Pour alimenter la réflexion des deux derniers billets, sur le positionnement stratégique des firmes et la nécessité de repenser les notions de liberté individuelles et sans doute aussi de service public dans le monde documentaire (ici et ), l'actualité est très riche en ce moment. Les annonces se succèdent. Je retiens sans avoir le temps de vraiment commenter :

  • Ce schéma présenté par le Journal du net (ici) qui compare l'évolution du cours de l'action de Google et celle de Apple. Clairement le second est en train de prendre la tête, au moins de l'avis des actionnaires.

Cours-Appel-vs-Google.jpg

Il y a comme un clin d'œil ironique de l'histoire à voir les nouveaux imprimeurs-libraires de l'ère numérique prendre la main sur le modèle éditorial.

  • L'analyse de l'évolution de la relation entre Google et les bibliothèques nord-américaines par Lionel Maurel () qui montre à la fois un assouplissement des positions de la firme, et donc quelques faiblesses d'une stratégie trop ambitieuse et parfois surinterprétée par les blogueurs, et une volonté de maintenir un contrôle strict des métadonnées, c'est-à-dire de la maîtrise de la circulation à l'intérieur du vaste texte constitué par l'ensemble des fonds numérisés, ce qui est bien le cœur de son métier.
  • L'évolution de la stratégie de Facebook (ici) qui confirme d'une part l'importance de la maîtrise du graphe social, ici passablement inquiétante, et, d'autre part en creux, la recherche toujours non aboutie d'un vrai business model. Facebook se trouve un peu dans la même situation de fragilité hégémonique que Google, mais sur un terrain différent et surtout le CA en moins.
  • Cette citation d'un billet d'A Mons () :

Donc, seules trois plates-formes ont connu des hausses significatives en 2009, soit Facebook (350 millions de membres et 45% d’augmentation du trafic dans la dernière année), Orkut (180 millions de membres et 187% d’augmentation) mais aussi et surtout Qzone ou QQ.com avec 200 millions de membres et presque invisible sur les radars occidentaux. C’est que cette dernière est chinoise et qu’elle montre un taux de croissance de presque du double de Facebook (87,6%). Ainsi, il s'opèrerait un partage de plus en plus significatif entre trois graphes, sans doute assez étanches les uns des autres pour des raisons culturelle, linguistique et démographique : occidental, indien et chinois.

Actu un peu plus tard

Lire le billet de M.-C. Beuth sur le sujet qui décortique clairement le choc des stratégies, et valide implicitement le tableau à trois entrées de Roger (ici)

Actu du 23 avril 2010

À lire aussi cet article du Monde qui montre bien l'enjeu de la redocumentarisation des individus, même s'il n'emploie pas le terme.

Facebook : de la nécessité de protéger ses données "relationnelles", par Guilhem Fouetillou, Le Monde 22 avril 2010 ici

Extraits :

Le fait que des individus se rassemblent autour de sujets d'intérêt commun n'est évidemment pas une découverte, la sociologie a décrit depuis longtemps ce phénomène et lui a même donné un nom : "homophilie". Ce qui est nouveau, par contre, c'est que sur Facebook chaque personne possédant un compte inscrit et archive l'ensemble de ses relations d'homophilie. Il devient alors possible de mesurer et d'analyser ces relations sur la totalité du réseau et de cerner avec précision le profil d'individus qui pourtant ont mis tous leurs curseurs de vie privée au maximum dans Facebook. (..)

On voit facilement comment ce type d'informations est d'une valeur inestimable pour des marques souhaitant déployer des stratégies de "marketing comportemental" mais aussi pour des organisations cherchant à repérer et à surveiller étroitement des groupes d'individus considérés comme "structurellement" à risque.

Ce ne sont donc pas uniquement nos données personnelles qu'il faut aujourd'hui maîtriser mais bien l'ensemble de nos liens, de nos relations, tant celles-ci communiquent de ce que nous sommes. C'est à Facebook aujourd'hui de donner à chacun le choix de rendre accessible et exploitable – tant par Facebook que par des tiers – le réseau de ses relations, indépendamment de ses données personnelles. De plus, cette action ne devrait pas être uniquement répercutée sur nos propres comptes mais aussi sur l'ensemble des comptes des personnes avec qui nous sommes liés car il s'agit bien là de relation nécessitant d'être verrouillées des deux côtés si l'on ne souhaite pas les voir diffusées.

Actu du 27 avril 2010

Ce commentaire d'O. Ezratty () sur un billet de F. Cavazza (L’avenir de l’informatique est-il au mobile ou au tactile ? Les deux (en partie), 12 avril ici) :

Un paradigme clé à observer est l’évolution de la répartition des usages entre création (de contenus), consommation (de contenus, comme pour acheter en ligne) et communication.

L’ordinateur classique avec clavier+souris est adapté à l’ensemble des usages et notamment au premier. Les alternatives mobiles et/ou tactiles telles que l’iPad sont adaptées aux deux dernières et assez peu pratiques pour la création, sauf pour dessiner “au doigt” ce qui ne va pas bien loin. Pour la photo et la vidéo, l’usage d’un mobile pour le transfert n’est pas une activité de création en soi. Le montage (vidéo) ou la retouche (photo) en sont. Et nécessitent encore un ordinateur classique.

Le fait est quand dans le grand public, il y a plus de consommateurs que de producteurs, ce, malgré l’avènement des réseaux sociaux. J’ai même l’impression qu’il y a de moins en moins de producteurs, tant les réseaux sociaux consomment le temps des Internautes dans la gestion de leurs interactions avec leur communauté. (..)

Tu évoques justement les comportements de la génération Y. Est-ce que ces nouveaux outils ne sont pas discrètement de les détourner des activités de création ? Est-ce que l’on créé plus lorsque l’on consomme trop ? C’est un peu comme le diptyque blog/twitter : qui va créer si tout le monde se met à consommer (via les RT) ?

Actu du 2 mai 2010

Fred Cavazza, “Facebook va-t-il révolutionner le web ?,” FredCavazza.net, Avril 28, 2010, ici

De nouveau un intéressant billet de F Cavazza, dans lequel, il cite ce tableau :

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