Les différences de conception du libéralisme entre les US et l'Union Européenne sont intéressantes à suivre au travers des actions anti-trusts menées contre Microsoft ou Google d'un côté et de l'autre de l'Atlantique. Le site EurActiv donne des précisions (ici) sur l'audition de Peter Fleischer, Global Privacy Counsel chez Google, qui s'est tenue le 21 janv 2008 (et non le 19 comme indiqué semble-t-il par erreur dans le communiqué). En voici de larges extraits, qui reflètent bien entendu le point de vue européen :
En décembre dernier, la FTC (Federal Trade Commission), l’agence fédérale américaine en charge de la protection des consommateurs et de la concurrence, a donné son feu vert à la fusion entre Google et DoubleClick, en basant sa décision uniquement sur les questions liées à la concurrence. (..)
La décision de la FTC a clairement montré son manque d’autorité. L’agence fédérale est en effet incapable d’ajouter des conditions à la fusion qui ne seraient pas liées à la lutte antitrust. Elle a également révélé qu’imposer des limites à une seule entreprise en se basant sur la protection de la vie privée pouvait être considéré comme anticoncurrentiel. (..)
Au cours de l’audience au Parlement européen le 19 janvier, M. Fleischer a souligné que l’intérêt de Google à racheter DoubleClick reflète principalement sa volonté d’entrer sur le marché des outils publicitaires de mesure d’audience (ad-serving).
D’après M. Fleischer, le rachat n’impliquera pas la fusion des bases de données des deux entreprises, principalement parce que DoubleClick ne possède pas les données de ses propres clients.
M. Fleischer a expliqué que l’entreprise de publicité en ligne peut uniquement utiliser les données obtenues en mesurant l’audience publicitaire afin de fournir des informations générales et anonymes. Ce sont les éditeurs ou les entreprises publicitaires, pour qui travaille DoubleClick, qui possèdent les données. Il ajoute que les clients de DoubleClick n’apprécieraient pas du tout qu’une personne tente de rompre leurs engagements contractuels en partageant des informations entre publicitaires. (..)
En dépit de l’issue de la fusion, les activités de Google sont de plus en plus remises en question en Europe. En effet, les craintes sont principalement ciblées sur la collecte des données personnelles sans le consentement explicite du consommateur ou même sans qu’il en ait connaissance.
Plus précisément, la pratique de Google consistant à proposer des campagnes publicitaires ciblées après avoir collecté les données personnelles des utilisateurs (par exemple, via des recherches effectuées sur son moteur de recherche, par la détection d’adresses IP ou en scannant le contenu des emails, comme ceux des utilisateurs de Gmail) est de plus en plus critiquée.