avancées réalisées sur chacune de ces problématiques seront un élément porteur essentiel pour la société européenne de l'information et pour les politiques de recherche en Europe. Les diverses parties prenantes concernées par ces problématiques ont des points de vue différents sur la façon d'arriver à améliorer l'accès, la diffusion et la préservation de l'information scientifique.

Pendant cette transition de l'époque où l'imprimé dominait vers l'ère numérique, la Commission contribuera au débat entre les parties prenantes et les décideurs politiques, d'une part en encourageant l'expérimentation de nouveaux modèles qui cherchent à améliorer l'accès et la diffusion de l'information scientifique, et d'autre part en soutenant la mise en relation des initiatives de préservation numérique au niveau européen.

La Commission invite le Parlement européen et le Conseil à débattre de ces problématiques sur la base de la présente Communication.''

Résumé des actions :

"A. ACCES AUX RESULTATS DE LA RECHERCHE FINANCEE PAR LE BUDGET COMMUNAUTAIRE

  • Les coûts associés à la publication des résultats, y compris l'édition en libre accès, seront définis comme étant des coûts éligibles pour les projets soutenus par les programmes de financement communautaire de la recherche.
  • Des lignes directrices spécifiques, dans le cadre de certains programmes spécifiques, sur la publication d'articles dans des répertoires ouverts.

B. COFINANCEMENT GRACE AUX PROGRAMMES COMMUNAUTAIRES

  • Environ €50 millions pour les infrastructures, en particulier les répertoires numériques, en 2007-2008.
  • Environ €25 millions pour la préservation numérique et les outils collaboratifs, en 2007- 2008.
  • Environ €10 millions pour l'accès et l'utilisation de l'information scientifique à travers le programme eContentplus.

C. PREPARATION DE LA CONTRIBUTION AU FUTUR DEBAT POLITIQUE

  • Etude sur les aspects économiques de la préservation numérique.
  • Financement de recherche sur les modèles d'affaires de l'édition et sur le système de publication scientifique.

D. COORDINATION DES POLITIQUES ET DEBAT AVEC LES PARTIES PRENANTES

  • Délibérations au Parlement européen et au Conseil, poursuite des discussions avec les parties prenantes.
  • Echange de bonnes pratiques sur les nouveaux modèles d'accès, de diffusion et de préservation de l'information scientifique."

Les protagonistes

Un nombre important d'éditeurs scientifiques (STM) ont publié une déclaration de Bruxelles. Introduction :

"Many declarations have been made about the need for particular business models in the STM information community. STM publishers have largely remained silent on these matters as the majority are agnostic about business models: what works, works.

However, despite very significant investment and a massive rise in access to scientific information, our community continues to be beset by propositions and manifestos on the practice of scholarly publishing. Unfortunately the measures proposed have largely not been investigated or tested in any evidence-based manner that would pass rigorous peer review. In the light of this, and based on over ten years experience in the economics of online publishing and our longstanding collaboration with researchers and librarians, we have decided to publish a declaration of principles which we believe to be self-evident."

Suit l'énoncé de dix principes défendant le rôle des éditeurs dans le processus et notamment celui-ci, sans doute le principal :

"Open deposit of accepted manuscripts risks destabilising subscription revenues and undermining peer review. Articles have economic value for a considerable time after publication which embargo periods must reflect. At 12 months, on average, electronic articles still have 40-50% of their lifetime downloads to come. Free availability of significant proportions of a journal’s content may result in its cancellation and therefore destroy the peer review system upon which researchers and society depend"

Les promoteurs du libre accès, de leur côté, avaient lancé une pétition pour inciter l'Union européenne à s'engager plus avant dans cette voie.

Repéré par P. Suber et Inist

mercredi 14 février 2007

Presse belge et Apple, intérêt général et calculs

Une nouvelle étape vient d'être franchie dans le feuilleton qui oppose les éditeurs de journaux belges et Google à propos du service de mise en ligne Google-news.

On trouvera mon analyse de l'épisode précédent ici. Celui qui vient de se dérouler est, par exemple, rapporté par Le Figaro ici ou par le desk du Monde qui reprend une dépêche de Reuters. . En résumé la justice a donné raison aux éditeurs belges, en réduisant le montant de l'amende, mais le feuilleton n'est pas terminé, puisque Google a annoncé qu'il allait faire appel.

Sans revenir sur le détail de notre analyse précédente déjà claire, reprenons-en deux des thématiques en rapprochant cet épisode de celui d'un autre feuilleton apparemment sans rapport : le récent appel de S. Jobs à renoncer aux DRMs, voir ici.

Code vs Law.. and money

Extrait de la dépêche de Reuters d'hier : La secrétaire générale de Copiepresse, Margaret Boribon, a exprimé mardi sa satisfaction, tout en affirmant rechercher un accord pour une rémunération des articles belges. Clairement la question est celle du partage des bénéfices de Google, même si ceux-là ne se font pas directement sur le service incriminé. Et les éditeurs belges ont joué la loi, alors qu'ils auraient pu éviter le problème juridique par le code, mais alors sans pouvoir négocier de rentrée financière.

S. Jobs ne fait pas autre chose, mais en inversant la question. Il a joué le code afin de satisfaire les appétits financiers des ayant-droits de la musique. Il propose maintenant de se débarrasser de cette contrainte qui n'a plus, pour Apple, d'intérêt financier.

Notons ici toute l'importance du temps. Il a fallu d'abord laisser les usages s'installer pour repérer où se créait la valeur.

Territoires

C'est ici que la comparaison est la plus productive. J'ai déjà eu l'occasion de montrer que l'Europe était la championne de l'écrit, tandis que les États-Unis dominaient l'audiovisuel, et depuis peu aussi l'économie du Web (en attendant la Chine). On pourra en trouver une confirmation dans ce rapport de l'UNESCO. Échanges internationaux d'une sélection de biens et service culturels, 1994-2003, Unesco, 99p.

L'Europe et les USA, dans les deux épisodes, jouent ici la même partition, mais en inversant les rôles. La première (par l'entremise de Copiepresse) défend la propriété intellectuelle dans la presse, contre une contrefaçon d'un producteur de logiciel qui, lui-même, répond au nom de l'intérêt général (fairuse). Les seconds (par l'entremise de Apple) défendaient les droits d'auteur de la musique, par un logiciel attaqué par des juridictions européennes (scandinave et française) au nom d'un principe d'intérêt général de même nature que le précédent (la copie privée).

On peut penser que, dans les deux cas, les grands principes sont au service d'intérêts plus particuliers de firmes et d'industries à l'échelle de chacune des régions.

mardi 13 février 2007

Musique et longue traîne

Repéré par J. Charlet, merci à lui.

Long et stimulant entretien en français avec C. Anderson le promoteur de la longue traine sur l'économie de la musique, chez Abeilleinfo, à mettre en relation avec un précédent billet sur le même domaine.

Non sans quelques perles (c'était le 29 janvier), je cite :

Mais Apple restera implacable sur les DRM…

Chris Anderson : Effectivement et je ne les vois pas changer de politique sur cette question. Le vrai changement interviendra le jour où un grand label décidera de lever les DRM.

Et le 6 février.. comme quoi il est préférable de se méfier des affirmations péremptoires.

- page 114 de 144 -