Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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lundi 21 mai 2007

Internet à l'école : ringard..

À la rubrique de la fracture générationnelle, voici un nouveau rapport sur l'usage de l'Internet par les jeunes québécois, intéressant notamment parce qu'il permet une comparaison dans le temps (une première enquête avait été réalisée en 2000), mais aussi dans l'espace (il fait partie d'une série comparative avec plusieurs pays européens).

LES JEUNES ET INTERNET: 2006 (Appropriation des nouvelles technologies) RAPPORT FINAL DE L’ENQUÊTE MENÉE AU QUÉBEC soumis par Jacques Piette, Ph.D., Christian-Marie Pons, Ph.D. Département des lettres et communications, Université de Sherbrooke Luc Giroux, Ph.D., Département de communication, Université de Montréal au Ministère de la Culture et des Communications Gouvernement du Québec, MARS 2007 Accessible ici

Faits saillants (extraits)

  • Des foyers maintenant hautement branchés. Les jeunes Québécois ont maintenant pratiquement tous accès à Internet à partir de leur foyer! (..)
  • L’Internet des jeunes : avant tout une messagerie instantanée pour communiquer et socialiser. (..) Ainsi le gros de la communication que les jeunes font sur Internet prend la forme d’un véritable Intranet constitué par leur liste personnelle partagée sur MSN Messenger!: 93% des jeunes disent l’utiliser.
  • Information et documentation, une seule formule: Google + Wikipédia. Le Web constitue la source privilégiée d’information et de documentation des adolescents québécois et le moteur de recherche Google est la porte d’accès presque unique à la recherche sur Internet pour les jeunes. De même l’encyclopédie participative Wikipédia devient, de son côté, la toute première référence qu’ils consultent sur le Web.
  • La crédibilité du Web!: un peu plus de prudence. On constate une certaine évolution dans l’attitude des jeunes à l’égard de la fiabilité des informations qu’ils trouvent sur Internet. Ils interrogent davantage la qualité et le sérieux des sites qu’ils consultent quand ils utilisent Internet pour leurs travaux scolaires.
  • La blogosphère des adolescents!: un extension des relations entre pairs. Les blogues constituent pour les jeunes internautes davantage une extension des relations qu’ils entretiennent déjà avec leurs amis qu’un lieu public d’expression personnelle. À l’inverse de la blogosphère ouverte des adultes, celle des adolescents se limite au réseau des intimes.!
  • Le téléchargement!: conscience d’une éthique…mais élastique (..)
  • Le téléphone cellulaire: pas encore si populaire. Le téléphone cellulaire ne connaît pas au Québec le même engouement auprès des jeunes que ce n’est le cas en Europe. La messagerie MSN Messenger pour les adolescents Québécois remplit une fonction analogue à celle du message texte (SMS) pour les jeunes Européens. Le faible coût d’utilisation du téléphone résidentiel, chez nous, rend moins nécessaire le passage au cellulaire; (..)
  • Les jeux vidéos: l'attirance des mondes virtuels. Avec les jeux vidéo de rôle et de simulation de dernière génération, particulièrement ceux qui se jouent sur Internet, on constate que le plaisir de jouer prend une toute nouvelle dimension.(..)
  • La présence parentale: plus vers la confiance que le contrôle. (..)
  • Les jeunes sont favorables à un plus grand contrôle des contenus sur le Web. (..) Mais pour le jeune, les principaux dangers n'est pas tant les contenus que les virus informatiques. (..)
  • Des écoles hors jeux. Sans aller jusqu’à affirmer que l’utilisation d’Internet à l'école a régressé, elle ne semble pas s’être développée comme d’aucuns l’avaient prévu. Les jeunes font état d’une utilisation assez limitée d’Internet à leur école et ils établissent qu’elle se différencie surtout radicalement de la pratique qu’ils en font à la maison. On constate qu’un double mouvement opposé s’est opéré au fil des ans. Au fur et à mesure qu’Internet prenait sa place à la maison, l’école –!qui avait pourtant investi de manière importante tant du point de vue pécuniaire que pédagogique!– s’est progressivement désinvestie de cette mission éducative quant à l’intégration des TIC en classe, du moins au regard des aspirations qu’avaient formulées de nombreux intervenants du milieu scolaire à la fin des années 1990.

Repéré par Bibliothécaire

vendredi 01 décembre 2006

Générations : divergence ou compromis

À l'occasion de la consultation en cours sur la télévision directe, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes a fait réaliser plusieurs études qui sont accessibles en ligne. Parmi celles-là, il a demandé à un cabinet de conseils (Solutions Research Group) une analyse des habitudes d'usage de la technologie numérique de l'information et des tendances en matière de médias et de divertissements (rapport). L'ensemble constitue à la fois une mine d'informations et une photographie formant une synthèse très éclairante de la situation canadienne.

Pour ce billet, je m'en tiendrai à ce tableau qui montre clairement la différence de pratiques qui s'est installée entre les générations :

On peut en tirer deux leçons pour l'avenir qui dessinent deux tendances contradictoires sur deux tranches de populations clés :

  • Les jeunes de 12-29 vont vieillir et il est peu probable qu'ils changent leurs habitudes. Mieux ou pire, l'évolution du numérique va se poursuivre, vraisemblablement favorisant des pratiques de plus en plus individualisées, mobiles et autonomes. Cette génération arrive sur le marché du travail et va peser de plus en plus sur les consommations
  • Les baby-boomers de 55-65 partent à la retraite. Ils ne changeront eux aussi que peu leurs habitudes de consommation plus collectives. Ils auront plus de temps, voudront profiter de l'argent qu'ils ont économisé. Celui-ci sera en partie injecté dans les marchés culturels et informationnels, mais aussi pour une part dans des fondations ou donations favorisant l'innovation et vraisemblablement le numérique ouvert.

Il est bien difficile de lire dans le marc de café. Je pencherais pour un compromis entre ces deux générations qui pourraient se rejoindre dans le pilotage d'une culture post-moderne. Quoi qu'il en soit, il est sûr que nous allons vers des changements majeurs. Pour les sceptiques, voici un autre tableau tiré de la même étude :

mardi 21 novembre 2006

La vie à l'ère numérique : bavardage, cumul et dépenses

Statistique Canada vient de publier une éclairante étude sur La vie à l'ère numérique visant à repérer les changements de notre vie quotidienne et professionnelle, selon ce qui était prévu ou non.

Tout d'abord, des éléments connus sont confirmés. Quatre utopies ont fait long feu :

  • Le bureau sans papier. La production de papier pour l'impression et la rédaction a plus que doublé dans le monde en 20 ans (de 1983 à 2003).
  • La fin du courrier. Le courrier postal a continué d'augmenter (de 6,6Mds d'articles en 1983 à 10,7 en 2003 pour Poste Canada).
  • La fin des voyages d'affaires.
  • La fin du commerce de détail.

Mais le plus intéressant est le constat des changements. Je les regrouperais en trois thèmes :

  • Le bavardage. Jamais nous n'avons autant communiqué à distance qu'aujourd'hui. Les consommations téléphoniques explosent et tout particulièrement les communications internationales. Idem pour le courrier électronique.
  • Le cumul. Même si le temps passé sur l'Internet se fait en partie au détriment des autres médias (radio-TV), en réalité il s'agit plutôt d'un cumul de tâches. Substitution ou cumul, nous sommes de plus en plus branchés et cela nous donne le sentiment d'être toujours occupés.
  • Les dépenses. Les dépenses des ménages pour les TIC sont en hausse. Il y a une forte volonté d'équipement, même chez les ménages les plus modestes.

jeudi 12 octobre 2006

Jeune média / ancien média

Repéré par l'Atelier.

Un élément de réponse à la question de savoir si nous assistons à la naissance d'un nouveau média est donné par une enquête réalisée sur 5.000 Européens (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie et Espagne) qui confirme l'installation de l'internet dans le quotidien des familles en comparant le temps passé aux différents médias et qui souligne la place particulière de la vidéo et de la musique.

Il faut être prudent quant à l'interprétation de ce genre de résultats fondés sur des déclarations subjectives. Néanmoins, il s'agit d'une indication instructive et surtout sa publication dans le Financial times montre bien toute l'attention portée par les milieux d'affaire aux mouvements en cours. Et notamment il éclaire l'opinion des décideurs sur les choix à faire..

En voici quelques extraits traduits :

La lecture de la presse est restée stable à trois heures par semaine depuis deux ans, tandis que le temps passé connecté a doublé de deux à quatre heures. Les téléspectateurs ont aussi augmenté leur consommation en passant de 10 à 12 heures par semaine.

(..) La même enquête sur les États-Unis a montré que les Américains dépensaient 14 heures par semaine en ligne - autant de temps qu'ils passent devant la télévision - et juste trois heures à lire la presse. (..)

Jusqu'ici, la majorité du temps des Européens en ligne est consacré au courrier et à la recherche d'information. Les contenus de loisirs comme la musique et la vidéo ne comptent que pour 22%.

La recherche montre "une rupture générationelle très claire entre nouveau et ancien médias", dit M. Mulligan. Les moins de 25 ans passent six heures par semaine en ligne, la moitié du temps qu'ils passent devant la télévision, mais trois fois celui consacré à la presse. Les 15-24 ans consomment presque le double que la moyenne de la musique et de la vidéo en ligne. "Leurs habitudes sont en train de changer le web car ils en deviennent l'élément principal".

Source : Web use overtakes newspapers, By Andrew Edgecliffe-Johnson in London, October 8 2006 22:19

samedi 09 septembre 2006

Algorithmes et réseaux sociaux, STIC et SHS

TechCrunch relate deux polémiques qui ont éclaté récemment aux US à propos de services Web 2.0 et me semblent très illustratrices de questions socio-techniques posées aujourd'hui dans le Web2.0 :

- La première concerne le service Facebook qui permet de se présenter, donner ses goûts, faire des liens avec la présentation de ses amis etc. Son objectif est de faciliter, de trouver ou retrouver des relations.. Il semble très utilisé par les étudiants. La polémique s'est développée suite à une nouvelle fonctionnalité qui actualisait automatiquement les mises à jour sur le profil des amis. Cette fonctionnalité a été perçue comme une atteinte à la vie privée. Notons que rien n'était changé dans la politique sur les données privées, simplement la visibilité et la rapidité d'accès à des données déjà accessibles avaient été améliorées. Mais le changement semble avoir trop bousculé la "viscosité" des relations sociales qui s'étaient installées dans le service.

- La seconde concerne Digg, sorte de revue de presse dont les informations sont classées par le vote des utilisateurs, et rappelle les débats incessants qui entourent Wikipédia etde bien plus vieux débats sur les "gatekeepers". La question est de savoir si des groupes organisés peuvent manipuler le classement ;

De plus en plus clairement, les problématiques touchent la coïncidence ou non de l'organisation algoritmique et l'organisation sociale, ou, pour l'analyse, des relations entre les Sciences et techniques de l'information et de la communication (STIC en France) et les Sciences humaines et sociales (SHS), ou plus généralement du monde de la technique et de celui des humanités. Une des questions posées est la temporalité différente du technique et du social qui rend délicate l'adaptation. Dans certains cas, le technique (il faut comprendre ce terme comme la fonctionnalisation par les ingénieurs du social qu'ils imaginent) est plus rapide que le social qu'il "viole" en quelque sorte (première polémique), dans d'autres les différences de vitesse sont inversées (seconde polémique).

Les exemples ici concernent le temps court. Mais les difficultés sont aussi sérieuses dans les temps longs. Les investissements lourds dans les technologies se programment sur plusieurs années, voir une décennie. Les changements sociaux ont aussi de fortes inerties. De ce point de vue, la courbe du cycle de vie des innovations est toujours très parlante.

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