Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mercredi 08 septembre 2010

Les contours de l'économie du document

Je suis en train de rédiger un manuel ou un livre pour accompagner le cours sur l'économie des documents, ce qui m'amène à réviser bien des notions présentées. J'en proposerai périodiquement quelques extraits pour les soumettre à une critique éventuelle. Voici donc un extrait du deuxième chapitre sur la délimitation du secteur.

La Commission européenne a publié en 2010 un livre vert sur les « industries culturelles et créatives » actuellement soumis à la discussion (ici) et qui s'appuie sur un rapport préalable sur la mesure des activités culturelles (pdf). Les experts européens, après avoir fait la synthèse des propositions des différents pays et organismes, ont suggéré de regrouper les activités culturelles en un « secteur culturel et créatif » dont les frontières sont définies dans le tableau ci-dessous (p.56).

Secteur-culturel-creatif-europe-56.jpg

On peut remarquer tout d’abord le découpage en un « cœur » et trois « cercles ». Le cœur représente les activités fondatrices du secteur : les arts visuels, les arts du spectacle, le patrimoine. Le cercle 1 reprend les industries culturelles dans leur acception classique. Les cercles 2 et 3 présentent ce que la Commission européenne appelle désormais les industries créatives : le design, l’architecture et la publicité d’une part et, d’autre part, les industries connexes. La délimitation de ces dernières constituant le cercle 3 est indiquée comme plus floue, car elles appartiennent aussi à d’autres sous-secteurs. Les activités citées sont les fabricants de matériels d’enregistrement et de lecture et les opérateurs de réseaux, reliés au secteur des technologies de l’information et de la communication.

Le cœur indiqué représente, en réalité, les origines anciennes de l’économie du document, on pourrait dire sa préhistoire. Les productions ont bien aussi les caractéristiques d’un document et notamment sa fonction de transmission ou de preuve, mais elles restent limitées au stade du prototype : l’œuvre d’art, le spectacle, le monument ou l’archive. Il s’agit en quelque sorte d’une activité protodocumentaire.

Il est une activité ici placée dans le patrimoine qu’il faut pourtant déplacer pour rendre compte correctement de l’économie du document. Suite à la diffusion du livre à grande échelle, puis des revues et des journaux, les bibliothèques quittent, en effet, ces prémices artisanaux et aléatoires pour se multiplier en inventant progressivement la bibliothéconomie, c'est-à-dire une organisation rationnelle, on pourrait dire industrielle, d’un service d’accès aux documents. Il faut donc les retirer du cœur ou des origines, du moins pour celles dont la mission première n’est pas la conservation, et les placer dans la rubrique suivante qui réunit les activités industrielles, le cercle 1.

Plusieurs corrections ou ajustements doivent être effectuées dans ce premier cercle. La musique, tout d’abord, est mise comme une catégorie générale dans les industries culturelles. Cela se justifie en économie de la culture par la cohérence, la complémentarité des différentes activités musicales et leur articulation. Mais, d’un point de vue documentaire, les concerts, la musique vivante relève du spectacle, c'est-à-dire de la catégorie précédente, tandis que la musique enregistrée, qui est directement de l’information consignée donc bel et bien un objet documentaire, participe clairement à la catégorie industrielle. Celle-ci, de plus, comprend aussi les bases de données qui sont exclues dans le tableau de la Commission. Enfin le plus problématique est que les nouveaux industriels du web-média sont absents de ce premier cercle, à part les jeux vidéos : ni les portails, ni les moteurs, ni les réseaux sociaux ne sont mentionnés. Pourtant ils jouent un rôle crucial aujourd’hui pour l’économie du document, déstabilisant les industries traditionnelles. Ajoutons-les donc dans cette rubrique sous l’appellation de web-média. L’ensemble de cette rubrique est nommée par les experts de la Commission européenne « industries culturelles ». J’en ai modifié les contours, il faut donc en changer le nom. Conformément à notre propos, je les baptiserai « industries de la mémoire ».

Dans le deuxième cercle, seule parmi les éléments initiaux la publicité concerne l’économie du document. Mais son importance relève moins de sa créativité que de l’ouverture d’un second marché, celui des annonceurs ou plus précisément la construction d’un marché bi-face comme nous l’avons vu au chapitre précédent. La publicité relève donc aussi des industries de la mémoire, mais d’une façon décalée. Son activité est parallèle et articulée à celle de la presse, de la radio-télévision et, depuis peu, du web-média.

La notion de secteur créatif ne fait pas directement sens pour l‘économie du document qui se fonde sur le l'information consignée. Par contre, d’autres activités ne relevant pas directement des industries de la mémoire reposent sur une création, manipulation, distribution de documents. L’éducation transmet des savoirs par l’intermédiaire de professeurs, mais aussi d’une intense activité documentaire. Les administrations, privées et publiques, fonctionnent avec des documents. Tout une série de professions, notaires, avocats, agents, sont là pour rédiger et certifier l’authenticité de documents, agissant comme tiers parties. Ces trois domaines se sont transformés avec l’arrivée des moyens légers de production et reproduction documentaires, machine à écrire, reprographie, photocopieuses. Ils explosent aujourd’hui avec la bureautique et les facilités offertes par le traitement, les mémoires et les réseaux numériques. Ils forment un secteur que l’on appelle de plus en plus la gestion des connaissances, plus connu sous sa dénomination anglaise : le knowledge managment. L’économie de ce secteur est difficile à circonscrire et mesurer.

Le troisième et dernier cercle enfin est succinctement évoqué, comme « industries associées » dans le rapport de la Commission européenne. Il agrège les fabricants de matériels, de logiciels et les opérateurs de télécommunication et comprend un « etc. » qui laisse la porte grande ouverte. Il est indiqué en remarque qu’il s’agit notamment du secteur des technologies de l’information et de la communication. Pour l’économie des documents, ces acteurs sont essentiels car ce sont eux qui de plus en plus supportent, mettent en forme les documents et les rendent accessibles. Mais leur dynamique dépasse très largement ce rattachement car ils concernent aussi d’autres activités et s’adressent à d’autres marchés comme le e-business, le e-commerce, ou simplement la bureautique et le téléphone.

Toutes ces remarques permettent maintenant de présenter les contours de l'économie du document sur un tableau qui s’inspire du tableau précédent en l’amendant et le simplifiant.

Economie-du-document.png

mercredi 07 avril 2010

Problématiques et stratégies sur le document numérique

À l'occasion de la préparation de la 13ème et dernière séance à venir du cours 2010 sur l'économie du document (ici), j'ai actualisé et ajouté une colonne à un ancien tableau que tous ceux qui ont participé à l'aventure de Roger Pédauque connaissent.

Pour les non initiés à la réflexion pédauquienne, tout est expliqué dans ce livre. On peut en consulter en ligne l'intro et les trois textes collectifs (1, 2, 3). Malheureusement tout le travail du RTP-DOC n'est plus accessible.

Problematique-doc-num.png

Je rappelle que les lignes représentent les trois dimensions constitutives d'un document selon les réflexions pédauquiennes.

  • La colonne Chercheurs liste quelques disciplines, sans souci d'exhaustivité ni d'exclusivité, qui, lorsqu'elles abordent la notion de document, privilégient plutôt l'une de ces trois dimensions.
  • La colonne Objet/résultats indique l'objet particulier sur lequel portent les principaux efforts de recherche
  • La colonne Étape/interrogation souligne l'avancement des travaux, mais aussi en italiques le principal dilemme.
  • Enfin la dernière et nouvelle colonne montre que des stratégies industrielles peuvent aussi se lire à partir de cette grille.

Il est utile de décrypter ainsi à partir des sciences de l'information les stratégies des principales firmes. On se rend clairement compte qu'elles ont choisi des «avantages concurrentiels» différents.

On peut aussi y lire une gradation de haut en bas : Apple et Amazon ont les stratégies les plus traditionnelles, celles qui se rapprochent le plus des industries anciennes où le document n'était pas isolable de son support. Google a utilisé le Web comme un seul texte, sans gros souci de son ordre documentaire, il a ainsi rebrassé les cartes en trouvant avec la vente de mots clés aux annonceurs une source de revenu cohérente et indépendante des supports. Facebook va encore plus loin en inversant la problématique : ce n'est plus l'ordre documentaire ancien, ni même le contenu qui prime, mais bien les lecteurs qui forment l'ordre et sont documentés en conséquence et pour lesquels les documents traditionnels ne sont que des objets de trocs parmi d'autres. Reste que Facebook n'a pas encore trouvé un modèle d'affaires vraiment en phase avec son fonctionnement.

Mais il faut, à mon avis, se garder de conclure à un sens de l'histoire où le dernier arrivé serait le plus à même de l'emporter. La notion de document est trop importante pour une société pour qu'elle ne soit pas réordonnée. Si l'on suit Roger : celui qui devrait l'emporter est celui qui arrivera le mieux à mettre en cohérence les trois dimensions.

mercredi 17 mars 2010

Tendances et incertitudes de l'économie numérique

Pour conclure la série de billets des étudiants du cours sur l'économie des documents, j'ai retenu trois diapositives piquées dans la présentation de Mary Meeker de Morgan Stanley du 20 octobre 2009 au sommet Web2.0 (ici).

Elles résument bien, je crois, l'impressionnante évolution de ces cinquante dernières années et les incertitudes sur l'avenir.

Les deux premières illustrent le passage progressif de l'informatique de calcul aux communications mobiles :

Morgan_Stanley-2009-2.jpg

Morgan_Stanley-2009-3.jpg

La troisième désigne les gagnants de chaque période. On remarquera que les résultats de la décennie 2000 ne sont pas encore connus.

Morgan_Stanley-2009-4.jpg

Si l'on suit l'exemple du Japon proposé par Mary Meeker, le chiffre d'affaires du mobile serait à l'avenir constitué de l'accès aux données (66%), du commerce électronique (21%), des services payants (11%) et de la publicité (2%). Sans doute, comme la deuxième diapo le suggère, Apple est très bien placé dans cette course. Amazon devrait aussi tirer son épingle du jeu. La situation de Google est déjà plus ambiguë. Sa position dominante sur la publicité lui laisse encore une marge de manœuvre. Il devient pourtant important pour lui de se diversifier rapidement, soit vers les mobiles (Androïd), soit vers le commerce électronique (Google-books), rien n'est gagné de ces côtés-là.

Il reste un paradoxe important dont on ne sait comment il sera réglé et que cette dernière diapositive illustre clairement :

Morgan_Stanley-2009-1.jpg

En terme de trafic, les deux grandes réussites de ces dernières années sont Facebook et Youtube, pourtant ni l'un, financé à coup de recapitalisation, ni l'autre soutenu par sa maison -mère Google, n'ont fait la preuve de leur rentabilité. Ce déséquilibre laisse prévoir encore quelques surprises pour les années à venir.

Actu du 19 mars 2010

Sur la concurrence Apple - Google, voir l'article du NYT et le billet de D. Durand.

dimanche 07 mars 2010

Faut-il libérer les données ?

Ce billet a été rédigé par Christine Benoit dans le cadre du cours SCI6355 sur l'économie du document de la maîtrise en sciences de l'information de l'EBSI.

La réponse à cette question nous a déjà été imposée, la libération des données a commencé. Que ces données proviennent d’organismes publics, privés ou même des particuliers, elles entraînent des résultats qui ne sont pas toujours positifs. Plusieurs personnes encouragent la libération des données, comme Tim Berners-Lee dans sa présentation au TED de février 2009 ou Tim O’Reilly et John Battelle dans leur article « Le Web à la puissance 2 : le Web cinq ans plus tard » qui nous présentent les aspects les plus positifs ce cette libération, tout en passant sous silence les écueils qui peuvent en survenir. Mais plusieurs critiques s’élèvent aussi pour remettre en question la façon dont ces données sont libérées, comme Hubert Guillaud dans son article « Critiques du Web2 ».

Il est indéniable que la libération des données peut s’avérer positive, on peut citer par exemple le milieu scientifique qui a tout à gagner à obtenir un accès aux données des autres chercheurs (NYT). On peut aussi penser que cela peut entraîner l’arrivée de nouveaux services, améliorer la prise de décisions de différents organismes, etc. Mais il est difficile d’évaluer précisément les résultats de cette libération, comme il est constaté par Hubert Guillaud (ici). Les questions qui peuvent surgir quand on analyse les conditions dans lesquelles les données sont libérées sont nombreuses et sont souvent liées entre elles mais celle qui m’a le plus interpellée concerne la protection de la vie privée.

On retrouve de plus en plus de données personnelles sur internet, données qui sont générées par les gouvernements, les entreprises, les moteurs de recherche ou même par les particuliers. Il est de plus en difficile de s’assurer que les données libérées soient vraiment anonymes car la quantité de données qui s’accumulent rendent le couplage d’information de plus en plus efficace et facile, tel que démontré par Paul Ohm (ici). Par exemple, aux États-Unis, une compagnie d’assurances a mis en ligne des données médicales qui ont pu être ré-identifiées (). L’histoire des logs d’AOL donne aussi un exemple frappant de ré-identification (ici) où même rendues anonymes, plusieurs personnes ont pu être ré-identifiées et les déductions obtenues de leurs questions de recherche peuvent être très dérangeantes et peuvent amener des débats éthiques sur la façon de gérer les informations obtenues.

Une fois que les données sont libérées, on en perd le contrôle et elles deviennent indestructibles. Il est aussi difficile d’évaluer l’utilisation qui est faite de ces données et l’impact que cela peut avoir. Pour minimiser les risques liés à la libération des données c’est donc avant qu’elles soient libérées qu’il faut établir des règles et non après cette libération. Car même si des règles sont édictées pour encadrer l’utilisation des données disponibles, il serait impossible de vérifier tout ce qui peut être fait avec ces données.

Ce qui m’amène à me questionner sur les conditions de la libération de ces données. Il n’y a pas de principes clairs sur ces conditions de libération. Tim O’Reilly et John Battelle proposent huit principes concernant la libération des données publiques () et, malheureusement, la protection des renseignements personnels ne semble pas être dans leurs priorités. On peut penser que les gouvernements soient attentifs à cette problématique car ils sont, en quelque sorte, responsables devant leurs élus, même si des dérapages sont toujours possibles.

Mais qu’en est-il des données recueillies par les entreprises ou par les moteurs de recherche ? Ou même les données qui sont libérées par les particuliers eux-mêmes? On peut voir que les priorités de certaines entreprises, telles que Facebook, ne vont pas nécessairement à la protection de la vie privée (voir ici). Et les particuliers peuvent mettre eux-mêmes des renseignements très personnels en ligne sans avoir conscience de l’impact de ceux-ci ().

Quelle pourrait être alors la meilleure façon de gérer la libération des données, en ce qui a trait aux renseignements personnels ? Est-il réaliste de penser que des règles peuvent être mises en place pour protéger ces renseignements ou la tâche est-elle trop lourde? Dans un contexte de mondialisation, peut-on envisager que des lois nationales peuvent régler cette problématique ou devrait-on penser à instaurer des règles internationales ? Devra-t-on se résigner à perdre le contrôle d’une partie plus ou moins grande de nos renseignements personnels ? Quelle serait la meilleure façon d’instaurer un équilibre entre la protection de ces renseignements et la libération des données ?

Qu’en pensez-vous ?

Les "digital natives", menace ou opportunité ?

Ce billet a été rédigé par Iris Buunk dans le cadre du cours SCI6355 sur l'économie du document de la maîtrise en sciences de l'information de l'EBSI.

Imaginons le scénario catastrophe. Nous sommes en 2030, et les bibliothèques ferment les unes après les autres. Les jeunes générations ont délaissé ces institutions qu'ils considèrent trop éloignées de leurs intérêts et de leurs besoins. Les derniers usagers qui restent encore fidèles à ces anciens temples du savoir, sont les personnes âgées de la 3e génération, beaucoup plus nombreuses aujourd'hui comme l'avaient prédit les statistiques des années 2000. Les gouvernements devant continuer à faire face aux conséquences économiques des crises financières antécédentes, décident de ne plus subventionner les bibliothèques, trop coûteuses, estimant que les animations culturelles peuvent très bien être prises en charge par les maisons pour personnes âgées. Quant aux jeunes, ils se retrouvent entre eux, à la maison, à l'école ou dehors, puisqu'ils savent facilement accéder à toute l'information dont ils ont besoin, sans aucune contrainte, et sans aucune aide.

Sans vouloir m'attribuer des talents de scénariste, je pense néanmoins que ce type de vision est plutôt digne d'un film hollywoodien qui n'a, à mon avis et heureusement, rien à voir avec ce que le futur nous réserve. Faut-il pour autant s'empêcher de se questionner sur l'évolution des publics qui fréquentent les bibliothèques ? Non évidemment. Au contraire, cette réflexion est nécessaire, et le sera toujours. Mais de qui parle-t-on au juste ? Et l'existence des bibliothèques est-elle réellement remise en cause ?

Cela fait plusieurs années que l'on entend parler des digital natives, aussi communément appelés "génération Y" (pour les distinguer de la "génération X"). Un sujet qui est particulièrement relaté tant dans la littérature académique (sciences de l'information ou de l'éducation), que dans les médias, mais également abondamment commenté dans la blogosphère, surtout suite à la publication du désormais célèbre "Born digital" de John Palfrey, professeur à l'Université de Havard, ou encore aux interventions de Marc Prensky.

Une génération donc qui concerne les jeunes nés dès les années '80 (du moins dans les pays technologiquement développés) avec un ordinateur à la maison, et qui ont acquis presque naturellement, une aisance avec les outils technologiques, qu'ils ont pour la plupart hérités des baby-boomers. Souvent impatients, ils ont la faculté de pouvoir effectuer plusieurs tâches en même temps (multi-tasking), sans que cela nuise à leur concentration. De plus en plus, ils reçoivent une éducation interactive basée sur la résolution collaborative de problèmes, et l'enseignement en ligne est un style d'apprentissage qu'ils privilégient. En résumé, on peut donc décrire les digital natives comme étant des individus presque toujours connectés, particulièrement sur des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, sms, Internet), s'adaptant facilement aux changements et à toute nouvelle technologie, aimant travailler, réfléchir et créer en équipe, et en appréciant la mobilité. Ils aiment l'interactivité et l'apprentissage, du moment que ce dernier n'est pas confiné à un lieu fixe.

En quoi est-ce que ces attributs viendraient-ils menacer, ou plutôt remettre en question les services et les espaces que les bibliothèques "classiques" peuvent offrir ? Les bibliothèques, du moins publiques, ne jouent-elles pas un rôle de lien social en offrant un espace d'apprentissage et de loisirs ? Le fait d'être autant connectés "en ligne" se ferait-il au détriment des contacts directs ? Selon Sylvie Octobre, la prééminence des technologies ne sonne pas (…) le glas de leur intérêt pour les autres pans de la culture. (…) Les jeunes générations figurent ainsi parmi les plus connaisseurs des musées, des bibliothèques et médiathèques, ainsi que des lieux de spectacle vivant. (Ainsi), la loi du cumul se vérifie malgré les mutations opérées par le numérique.

J'aime imaginer alors, que les services ne vont pas disparaître ou s'exclure mais se compléter et s'enrichir, intégrant ainsi autant des espaces qui mettent à disposition des outils technologiques, permettant des échanges vivants et collaboratifs, tout comme des endroits réservés à l'étude en silence. Une architecture adaptée en conséquence, et des bibliothécaires qui ajoutent à leur panoplie de compétences, des qualités de tuteurs, pour guider les digital natives à savoir se repérer dans le monde de l'information numérique, certes merveilleux mais parfois embrouillant , malgré leur aisance technologique. Peut-être qu'une nouvelle forme d'Information literacy est en cours, que l'on pourrait renommer comme le suggère Neil Selwyn digital media literacy.

Alors, est-ce que l'arrivée des digital natives ne serait justement pas une magnifique opportunité pour les bibliothèques de se renouveler, afin d'accueillir ce public en devenir ?

Je laisse les lecteurs sur cette question, en sollicitant leurs commentaires.

- page 10 de 23 -