Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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lundi 25 mai 2009

Bibliothèques publiques et archithécaires

Lionel Maurel présente et commente un intéressant article de ZNet sur son blogue Silex :

The Global Digital Public Library Network : une utopie ?, 24 mai 2009 ici

Bill Kallman : The Case for a Global Digital Public Library Network Policy.

C'est à lire vraiment. Cela tranche avec les polémiques françaises actuelles, à mon avis bien vaines, sur les lois en tout genre.

J'apprécie tout particulièrement la comparaison avec le modèle de la radio. Cela n'étonnera pas mes anciens étudiants du cours sur l'économie du document, petit à petit, on se rapproche de l'idée du pentagone (voir ici)

mercredi 20 mai 2009

E-science et archithécaires

Cet article du dernier numéro de D-Lib mérite lecture.

William Y. Arms, Manuel Calimlim, Lucia Walle, EScience in Practice, Lessons from the Cornell Web Lab, D-Lib Magazine, May/June 2009, Volume 15, Number 5/6. ici

Il pose les jalons de ce que pourraient devenir les professionnels de l'information dans un monde numérique : des archithécaires (voir ici et entre autres) dans cet exemple aux services des nouveaux développements de la science. Néanmoins, il me semble y avoir dans cet article une confusion, courante mais problématique, entre corpus et collection ou encore entre archive et bibliothèque. Cette confusion est sans doute inévitable dans le numérique où tous les éléments sont mis au même niveau, néanmoins il faudra reconstruire un ordre documentaire plus affirmé à l'avenir.

Le tout est présenté en sept leçons, dont plusieurs m'ont étonné. Voici quelques extraits traduits :

1. Construire un laboratoire d'abord, puis une bibliothèque

(Commencer par investir dans une bibliothèque est une stratégie risquée)

Toutes les bibliothèques sont rigides et les bibliothèques numériques ne font pas exception. elles exigent de gros investissements en temps et en argent, et réagissent lentement aux changements de circonstances. Les investissements seront perdus si les plans méconnaissent la recherche en train de se faire ou seront dépassés par des évènements extérieurs. (..)

En revanche, dans un laboratoire tel que le Web Lab si de nouvelles idées ou de nouvelles opportunités se présentent, les plans changent. Les bases solides sont la norme, mais les collections et les services sont flexibles pour répondre à de nouveaux objectifs de recherche. Le site du laboratoire ne fournit pas de services génériques pour un grand nombre de chercheurs, il donne un soutien personnalisé à chacun. (..)

2. Rester petit pour durer

Le financement permanent est le talon d'Achille des bibliothèques numériques. Alors qu'il est comparativement plutôt simple de trouver de l'argent pour innover, peu d'organisation ont un financement sur le long terme pour maintenir la croissance des collections et des services. (..)

Une partie du problème vient du fait qu'une bibliothèque numérique peut facilement devenir dépendante d'employés permanents. S'il y a une interruption de financement, il n'y a plus d'argent pour payer ces personnes et pas d'alternative pour continuer sans eux. Les centres de calcul souffrent des mêmes défauts : équipe nombreuse et coûts fixes élevés.

(Au Web Lab) il n'y a pas de salarié à plein temps. Les étudiants de premier et deuxième cycles ont fait le principal des développements. L'équipement a une vie limitée, mais les achats de matériels ont été synchronisés avec le subventionnement. Les ordinateurs sont gérés par le Center for Advanced Computing de Cornell, qui propose un service de base payant, pour le moment environ 25.000 $ l'an. Ainsi tant que cette facture est acquittée, le laboratoire peut survivre à une absence de fonds de plusieurs années.

3. Extraire des sous-collections gérables

(..) En pratique, nous nous sommes aperçus que peu de gens mènent des recherches sur le Web dans son entier. La plupart des chercheurs font des analyses détaillées sur des sous-collections, pas sur un balayage complet. (..)

4. Aller au-delà de la communauté académique

La communauté académique a des capacités limitées pour développer et maintenir les logiciels complexes utilisés par la recherche sur les grandes collections. Nous devons donc être prudents sur l'endroit où placer nos efforts et flexibles pour l'utilisation de logiciels issus d'autres sources. (..)

Pour les recherches conséquentes sur les données, les développements récents les plus importants sont sur l'open source pour les batteries d'ordinateurs bon marché. C'est une réponse aux besoins de l'industrie de l'internet qui emploient des programmeurs d'expertises et expériences variées pour construire de très grandes applications sur des regroupements d'ordinateurs disponibles. (..)

5. S'attendre à ce que les chercheurs comprennent l'informatique, mais ne pas leur demander d'être experts

6. Rechercher la généralisation, mais se défier de l'uniformisation

(..) Des mots comme « workflow », « provenance », « dépôt » (repository), et « archive » n'ont pas un seul sens, et la recherche d'approches globalisantes tend à occulter les vraies différences entre les domaines. (..)

Autant il y a un danger à perdre son énergie en construisant trop tôt des outils génériques, autant il est également anti-économique de ne pas bâtir des outils standards pour les tâches courantes, une fois un domaine stabilisé. (..)

7. Maîtriser les opérations en local pour la flexibilité et l'expertise

Il est facile d'être séduit par l'informatique dans les nuages et les super-centres de calcul, mais les arguments en faveur d'une maîtrise locale des opérations sont plus forts. (..) Si une université veut rester à la pointe, il faut que ses idées proviennent de son expérience pratique. (..)

Ajout du 26 mai 2009

Voir aussi sur un sujet proche :

Lynne Siemens, ‘It's a team if you use "reply all" ’: An exploration of research teams in digital humanities environments, Literary and Linguistic Computing Advance Access originally published online on April 13, 2009, Literary and Linguistic Computing 2009 24(2):225-233; ici

Repéré par le TGE-ADONIS qui propose le résumé en français ()

mardi 12 mai 2009

Super-archithécaire

Cette délicieuse vidéo signalée par James Turner à faire circuler absolument :


Digital Preservation and Nuclear Disaster: An Animation

jeudi 09 octobre 2008

Bibliothèques, emploi et crise

J'ai assisté ces derniers temps à plusieurs réunions sur l'avenir des institutions et des professions des bibliothèques et de l'information en Amérique du nord. Voici quelques impressions et réflexions sur le sujet.

Si l'on en croit Don W. King, professeur associé à l'École des sciences de l'information et des bibliothèques en Amérique du nord qui mène une enquête sur l'avenir des bibliothécaires sur le marché du travail aux États-Unis, les bibliothèques ont eu un développement très contrasté selon leur statut ces dernières années. Entre 2002 et 2007, le nombre de bibliothèques publiques a augmenté de 25%, le nombre de bibliothèques universitaires de 7,7%, tandis que le nombre de bibliothèques spécialisées a diminué de 12,2% (Pour mes lecteurs français : une «bibliothèque spécialisée» aux US n'a pas vraiment d'équivalent en France. Le plus proche serait sans doute un gros centre de documentation). On trouvera une présentation de l'étude pour les bibliothèques spécialisées sur un diaporama présenté au dernier congrès de la SLA le 16 juin dernier ici. L'étude de la fréquentation donne des tendances comparables avec une forte augmentation pour les bibliothèques publiques, une augmentation moins importantes pour les bibliothèques universitaires (en réalité une augmentation de la fréquentation des étudiants et une baisse des professeurs et des chercheurs) et une nette baisse de la fréquentation des bibliothèques spécialisées.

Le contraste est donc très fort entre une très bonne santé pour la lecture publique et une crise pour les bibliothèques spécialisées. La crise économique risque d'accentuer encore le fossé. En effet, l'augmentation de la fréquentation des bibliothèques publiques, traditionnelle aux US en temps de crise, est déjà sensible. Ces bibliothèques jouent un important rôle social et, tout simplement, le pouvoir d'achat diminuant les lecteurs préfèrent emprunter ou consulter qu'acheter. Inversement, les entreprises étant amenées à faire des économies, les demandes de documentation spécialisée ou tout simplement les centres de documentation dans les organisations vont se réduire et cette réduction sera encore accentuée par l'offre dans le cloud computing..

L'explication générale est sans doute une nouvelle fois à chercher du côté du numérique. La recherche spécialisée se fait aujourd'hui directement sur le Web. Cela ne signifie pas nécessairement une diminution de la demande de professionnels spécialisés mais à coup sûr une transformation de leurs fonctions et leurs statuts, à vrai dire un éclatement. Le vice-président des services d'information et bibliothécaire de Columbia University (NY) (son titre est déjà révélateur), James G. Neal, présente, par exemple ainsi ses futurs besoins :

Le diaporama complet est accessible ici.

L'opposition des deux tendances est source de tensions déjà sensibles dans les associations professionnelles et la formation. Ainsi l'ASIST, qui représente la partie plus «sciences de l'information» de la profession est tentée de construire son propre système d'agrément des formations pour concurrencer celui de l'ALA qui domine très largement en Amérique du nord. Déjà le mouvement des iSchools qui regroupe plusieurs grosses écoles nord-américaines a montré la voie. Son rêve est sans doute de bâtir un master en information sur le modèle du MBA en management.

Des provinces comme le Québec, quantitativement moins peuplées et où l'intégration des professions depuis les bibliothèques jusqu'aux archives en passant par la documentation et le numérique est effective depuis longtemps déjà, pourraient tirer leur épingle du jeu en se servant de ces tensions non comme une source de division, mais comme une émulation forte. C'est pourquoi l'EBSI a contacté les associations professionnelles et les principaux employeurs en vue de l'organisation d'États Généraux de la profession. Cette proposition a été très bien reçue, j'aurai l'occasion d'en reparler.

jeudi 21 août 2008

Pour un «réseau de confiance» de l'accès aux images

André Gunthert reproduit une version préparatoire des recommandations issues du colloque "Scholarly Publishing and the Issues of Cultural Heritage, Fair Use, reproduction fees and Copyrights", Max Planck Institute for the History of Science, Berlin, 11 janvier 2008.

Début (trad JMS) :

Les pratiques éditoriales des sciences exactes et des sciences humaines divergent rapidement. Les premières basculent vers des formes internationales de publications électroniques, abandonnant le monde traditionnel de l'imprimé. Aujourd'hui, les sciences humaines sont mal préparées pour adopter les nouvelles pratiques de publications que promeuvent celles-ci, malgré le potentiel qu'elles ouvrent pour des travaux inédits aussi bien dans un domaine que dans l'autre.

Les scientifiques en SHS, particulièrement ceux qui s'intéressent aux images sont confrontés à des restrictions multiples. Un entrelacement confus de politique d'accès aux images, à leur reproduction, et au droit de citation dans le patrimoine culturel est de nature à entraver la recherche et la publication dans les sciences humaines.

Pour des raisons variées, de nombreux musées, bibliothèques, entrepôts d'images réduisent leur accès aux collections d'images. Par exemple, les conservateurs ont peur des fraudes ou des attributions erronées s'ils ouvrent librement l'accès à leurs images et entrepôts patrimoniaux.

Pour encourager la créativité en sciences humaines et pour favoriser une meilleure connaissance du patrimoine culturel, les conservateurs et les scientifiques doivent travailler ensemble d'une façon nouvelle. Dit simplement, nous avons besoin d'une politique de libre accès aux images qui ne sont pas couvertes par le droit d'auteur.

Les recommandations qui suivent lancent un défi autant aux chercheurs qu'aux responsables d'entrepôts d'images. L'objectif de ce document est de construire un Réseau de confiance à l'ère numérique.

Joli projet. La suite :

André Gunthert, “Best Practices for Access to Images: Recommendations for Scholarly Use and Publishing,” Actualités de la Recherche en histoire visuelle, 22août 2008, ici.

Voir aussi sur la même thématique, la version préliminaire de son article :

André Gunthert, “La publication scientifique en ligne face aux lacunes du droit français,” Actualités de la Recherche en histoire visuelle, Août 22, 2008, .

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