Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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vendredi 26 janvier 2007

Un "Pitbull" contre le libre-accès

Nature signale que l'Association américaine des éditeurs (AAP), sous l'impulsion semble-t-il des éditeurs scientifiques Wiley et Elsevier, s'est adjoint les talents d'un cabinet de relations publiques pour contrer les arguments en faveur du libre accès à la science.

Il s'agit du même cabinet qui a lancé une campagne contre GreenPeace pour le compte de ExxonMobile (Esso). Il est décrit comme le "Pitbull des relations publiques".

Voici quelques arguments proposés pour la campagne :

The consultant advised them to focus on simple messages, such as "Public access equals government censorship". He hinted that the publishers should attempt to equate traditional publishing models with peer review, and "paint a picture of what the world would look like without peer-reviewed articles".

Tout ceci me laisse penser que les partisans du libre accès marquent des points ;-).

Vu chez P. Suber qui collecte aussi les très nombreuses réactions.

jeudi 25 janvier 2007

Le livre, malade imaginaire ?

En tous cas, bien des médecins et des membres de la famille se penchent sur son cas en France.

Le Centre national du livre a lancé l'année dernière une réflexion baptisée Livre 2010 : Réflexion(s) sur l'avenir du livre (le "s" entre parenthèse est de mon fait car il est intermittent sur le site du CNL..). On trouvera ici les compte-rendus, à l'intérêt variable, de cinq des neufs table-rondes tenues à cet occasion. Le tout doit se conclure par un colloque national en février. Le CNL dispose d'un budget provenant notamment des redevances sur la reprographie et il s'interroge parfois sur son utilisation..

Et, sans doute parce qu'il doit penser qu'on n'y verra pas plus clair, le président de la commission des affaires culturelles du Sénat a décidé de se pencher sur l'avenir du livre :

La commission entendra tous les acteurs de la chaîne du livre (auteurs, éditeurs, critiques littéraires, libraires, bibliothécaires et responsables locaux) afin de prendre la mesure des problèmes de ce secteur compte tenu de l'évolution des pratiques de lecture et des mutations technologiques et économiques liées à l'internet et à la concurrence des nouveaux médias.

Ces travaux se dérouleront au cours du premier semestre 2007 et donneront lieu à la publication d'un rapport d'information. (repéré grâce à G. Auburtin, merci à lui)

On peut penser que le Sénat pourrait mieux dépenser l'argent public.

En réalité, même si le chiffre d'affaires de l'édition a baissé de 1% l'année dernière, si la vente de livres en ligne continue de croître (Voir article du Monde), si, pour la énième fois, la polémique fait rage sur les blogs et ailleurs, sur la place des auteurs et des libraires, la situation est, me semble-t-il, plutôt bonne financièrement pour bon nombre d'acteurs, pas tous sans doute mais c'est le lot des affaires.

Et le plus frappant n'est pas la menace qui pèserait sur le livre, mais au contraire l'impressionnante longévité, fonctionnelle et culturelle, de ce média qui tranche avec ses cousins du son et de l'image.

Le CES, comme si vous y étiez allé

Pour étoffer très sérieusement les impressions citées dans un précédent billet, notamment sur les paradoxes de la convergence :

Olivier Ezratty, consultant, de retour du Consumer Electronics Show de Las Vegas, qui avait lieu entre le 8 et le 11 janvier 2007, en propose un compte-rendu de.. 162 pages. Il démarre par une synthèse analytique enlevée et enjouée de 8 pages et se poursuit en développant les tendances sur les technologies suivantes, je cite son billet :

  1. Vidéo et télévision: panorama sur les PVR et autres Media Centers, l’IPTV, la VOD.
  2. Affichage: les écrans plats, la vidéo-projection, les résolutions et formats extrêmes, des approfondissements sur les scalers.
  3. Audio: l’écosystème de l’iPod et celui des écrans plats, les amplis, les enceintes, les caissons de basse, la voiture. Avec un point sur l’autocalibrage des installations.
  4. Mobilité: les mobiles et le wifi, la télévision, le multimédia et gadgets en tout genre.
  5. Photo: évolution des appareils, les cadres photo numériques.
  6. Ordinateurs personnels et composants: les PC, le stockage, les périphériques de saisie.
  7. Jeux: Xbox vs PS3, le renouveau du PC.
  8. Domotique: les mégamotes, les courants porteurs, les réseaux wifi domotiques, les robots domestiques.
  9. Energie et environnement: batteries, économies et gaspillages d’énergie, éclairage

Merci à lui de nous faire partager ses découvertes et impressions !

Repéré par Leafar

lundi 22 janvier 2007

Gratuité et industries de la mémoire

À l'occasion du MIDEM 2007, le débat sur la gratuité et les DRMs rebondit encore. Voici quelques réactions, suivies d'une mise en perspective à partir des thématiques de ce blog.

Extrait d'un article de Libération : L'industrie du disque en plein jeu de pistes, Christophe Alix, Libération lundi 22 janvier 2007.

Si l'on «ne peut jamais faire mieux que zéro dollar pour toute la musique du monde», comme ironise un participant, autant imaginer de nouveaux modes de financement. Le «futurologue» Jacques Attali est venu prophétiser une musique 100 % gratuite pour le consommateur, où les enregistrements seront une sorte de produit d'appel pour les concerts, payants. «Tout ce qui est du ressort du numérique sera gratuit. Ce sont les autres expériences musicales, c'est-à-dire celles qui ne sont pas duplicables à l'infini, que l'on fera payer», a ajouté Chris Anderson (directeur de la rédaction du magazine américain Wired). Ce dernier pronostique un morcellement quasi-infini du marché autour d'une multitude de références, avec la disparition des maisons de disques sous leur forme actuelle. De géants du Web comme Yahoo à une kyrielle de petits acteurs des réseaux P2P, du mobile ou du disque, ils sont nombreux à considérer que la publicité sera, demain, la première source de revenus de la musique.

Christian Nitot, fait remarquer de son côté que les DRMs ont aussi des inconvénients en matière de stratégie industrielle. Extrait de son billet :

Seulement voilà, devant le succès d'Apple et son modèle fermé, l'industrie se retrouve coincée : elle doit composer avec la firme à la pomme, et ça pose des problèmes. On se souviendra des conflits autour du prix des chansons, où Steve Jobs a réussi à maintenir le prix unique de 99 centimes l'unité, contre l'avis des majors. Depuis les distributeurs, (les disquaires) se retrouvent évincés. Apple, cette aide providentielle, s'est transformée en monstre plus puissant que son maître.

Enfin, on appréciera cet édifiant et savoureux dialogue, à l'ouverture du MidemNet entre le président de la RIAA (Recording Industry Association of America), Mitch Bainwol, et le président de la CEA (l'Association d'électronique grand public), Gary Shapiro, rapporté par Coolfer :

Bainwol: "Technology is the basis of our future. We have to be able to monetise product and, every time we try, you want to make it available for free so people can buy devices. Gary stretches the concept of fair use to the point where the notion of ‘fair’ has been eliminated. You have to protect the market value. Gary wants to morph fair use into a concept that justifies any consumer behavior to the point where you eliminate the value of property. ... Gary takes a concept, morphs it, makes us look like we’re evil."

Shapiro countered: "I don’t make you look evil - your lawsuits against old people around the country make you look evil. You’re very good at paraphrasing things I never said."

Via Ratatium

Nous nous trouvons bien dans un dialogue de sourd où deux volets de l'industrie ont des intérêts apparemment divergents. Néanmoins, il me semble qu'à partir du pentagone présenté dans un précédent billet, il serait possible d'avancer plus loin et plus vite par une meilleure compréhension de la réalité de l'industrialisation de notre mémoire collective.

Dans ce raisonnement, le Web-média est un modèle intermédiaire entre la radio-télévision et la bibliothèque, comme la presse est intermédiaire entre l'édition et la radio-télévision. Comme intermédiaire, il prend des éléments à l'un et l'autre et on peut en déduire plusieurs observations :

  • La gratuité, ou quasi-gratuité, pour le consommateur se trouve aussi bien dans les bibliothèques que dans la radio-télévision. Il est logique que l'on retrouve cette caractéristique dans le Web-média.
  • Le financement peut-être mixte, par la collectivité (publique ou fondation) comme les bibliothèques et une partie de la radio-télé et par la publicité, comme la radio-télévision.
  • Cela ne signifie pas que les propriétaires de droits ne sont pas rémunérés, en droit de diffusion, par programme ou globalement, ou en droit de prêts, globalement.
  • Le fair-use s'applique, mais dans des circonstances clairement déterminées. De même pour la copie privée.

Sans prétendre avoir trouvé la martingale, il me semble que ce pentagone fournit un cadre de raisonnement plus précis et raisonnable. Tout comme la presse prend des éléments dans les deux modèles qui l'entoure (rémunération à la vente et à la publicité ; gestion du temps semi-continue..), l'économie du Web-média s'installe à mi-chemin entre les bibliothèques et la radio-télévision.

vendredi 19 janvier 2007

Convergence, convergences ?

Il n'y a pas que Apple qui s'intéresse au couteau suisse mémoriel. La plupart des fabricants se sont retrouvés comme chaque année à`Las Vegas au Consumer Electronics Show (CES), la grand messe de l'électronique "grand public". Conclusion : le consommateur risque d'avoir du mal à s'y retrouver entre les marques et les lames des couteaux. On s'achemine plutôt vers une bataille sévère avec sans doute des victimes industrielles.

J'ai choisi deux compte-rendus pour leur simplicité et leur recul :

Le dossier de l'Atelier. Extrait du sommaire :

Cette année, un maître mot s'est imposé: convergence. Maison numérique, tablettes multifonctions, quelles sont les nouveautés qui jalonneront l'année 2007?

Dans ce dossier vous découvrirez la SlingBox, qui promet flexibilité et liberté dans notre manière de consommer les médias, mais aussi le human network, la vision des grands d'aujourd'hui, Dell et Cisco, sur le Web de demain.

Sans oublier le serveur familial de Microsoft qui permettra de réunir dans un unique système toutes les données d'un même foyer, et les nouvelles applications mobiles de Nokia, qui élargissent l'univers des possibilités de nos appareils portables.

L'analyse de Éliane Fiolet et Hubert Nguyen, présentée sur Transnets. Extrait :

Les consommateurs seront connectés entre eux par des services comme YouTube. L’industrie adore le «user-generated-content » (contenu généré par les utilisateurs), car derrière ces beaux discours de communauté, c’est bel et bien du contenu gratuit et rémunéré par la publicité dont on parle. Pour l’instant, les tentatives sont maladroites et les démonstrations peu convaincantes car ni l’intégration des services, ni la qualité du contenu (vidéo, notamment) n’est au rendez vous.

La vue d’ensemble est que pratiquement tous les grands constructeurs se préparent à créer une « plateforme » (de préférence fermée) sur laquelle les appareils digitaux de la marque communiquent. Chacun essaie de le faire à sa manière en suivant l’exemple d’Apple qui le réussit brillamment avec iTunes et les iPods.

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