Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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samedi 09 décembre 2006

Dérive des éditeurs scientifiques français

Nicolas Morin, bibliothécaire à l'Université d'Angers, constate l'offre et la stratégie catastrophiques des éditeurs scientifiques français en ligne.

Voici la conclusion de son billet :

Bref, les fournisseurs français de documentation électronique sont globalement les plus timorés dans leur offre (la quantité et la qualité des contenus proposés sont faibles), les moins professionnels dans leur démarche technique (les plateformes sont catastrophiques), les plus déraisonnables dans leur démarche commerciale. Un vrai bonheur, de travailler avec eux.

Comme me l’a dit une fois un éditeur américain qui cherchait des partenaires pour proposer des contenus francophones: “je les déteste” (en français dans le texte).

J'ajouterai ceci : les auteurs scientifiques français ont une lourde part de responsabilité dans cette situation en acceptant sans hésitation de publier dans de telles maisons. La grande majorité des auteurs scientifiques français que je connais ne se préoccupent que des titres qu'ils pourront ajouter dans leur bibliographie personnelle sans se soucier de la diffusion et donc de la lecture de leurs travaux, qui est alors quasi-nulle du fait des carences indiquées des éditeurs. Pire, nombre de seniors acceptent sans vergogne, ni réflexion sur la diffusion, des responsabilités de collection, se faisant les complices objectifs de ces dérives. Plus ils sont hauts dans la hiérarchie éditoriale, plus cette complicité est d'ailleurs rémunérée.

Nous sommes une poignée à dénoncer cette situation depuis longtemps.. en prêchant dans le désert. Les réponses que j'ai pu lire à nos interpellations sont affligeantes et montrent une totale absence de réflexion. L'argument principal est : « puisque les autres, et en particulier les seniors, le font, pourquoi ne le ferais-je pas ? »

C'est la version moderne de l'histoire des moutons de Panurge..

Ne serait-il pas temps de réagir ?

vendredi 01 décembre 2006

Générations : divergence ou compromis

À l'occasion de la consultation en cours sur la télévision directe, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes a fait réaliser plusieurs études qui sont accessibles en ligne. Parmi celles-là, il a demandé à un cabinet de conseils (Solutions Research Group) une analyse des habitudes d'usage de la technologie numérique de l'information et des tendances en matière de médias et de divertissements (rapport). L'ensemble constitue à la fois une mine d'informations et une photographie formant une synthèse très éclairante de la situation canadienne.

Pour ce billet, je m'en tiendrai à ce tableau qui montre clairement la différence de pratiques qui s'est installée entre les générations :

On peut en tirer deux leçons pour l'avenir qui dessinent deux tendances contradictoires sur deux tranches de populations clés :

  • Les jeunes de 12-29 vont vieillir et il est peu probable qu'ils changent leurs habitudes. Mieux ou pire, l'évolution du numérique va se poursuivre, vraisemblablement favorisant des pratiques de plus en plus individualisées, mobiles et autonomes. Cette génération arrive sur le marché du travail et va peser de plus en plus sur les consommations
  • Les baby-boomers de 55-65 partent à la retraite. Ils ne changeront eux aussi que peu leurs habitudes de consommation plus collectives. Ils auront plus de temps, voudront profiter de l'argent qu'ils ont économisé. Celui-ci sera en partie injecté dans les marchés culturels et informationnels, mais aussi pour une part dans des fondations ou donations favorisant l'innovation et vraisemblablement le numérique ouvert.

Il est bien difficile de lire dans le marc de café. Je pencherais pour un compromis entre ces deux générations qui pourraient se rejoindre dans le pilotage d'une culture post-moderne. Quoi qu'il en soit, il est sûr que nous allons vers des changements majeurs. Pour les sceptiques, voici un autre tableau tiré de la même étude :

mercredi 29 novembre 2006

Le pentagone de l'industrialisation de la mémoire

Il y a très longtemps que je voulais compléter ce tableau. Et, faute de temps mais aussi sans doute faute d'une situation suffisamment éclaircie, le travail a trainé.

Il s'agit de l'extention d'un tableau publié initialement dans l'ouvrage : Bernard MIEGE, Patrick PAJON, Jean-Michel SALAUN, L'industrialisation de l'audiovisuel, des programmes pour les nouveaux médias, Paris, Aubier, 1986.

Et depuis repris sous différentes formes et extensions dans des travaux variés, par exemple pour une présentation rapide ici.

Mon objectif est de montrer que notre mémoire documentaire collective passe par un processus d'industrialisation qui configure un certain nombre de modèles stables : L'édition, la presse, le flot (radio-télévision), la toile (Web-média), la bibliothèque.

Ces modèles forment une continuité par la relation économique et temporelle qu'ils entretiennent avec le lecteur, le document (les deux termes étant pris dans un sens générique) et la collectivité.

Mais les modèles sont aussi distincts, car il y a entre eux des ruptures radicales :

  • rupture de marché entre l'édition et la presse (lecteur vs annonceurs),
  • rupture de produit entre la presse et le flot (objet vs signal)
  • rupture de relation entre le flot et la toile (unidirectionnel vs bidirectionnel)
  • rupture de produit entre la toile et la bibliothèque (signal vs objet)
  • rupture d'appropriation entre la bibliothèque et l'édition (collective vs individuelle)

Bien sûr, il se trouve de nombreuses situations intermédiaires, de très nombreux croisements. La situation sur la toile est encore loin d'être stabilisée. Mais il me semble cela n'infirme pas cette présentation générale.

Le tout est résumé sur ce tableau et ce schéma. Le tableau est un aplat du pentagone, en réalité il faudrait le lire comme un cylindre à cinq faces. À chaque face correspond un modèle, les arêtes marquent les ruptures

L'ensemble demanderait de longs développements et sans doute bien des ajustements que je réserve pour plus tard. Mais cela me parait une présentation des mouvements actuels très suggestive.

lundi 27 novembre 2006

Les médias canadiens face au Web

L'actualité canadienne est en ce moment très fertile en réflexion sur l'état, plutôt bon dans le pays, des médias et le défi du Web.

Ainsi, à l'occasion du congrès de la fédération professionnelle des journalistes du Québec qui s'est tenu les 24-25 novembre, une revue a été publiée dans laquelle on trouvera de très nombreuses informations et analyses sur le "Far Web", titre du congrès : marché publicitaire, évolution de la profession, diversification, e-paper, présentation des groupes de presse, etc.

Aujourd'hui, 27 novembre, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes a ouvert son audience sur le "cadre réglementaire de la télévision en direct" (discours d'ouverture, avis d'audience publique). Il s'agit de consulter pour réviser la politique concernant la télévision qui date de 1999. Un certain nombre de contributions ont déjà été envoyées, notamment celle de Radio-Canada qui donne en 63 pages une analyse claire de la situation et des défis à venir, à la fois pour le financement de la télévision publique et pour le passage à la haute définition.

Enfin, il faut aussi signaler l'important rapport sur les médias canadiens du Sénat, présenté en juin 2006 (vol 1, vol 2 annexes). Une vision plus globale et politique de la situation.

Du papier sur le Web

Repéré grâce à Sylvie Dalbin, cet étonnant codex virtuel : une revue numérique, clonée du papier grâce à un nouveau format de présentation, dont ce numéro est consacré.. au Web 2.0.

La quintessence de la convergence ou de la confusion des genres, je ne sais, en tous cas un objet virtuel bien surprenant.

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