Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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samedi 04 octobre 2008

«Le marché des médias devient un marché de consommation comme les autres», vraiment ?

Voilà des réflexions tout à fait en phase avec le cours de cette semaine sur le pentagone (voir ici) :

Éric Scherer, “Fin de la TV et crise terminale des quotidiens d’information,” MediaWatch, Octobre 4, 2008, .

Extrait :

« Fin de la TV » : en fait, c’est plutôt de « la fin du broadcasting et de la mort de la grille des programmes » dont il s’agit, a précisé Veron, ce matin à l’occasion lors d’un Colloque au Sénat pour les 20 ans de la revue Hermès.

Jusqu’ici, le producteur de contenus TV était dans la situation incroyablement confortable de pouvoir programmer à la fois l’offre et la demande. Désormais, le marché des médias devient un marché de consommation comme les autres, avec « la mise à mort de la grille des programmes », où « la programmation de la production est passée du producteur au récepteur ». Et « en Argentine, quand un jeune couple s’installe, il n’achète plus de téléviseurs ».

«Crise terminale des quotidiens d’informations » : « elle s’est déroulée encore plus vite qu’on ne le pensait il y a 10 ans ». « La proportion de personnes qui lisent chaque jour un quotidien a diminué de moitié ces dernières années, pour ne représenter plus que 7% en Argentine ». « Ils vont disparaître et très bientôt, il n’y aura plus de gens qui lisent des journaux tous les jours. »

Dans certains pays, le lien le matin avec le journal était aussi fort qu’avec le JT du soir. « C’est en train de se décomposer totalement. Ca s’est cassé ces 5 dernières années ».

La question est bien de savoir si, comme parait le constater en Argentine Eliseo Veron, le pentagone est en train de s'effondrer au profit du Web-média ou si les différents médias vont coexister une fois la redistribution terminée. Car il y a une erreur dans son raisonnement : le marché des médias n'est pas devenu un marché de consommation comme un autre. Il n'y a pas dans le Web-média un lien direct entre la consommation d'un document et une transaction financière. Si le marché de l'attention domine, il faudra toujours la capter et il n'est pas sûr alors que, pour l'audiovisuel, les bonnes recettes de la programmation ne restent pas les plus efficaces. La difficulté de rentabilisation de YouTube n'est pas anodine.

vendredi 03 octobre 2008

Quel auditoire pour la conférence d'Hervé ?

Suite à mon dernier billet (ici), plusieurs commentateurs ont fait des suggestions pour la mise en ligne de la conférence de Hervé Le Crosnier. Je voudrais d'abord les remercier, leur indiquer que le service informatique de l'EBSI avait déjà étudié ces possibilités, et aussi les rassurer. La conférence est, en effet, maintenant en ligne et vous pouvez la consulter :

Hervé Le Crosnier Web-Documents, réseaux sociaux et extraction sémantique : de la conversation à la bibliothèque, conférence donnée à l'école de bibliothéconomie et des sciences de l'information le 11 septembre 2008 ici. (message perso aux étudiants du cours : ne vous précipitez pas sur le visionnement, il est au programme dans 15 jours..)

En réalité le problème n'était pas tant de trouver une alternative externe pour diffuser la conférence, il en a plusieurs en effet, que de s'interroger sur l'opportunité et les conséquences d'un tel choix. Ce petit épisode nous a fait bien réfléchir. Et je crois qu'il y a deux dimensions à la réponse, une politique ou stratégique et une autre tactique.

La première a été soulignée par le commentaire de Hervé au billet précédent. Les universités (individuellement ou en coopération) doivent-elles abandonner la maitrise de la diffusion des savoirs ? À la réflexion, cette question est relative. On n'a pas attendu le numérique, loin de là, pour confier cette diffusion à des opérateurs privés, à commencer par les éditeurs de livres, qui mutadis mutandis ne font pas vraiment dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'accès ouvert. Pourquoi en serait-il différemment sur un autre support ? Sans doute, la problématique est plus profonde, parce que les positions industrielles sont très puissantes et parce qu'elle dépasse la simple diffusion. Mais, il s'agit alors de bien autre chose que la question première de la mise en ligne d'une conférence.

La seconde dimension est plus tactique et, dans ce cas précis pour moi au moins, plus intéressante. Aller à la facilité en externalisant la diffusion de la conférence, c'est ne pas réfléchir à la réalité de notre objectif. Il ne s'agit pas de maitriser le système de diffusion, mais de maitriser la relation avec notre cible ou le contact avec ceux qui vont visionner la conférence. Déposer la vidéo sur YouTube, par exemple, aurait sûrement fortement élargi son audience, mais est-ce vraiment ce que nous souhaitons ? Pas sûr. Il est parfois préférable de toucher un auditoire plus restreint pour être mieux compris et mieux entendu. Il est aussi préférable de garder le lien étroit entre l'EBSI et la conférence. Nous ne cherchons pas à rivaliser avec les médias de masse, chacun sa mission. Nous n'avons pas non plus les moyens de gérer une trop large notoriété.

J'ai un peu la même attitude avec ce blogue. Sans doute je suis content s'il a du succès et s'il est lu en particulier par des lecteurs que je ne connais pas ou pas encore, mais pas trop. Je préfère un lectorat quantitativement modeste, mais de qualité. Je ne serai pas capable de gérer un vaste auditoire et la parole débridée qui l'accompagne. C'est pourquoi je reste très parcimonieux sur les référencements. Je n'ai pas dans les bandeaux de tous côtés toute la quincaillerie des blogueurs geeks, je ne suis pas sur les réseaux sociaux, ni abonné à twitter, etc.

C'est tout le paradoxe de proposer des documents «dans le ciel» comme dirait S. Harnad. Tout le monde peut les lire. Mais ici l'objectif n'est pas que tout le monde les lise, mais plutôt que les quelques individus dispersés, peut-être inconnus, intéressants et intéressés à ces sujets, puissent les lire et qu'ainsi ils entrent en contact avec nous. Alors, je crois qu'il est plus efficace de garder la maîtrise de ces outils, même si l'on se prive d'une expérimentation des soubresauts du Web2.0.

H. Simon parle des limites de l'attention. Celles-ci valent dans les deux sens, pour le destinataire, mais aussi pour l'émetteur. Et je crois que la meilleure politique, c'est de connaitre ses limites pour exploiter au mieux ses potentialités. C'est plus difficile quand apparemment les barrières tombent.

Belle mise en abîme en tous cas avec le sujet de la conférence de Hervé !

lundi 29 septembre 2008

Contenant/Contenu, Apple/Google, le cas du cellulaire

Ce billet fait suite à une question sur le forum des étudiants à propos de la sortie récente du téléphone cellulaire de Google. La comparaison entre les stratégies de Apple et de Google sur le téléphone 3G interroge en effet tout particulièrement l'articulation entre les industries de contenant et de contenu analysée dans les cours 2 et 3 (ici). Voici quelques réflexions rapides à ce sujet.

Apple, diapositive 27, est une entreprise qui vend du contenant, des micro-ordinateurs d’abord, plus récemment des baladeurs numériques (c'est-à-dire l’entrée de l’informatique dans ce créneau) et enfin tout dernièrement des téléphones cellulaires (idem). Les incursions dans le domaine du contenu visent à fidéliser, «verrouiller» les utilisateurs sur le matériel de Apple en les accrochant au matériel par des niches ou des services haut-de-gamme. Mais la rentabilité de Apple vient d’abord et très massivement de la vente de matériel.

Nous avons vu le développement explosif du téléphone cellulaire (diapo 12). Nul doute que demain, et demain sur le net est déjà aujourd'hui, le téléphone 3G deviendra un terminal pour l’internet et sans doute avec le développement du Cloud Computing pour toute une série de services bureautiques. Ainsi Apple a pris place, avec son savoir faire spectaculaire en design, sur un marché qui s'étend aussi sur son créneau principal : le micro-ordinateur. Il a pour cela appliqué la même stratégie qui lui a précédemment réussie : un service semblable, mais sensiblement amélioré et légèrement décalé pour verrouiller l’utilisateur (un propriétaire de Mac, de iPod ou de iPhone a droit, lui seul, aux services de Apple, même si progressivement les appareils s’ouvrent à d’autres applications). Pour les développements de la stratégie de Apple sur le iPhone voir par exemple ici,

Google applique la même stratégie de verrouillage, mais en l’inversant. Google n’est pas impliquée dans l’industrie du contenant et il est peu probable qu'il s'y implique. Son objectif est de capter l’internaute, de le «verrouiller» lui-aussi par des services haut de gamme sur ses sites ou sur des sites qui lui sont affiliés, mais pour revendre son attention à des annonceurs. La force de Google n’est pas dans sa capacité d’innovation et de production de matériels comme Apple, mais dans sa capacité d’innovation et de puissance de calcul documentaire avec notamment ses énormes data-centers.

Tout comme pour Apple, pour les mêmes raisons mais avec une perspective inversée, le marché du téléphone cellulaire est important pour Google, car comme vecteur d’accès au web il est un support potentiel de publicité, support qui pourrait lui échapper notamment au profit des opérateurs de télécom. Google n’est pas vraiment impliqué dans la vente de ces appareils qu’il labellise en quelque sorte. On peut penser que l’objectif de la firme est d’éviter que le développement du cellulaire 3G conduise à des situations dominantes en amont d’acteurs (comme Apple ou les opérateurs de télécom) avec lesquelles elle serait obligée de négocier, c'est-à-dire de partager une partie de la valeur récoltée.

Deux marchés très importants en effet restent encore incertains sur le web : un grand-public, celui de l’audiovisuel, dont nous savons maintenant qu'il constitue le principal marché du contenu diapo 25 et la bataille à venir diapo 35 (mais YouTube est très déficitaire et Apple via le iPhone, du fait de l’expérience acquise dans iTunes n’a pas caché ses ambitions sur la distribution de l’image) ; un autre plus professionnel, celui de la bureautique intelligente dont nous savons qu'il s'agit de l'avancement de l'histoire de l'informatique documentaire, diapo 34 (ici c’est Google qui ne cache pas ses ambitions de proposer des services décentralisés, concurrençant les OS des micro-ordinateurs).Pour la stratégie de Google sur ce créneau, voir par exemple .

Ainsi l’une et l’autre firmes se trouvent en concurrence sur ou à propos de la vente de téléphones cellulaires. Chacune utilise la dynamique des développeurs indépendants en ouvrant, relativement, ses applications. Mais les enjeux sont bien différents pour chacun, correspondants chaque fois au cœur de leur métier.

mardi 23 septembre 2008

Visiteurs et résidents

Lorcan Dempsey attire l'attention (ici) sur une proposition de David White :

David White, “Not ‘Natives’ & ‘Immigrants’ but ‘Visitors’ & ‘Residents’,” TALL blog, juillet 23, 2008, ici.

Le vocable Natives/Immigrants, passé dans le langage courant, est issu de cet article :

Marc Prensky, “ Digital Natives, Digital Immigrants - Part1” MCB University Press 9, no. 5 (Octobre 2001), .

David White n'est pas n'importe qui. C'est lui qui avait souligné les usages divers des étudiants en ligne dans une enquête menée à Oxford (UK) :

David White, Results of the ‘Online Tool Use Survey’ undertaken by the JISC funded SPIRE project, Mars 7, 2007, .

Sa proposition est fondée sur son expérience. Extraits (trad JMS) :

Quoi qu'il en soit, l'appropriation par nos étudiants des services en ligne ne semble pas suivre le niveau des compétences. Elle semble dépendre de la façon dont ils voient le Web : un «lieu de vie» ou une collection d'outils commodes. Cette motivation sous-jacente suggère deux catégories principales pour les étudiants à distance.

Le «résident»

Le résident est quelqu'un qui vit une part de sa vie en ligne. Le Web prend en charge la projection de son identité et facilite ses relations. Ces gens là ont une personnalité en ligne qu'ils entretiennent régulièrement. Cette personnalité est généralement d'abord sur un réseau social mais il est aussi probable qu'elle se manifeste sur un blogue ou dans des commentaires, au travers des services de partages d'images, etc. (..) Ils utilisent le Web dans toutes les facettes de leur vie : professionnelle, les études et le loisir. En réalité, le résident considère qu'une part de sa vie sociale est vécue en ligne. Le Web est devenu un élément fondamental de sa présentation personnelle et de l'entretien de ses réseaux d'amis ou de collègues.

Le «visiteur»

Le visiteur est quelqu'un qui utilise le Web comme un outil, de façon réglée et quand le besoin s'en fait sentir. Il peut réserver ses vacances ou faire une recherche sur un sujet particulier. Il peut choisir un outil de discussion audio s'il a des amis ou de la famille à l'étranger. Souvent le visiteur réserve un moment particulier pour se connecter plutôt que de s'assoir devant l'écran et de maintenir sa présence à tout moment du jour. (..) Il est réticent à donner son identité en ligne, ne ressent pas le besoin de participer à la culture du net comme le résident. (..)

La distinction n'est pas polarisée. Il s'agit d'un spectre dont le résident et le visiteur forment les deux extrémités. (..) Il est utile car il n'est ni basé sur le sexe, ni sur l'âge. (..)

Il ajoute que cette distinction est utile pour prévoir les outils disponibles pour les étudiants en ligne, selon qu'ils sont susceptibles d'être plus utilisateurs du Web (visiteurs) ou plus plongé dans la culture Web (résidents). Selon son expérience et ses enquêtes, c'est moins une question d'âge, même s'il y a plus de résidents chez les jeunes et plus de visiteurs chez les plus âgés, ni une question de compétence que d'approche du Web.

Complément du 7 octobre 2008

Voir l'analyse de Michel Roland :

1. Michel Roland, “Google generation?,” Bibliothécaire ?, Octobre 7, 2008, ici.

mercredi 17 septembre 2008

Wikipapier et les sept piliers

Le lancement par Bertelsmann d’une version papier de Wikipédia a été le premier sujet de discussion du forum des étudiants du cours en ligne. L’exercice consistait à analyser le projet de l’éditeur, présenté dans un précédent billet (ici) grâce aux éléments apportés par le premier cours ().

Comme l’actualité nous rattrape et que le livre est maintenant sorti (), je reproduis ci-dessous la synthèse de la discussion en reprenant, dans l’ordre, les «piliers» présentés dans le cours.

  • Pilier 1 : la non-rivalité a permis de proposer une encyclopédie gratuite en ligne à tous les internautes. C’est un apport essentiel de Wikipédia. Mais celle-ci interdit en réalité sa valorisation pour les producteurs. Le passage sous format papier, redonnant quelques caractéristiques rivales d’une marchandise ordinaire, permet cette valorisation. Pour vous en convaincre, je vous suggère la lecture de ce billet ci-dessous qui est un autre exemple du même processus (La publication par P. Assouline des commentaires de son blogue). La différence entre les rémunérations est frappante.

Nicolas Kayser-Bril, “Brèves de blog: Une nouvelle forme de monétisation?,” Window on the Media, Septembre 11, 2008, ici.

  • Pilier 2 : le cout de la première copie de Wikipédia est dérisoire comme rappelé dans le billet, du fait de l’appel au bénévolat et d’une économie du don. Ceci amène à une situation étrange pointée par H. Le Crosnier où 90.000 auteurs sont répertoriés sur 27 pages, sans évidemment bénéficier de la moindre rémunération, ni en argent, ni même en prestige. Dans ce processus Bertelsmann sort grand gagnant puisqu’il n’a assumé aucun coût de création et paie des droits minimes. Même s’il faut prendre en compte les coûts d'édition (mise en page, correction..), les risques de l’édition papier deviennent très réduits.
  • Pilier 3 : Bertelsmann ne publie évidemment pas la totalité du site, mais simplement certains articles dument validés. La publication papier stabilise le contenu et lui confère un statut plus fort, encore souligné, comme cela est suggéré dans le billet, par l’aura du livre. Il y a là une tentative intéressante d’appuyer la valeur du contenu sur l’apport symbolique des deux supports.
  • Pilier 4 : Les liens et la possibilité de navigation à l’intérieur de Wikipédia en ligne sont une réelle valeur ajoutée par rapport au papier. Le numérique permet une utilisation optimale de la plasticité des informations. Mais celle-ci est-elle valorisée pour les producteurs de contenu ? En réalité, elle ne bénéficie qu’au lecteur, la production de Wikipédia étant bénévole et quasiment anonyme. Il ne faut évidemment pas négliger ce bénéfice, important pour la société dans son ensemble, mais l’absence d’économie du contenu fait de l’expérience Wikipédia, une expérience unique, peu reproductible. L’intérêt de la plasticité est aussi qu’elle permet d’utiliser les fonctionnalités différentes de différents supports et dispositifs pour un même contenu. Il s’agit bien de deux produits différents. Il s'agit néanmoins de la même marque et des mêmes éléments de contenu dont seulement les fonctionnalités et la plasticité seront différentes. Le livre papier a aussi des avantages fonctionnels qui expliquent sa résistance, alors même qu’il est sur le déclin depuis de longues années. Il est vrai que le pari n’est pas gagné puisque, justement malgré la résistance globale du livre papier, le marché des encyclopédies, lui, s’est écroulé face au numérique. Mais dans ce cas précis le risque financier est maigre (voir Pilier 2). La mise en abime, grâce à la plasticité, est encore plus fascinante puisque le livre est aussi consultable sur Google-books, comme le signale Olivier (ici).
  • Pilier 5 : la notoriété capitalisée par Wikipédia autour de sa marque sert à lancer le produit papier. Si des lecteurs achètent le livre, ce sera grâce à cette dernière. Inversement, comme indiqué dans le billet, Wikipédia bénéficie de la reconnaissance officielle et non-négligeable compte-tenu des polémiques à son sujet, d’un éditeur.
  • Pilier 6 : Par sa position dans l’audience captée sur le Web, Wikipédia pourrait valoriser une vente d’attention. Elle n’a pas fait ce choix qui risquerait peut-être de tarir l’ardeur de ses bénévoles. Néanmoins, l’attention ainsi captée ne peut non plus être valorisée par un autre acteur, sinon au niveau des requêtes par un moteur de recherche. D’un point de vue marchand, il y a là une destruction nette de valeur. Ironiquement, celle-ci peut-être en partie récupérée via Google-books. Wikipédia se positionne alors comme un «bien public», hors économie marchande et en concurrence avec cette dernière.
  • Pilier 7 : En choisissant les thèmes les plus consultés, Bertelsmann se positionne dans la partie gauche de la courbe, ce qui est tout à fait en cohérence avec une économie éditoriale. Il y a là la possibilité d’une complémentarité entre la version papier et la version en ligne qui autorise une consultation de l’ensemble des articles, y compris les moins populaires. De ce point de vue, la version en ligne est proche d’une économie de bibliothèque. La bibliothèque est en effet la première structure à avoir utilisé l’économie de la longue traîne. Bien avant que C. Anderson propose ce nom, les bibliothécaires avaient repérés cette distribution de la demande chez leur lecteur. Et on peut même faire l’hypothèse que c’est parce que les coûts de stockage, classement, distribution des documents peu demandés étaient trop lourds qu’un marché n’a pu se développer dans ce domaine avant l’arrivée du numérique.

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