Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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jeudi 17 mai 2012

Facebook : Take the money and run...

J'ai déjà eu l'occasion (ici ou ) de montrer combien les entreprises du web suivies sur ce blogue étaient pilotées par les ingénieurs-managers sur le dos des actionnaires-spéculateurs les plus naïfs, les plus malins récupèrent aussi le jackpot. L'entrée en bourse de Facebook est une nouvelle illustration d'un fonctionnement dont le moins que l'on puisse dire est qu'il a perdu toute rationalité économique et morale, comme le montre un récent article de La Tribune. A cette occasion :

  • Marc Zuckerberg va récupérer personnellement plus de 1 Mds de $.... pour payer ses impots, en vendant quelques actions tout en conservant 58,8% des droits de vote ;
  • Peter Thiel, fondateur de PayPal compagnon du précédent depuis 2004 dont j'ai déjà eu l'occasion de souligner les opinions libertariennes, va céder pour plus de 200 millions de dollars d'actions (il aurait en réalité vendu 1/3 de sa participation pour 640 M de $...) ;
  • Le fonds Accel Partners, au capital depuis 2005, un an après le lancement du réseau social, se déleste de 20% de ses titres, pour un montant de l'ordre du milliard de dollars ;
  • Le fonds russe DST de Yuri Milner vend aussi 28% de ses parts pour plus de 800 millions et la société Internet russe Mail.ru cède également pour 350 millions (c'était prévu).
  • La banque Goldman Sachs vend aussi une douzaine de millions d'actions, un autre compère dont les opérations douteuses avaient déjà aussi été pointée sur ce blogue.

Dans le même temps, nous savons que les résultats financiers de la firme sont préoccupants et General Motors vient d'annoncer le retrait de son budget publicitaire faute d'efficacité.

Bien sûr, la réussite en terme de services et de couverture de la firme est toujours très impressionnante. Mais le contraste avec la réalité économique immédiate est inquiétant. Et surtout le gouffre entre les comportements et les discours lénifiants sur le web est abyssal.

18-05-2012

Libé : Dans le grand bain de la bourse, Facebook fait un plat

Facebook a récupéré dans l’opération 6,84 milliards de dollars, sur une opération totale de quelque 16,02 milliards de dollars, le solde revenant à des actionnaires initiaux.

11-06-2012

Pour une défense argumentée, mais discutable de FB, voir :

[Opinion Facebook : les marchés font preuve de passéisme !|http://blog.lefigaro.fr/medias/2012/05/opinion-les-marches-sont-passeistes.html] de MC Beuth

22-08-2012

Acte 2 :

« Les principaux actionnaires de Facebook ont commencé à revendre leurs titres, Actualités », Les Echos

mercredi 25 avril 2012

Trimestre contrasté pour Apple, Google et Facebook

Le premier trimestre des trois entreprises que je suis dans ce blogue a été plutôt contrasté, confortant les tendances déjà notées. Rien à changer donc pour l'analyse.

Nouveau succès pour Apple

Une nouvelle fois Apple annonce un succès explosif pour le premier trimestre de cette année civile : 39,2 Milliards de $ de CA, 11,6 Milliards de profit. Le contenu ne représente toujours qu'une part très réduite des rentrées financières (5,5%), trois fois moins que la vente d'iPads et surtout dix fois moins que la vente d'iPhones qui se maintient à un niveau très élevé et fait plus de la moitié du CA de la firme.

En chiffre absolu, la vente de contenu par Apple représente pour la firme 2,1 Milliards de $ pour ce trimestre.

Maintien de Google

Le premier trimestre de ''Google'' a aussi été bon avec un ralentissement saisonnier peut-être un peu plus marqué que d'habitude. Le chiffre d'affaires s'est élevé à 10,6 Milliards de $ toujours réalisé à 96% par la publicité et la répartition entre les sites internes et externes n'a pas vraiment bougé. La recentrage voulu par Larry Page ne se lit pas encore dans les comptes.

Voilà le graphique actualisé. CA-Google-Q1-2012.png

Incertitude pour Facebook

Malgré les articles et analyses favorables à la veille de son entrée en bourse (ici), la situation de Facebook est plus incertaine. Ce trimestre montre une baisse nette de son chiffre d'affaires (1Mds pour ce trimestre), supérieure à ce que l'on pourrait attendre des variations saisonnières, en particulier face à la croissance toujours très forte de son implantation et de son activité qui induit forcément des coûts de structure en augmentation sans, semble-t-il, générer de rentrées proportionnelles.

Le partage entre ressources publicitaires et ressources dues au paiement ne semble pas avoir évolué de façon significative. Voilà le graphique actualisé.

CA-Facebook-Q1-2011.png

Actu 16-05-2012

Facebook n'est pas forcément l'affaire du siècle

vendredi 20 avril 2012

Gouvernance et données ouvertes

Le prochain séminaire en architecture de l'information se tiendra le vendredi 27 avril de 13h30 à 17h à l'IXXI à Lyon (plan) avec la présentation de deux intervenantes qui confronteront leur expérience de chercheuse et de terrain.

Open data : consensus déceptif ou levier de changement politique ?

Valérie Peugeot, chargée de recherche en prospective au sein du laboratoire de Sciences Humaines et Sociales d'Orange Labs.

L'open data est un phénomène encore récent et pourtant cet objet politique ne cesse d'étonner : rares sont les innovations institutionnelles à connaître un rythme d'adoption aussi rapide et à bénéficier d'un tel consensus sur l'échiquier politique mondial. L'analyse des intentions véhiculées par les promoteurs de l'open data permet de décrypter les racines intellectuelles et politiques de ce mouvement avant d'en évaluer les premiers effets réels, tels qu'observés au cours d'un terrain mené au Royaume-Uni en 2010-2011. Préalable indispensable au moment où l'open data déborde du champ de la stricte donnée publique pour aborder les territoires de la donnée d'entreprise et de la donnée personnelle, sur toile de fond de big data.

Rennes : Open data et collectivité locale

Bernadette Kessler, responsable du service Innovation Numérique à la ville de Rennes et à Rennes Métropole

Nous cherchons à Rennes à trouver des solutions qui permettent :

  • de garantir la pérennité des applications pratiques réalisées dans le cadre de l'open data,
  • de sensibiliser les habitants et les associations à l’intérêt de ce programme par la diffusion de visualisations des données (partage de la connaissance) et le lancement d'opération de croud sourcing,
  • de nous donner les moyens de faire de l'open data un levier d'animation du territoire,
  • de favoriser l'utilité sociale de l'open data et son rôle dans le développement du débat public.

Ce séminaire clos la saison 2011-2012. Nous testons pour la saison prochaine une autre forme de séminaire, plus proche du webinaire. A suivre donc.

jeudi 19 avril 2012

Instagram, pique et pique et colegram

Beaucoup d'observateurs se sont esbaudis ces derniers jours du prix payé par Facebook pour l'achat de Instagram (1 Milliards de $), se sont interrogés sur les subtilités stratégiques de cette acquisition ou encore se sont inquiétés des conséquences sur le service rendu aux usagers.

Mais plusieurs articles de la presse US qui éclairent les détails de cette transaction (NYT, WSJ, repérés par Le Monde) montrent aujourd'hui qu'il s'agit surtout d'un tour de passe-passe du Pdg de Facebook qui illustre jusqu'à la caricature la thèse présentée ici même dans un billet précédent sur le pouvoir absolu des ingénieurs managers (voir d'ailleurs dans le même temps une autre illustration chez Google Libé).

Instagram ne sera pas payée 1 Milliards de $

Sur la base d'un prix de 1 Mds, le rachat de la firme s'est fait pour 30% en cash et 70% en actions. Cela signifie qu'aujourd'hui dans ce deal personne ne peut dire combien vont toucher les propriétaires d'Instagram, mais Facebook, lui, ne paiera "que" 300 Millions de $.

La valeur finale du prix touché dépendra donc de la valeur des actions de Facebook qui doit entrer en bourse mi-mai. Il semble que le deal se soit construit sur une valorisation de 75 Mds, en dessous des prévisions actuelles des observateurs actuellement à 100 Mds. Il est donc possible que les vendeurs touchent plus que le milliard promis.

D'un autre côté, le cout payé par Facebook, 300 Millions, n'est pas une si mauvaise affaire puisqu'Instagram était valorisée juste avant l'opération à 500 Millions sur le second marché.

Ainsi les dirigeants des deux firmes touchent le jackpot, sur le dos des spéculateurs boursiers. Le vendeur en récupérant un joli pactole, l'acheteur en ajoutant au portefeuille de son entreprise des services complémentaires aux siens à un coût intéressant. Mieux en attirant l'attention sur Facebook à un moment propice, on favorise sa valorisation à venir. Ce qu'on appelle dans les affaires du win-win.

Les deux compères

Il est un peu vain alors, je crois, de tenter une analyse stratégique sophistiquée de cette histoire, qui ressemble plus à une combine qu'à un choix entrepreneurial.

L'opération, racontée par le WSJ, s'est réglée en un week end, dans un quasi tête à tête entre Mark Zuckerberg, 27 ans, et Kevin Systrom, 28 ans. Le premier détient 28% des actions de sa société, mais contrôle 57% des votes. Le second détient 45% des parts de la sienne. Tous les deux sont donc très directement intéressés, et n'ont pas besoin de l'aval de leurs investisseurs pour prendre des décisions. Du moins aujourd'hui.

Selon le WSJ, le pdg d'Instagram aurait demandé d'abord un prix de 2 Mds de $. Voilà l'argumentaire de la négociation selon le WSJ (trad JMS) :

On raconte que M. Zuckerberg, qui envisageait de payer principalement en actions, a demandé à M. Systrom ce qu'il pensait de la valeur de Facebook. S'il croyait qu'un jour Facebook vaudrait autant qu'une société comme Google, 200 Milliards ou plus, alors l'équivalent de 1% de Facebook serait suffisant pour atteindre son prix.

C'était un argument comme un autre, sachant que la façon traditionnelle d'évaluer une société, par son cash-flow ou la somme de ses parties, est sans fondement quand la société ne propose qu'un produit et le donne gratuitement.

Ce dernier paragraphe sonne curieusement dans un tel journal. Il montre à quel point la finance est fascinée par la croissance explosive en activité des médias sociaux. Croyant sans doute à un futur âge d'or de l'exploitation des données personnelles, elle a perdu tout esprit critique.

Drole de monde. En attendant, certains gamins astucieux savent profiter de la situation.

Bourre et bourre et ratatam...

mercredi 28 mars 2012

Architecture de l'information pour les SHS

Le prochain séminaire en architecture de l'information se tiendra le vendredi 6 avril de 13h30 à 17h à l'IXXI à Lyon (plan) avec la présentation de deux intervenants disposant d'une expérience forte dans le montage de services sur le Web pour la recherche en SHS.

Culture Visuelle, paradoxes d'une expérimentation en digital humanities

André Gunthert, maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), il dirige le Laboratoire d'histoire visuelle contemporaine (Lhivic)

La plate-forme de blogs Culture Visuelle a été créée en 2010, pour mettre à disposition des chercheurs un outil spécialisé dans la gestion de contenus multimédia. Deux ans plus tard, les principaux résultats de cette expérience montrent que les ressources du dispositif, largement sous-employées, ne sont d'aucune utilité en dehors d'un contexte de recherche et d'une communauté fortement soudée. Se heurtant à d'importantes résistances académiques, l'usage scientifique élaboré des outils numériques conserve un caractère d'exception.

Labos digitaux - exposer les données de la recherche

Sophie Pène, directrice de la recherche à l'Ecole nationale supérieure de création industrielle

Deux expériences de création et d'animation rédactionnelle ( 2006, à l'université Paris Descartes, la plateforme René Des Blogs, devenue les Carnets.2, avec10 000 comptes - 2009, sur Hypothèses.org, un blog de recherche, Paris Design Lab) sont le matériau proposé pour une réflexion sur les blogs SHS. Cette fraîche littérature grise est à coup sûr une remarquable activité discursive, qui transforme nos façons de faire de la recherche. Se pose la question de l'architecture de ces “big data”, la cité savante devenant une cité informationnelle, et se devant d'aménager sa visibilité pour un large public. Comment nos communautés SHS pourront-elles aborder le difficile chantier de la visusalisation de données, et passer ainsi d'une communication sur le quotidien de la recherche à une véritable exposition de recherche, comprenant les médias sociaux généraux et dédiés, le curating scientifique et politique ? Un travail en cours avec l'artiste Pierre Giner, pour le Labex Création Arts et Patrimoine, servira d'étude de cas, quant aux liens entre événements de recherche (colloque, conversations), rédaction de carnet et , véritablement, exposition, dans des lieux numériques qui sont aujourd'hui nos véritables laboratoires.

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