Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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jeudi 19 avril 2007

Musique : impasse ou eldorado ?

Suite à un processus de concertation et de réflexion avec les acteurs de la filière, la Fing vient de mettre en ligne un rapport qui fait le point sur son évolution et suggère des pistes de sortie de crise. Avec la science, la musique est peut être le domaine où la redocumentarisation est la plus radicale.

Musique et numérique : la carte de l'innovation, 127p. (Pdf, Html) Bibliographie

Extraits de la synthèse (Pdf, Html) :

Crise et mutation

La musique devrait connaître un âge d'or, culturel et économique. On n'a jamais écouté autant de musique - chez soi, sur soi, dans l'espace public... -, ni autant produit. Mais cette musique devenue flux, ambiance, signe (et parfois produit), est en même temps désacralisée et par suite, sur le plan économique au moins, dévalorisée. (..)

Par comparaison, les pistes fécondes de création de valeur qui émergent de l'analyse, naturellement complémentaires les unes des autres, sont les suivantes :

  • L'économie des flux, qui consiste à passer d'une économie fondée sur des prix unitaires et des quantités faibles, à des volumes élevés et des prix unitaires faibles - voire non-mesurables, le consommateur ne payant alors qu'un droit d'accès aux flux.
  • L'économie des services, qui retrouve le chemin de la rareté, de la singularité et de l'exclusivité dans l'expérience musicale, la relation avec une œuvre ou un artiste.
  • L'économie de l'attention, l'intermédiation entre une "offre" surabondante, diverse, mondiale et une demande de plus en plus individualisée et mobile.

Un marché contrôlé par le public, ou par les grands intermédiaires ?

La quasi-totalité des innovations identifiées ont un point commun : l'importance que prend l'aval de la filière, la distribution, les sites communautaires et plus généralement, l'ensemble des fonctions qui supposent une grande proximité avec l'amateur de musique, ses attentes, ses goûts, sa disponibilité... Or une prise de contrôle de l'industrie musicale par l'aval n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la création et la diversité musicale. Elle pourrait au contraire aboutir à un une création entièrement pilotée par l'analyse des goûts de segments solvables de la clientèle - autrement dit, à la systématisation des dérives que l'on reproche à l'industrie musicale d'aujourd'hui. (..)

lundi 16 avril 2007

Télévision du futur : une loi contestée en France

Ce billet a été rédigé par Valentine Frey, étudiante de l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information dans le cadre du cours sur l'économie du document.

Quelle n’a pas été ma surprise lorsque « surfant » sur le site Ratatium, je suis tombée sur quelques billets portant sur le projet de loi de la télévision du futur adoptée par l’Assemblée Nationale en France le 31 janvier 2007.

Cette loi propose les éléments suivants :

  • A compter de 2012, les signaux émis par la télévision seront entièrement numériques ;
  • Cette loi donne un cadre à la TVHD et la télévision sur mobile ;
  • Enfin, en guise de compensation et afin d’encourager les principales chaînes (Canal+, M6 et TF1), l’Etat offre des chaînes « bonus ».

Aucun débat national n’a été médiatisé (au total contraire du débat relatif à la musique disponible sur IP) et pourtant, les partis politiques de l’opposition (UDF, PS et PC) se soulèvent contre l’adoption de cette loi. François Bayrou en l’occurrence, dénonce les privilèges accordés à ces grandes chaînes.

Les spécialistes de la TV 2.0, quant à eux, dénoncent l’ancrage de la télévision linéaire. La notion même de télévision du futur semble erronée dans cette loi : il n’y est jamais question de téléchargements des contenus par le peer to peer par exemple, de VOD (vidéo à la demande) ou de toutes les formes de service développées par la télévision 2.0. La convergence entre la télévision et IP ne transparaît pas dans cette loi.

Pourquoi l’Etat n’arrive à concevoir la télévision du futur telle qu’elle sera en réalité ? La raison fondamentale réside dans le bouleversement du modèle économique de la télévision traditionnelle que la convergence numérique implique. En effet, il est clair que l’Etat veut protéger les principaux télédiffuseurs : la télévision sur Internet redistribue les rôles.

  • D’une part, traditionnellement, ceux qui règnent en maître dans la télévision sont les télédiffuseurs. La télévision est structurée autour de grandes chaînes publiques ou privées qui détiennent le droit privé de l’émission. Les chaînes achètent les émissions dont ils détiennent les droits. Avec Internet, la répartition des bénéfices de la télévision; très complexe, n’est plus hiérarchisée lors de la négociation des droits. Internet bouleverse ce modèle économique. La question des droits n’est toujours pas réglée actuellement et devrait bénéficier d’une véritable étude : quel pourrait être le nouveau partage de ces droits ? L’enjeu, d’une extrême importance, est complexe à régler.
  • D’autre part, la convergence numérique implique une convergence des entreprises des télécommunications et de la télévision. Les nouveaux intervenants sont des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et des opérateurs de télécommunications avec lesquels l’industrie télévisuelle se trouve en concurrence directe. Le poids économique relatif du groupe média sur le plan économique est largement insuffisant comparé à celui des télécommunications : les médias se trouvent dans une situation de dépendance. La différence de moyens financiers est spectaculaire. De même que la différence de taille des parcs d’abonnés. Voir :

Chantepie Philippe et Alain Le Diberder. Le nouveau paysage numérique. In Révolution numérique et industries culturelles. Paris : La Découverte. Extrait.

Pourtant, les groupes médias et les télédiffuseurs gardent une place de choix dans la diffusion des contenus aujourd’hui. Tout simplement, le web media n’est pas prêt de remplacer la télévision.

vendredi 06 avril 2007

Audiovisuel : négociations à plusieurs bandes

Il convient d'être prudent dans les analyses quand les enjeux sont forts, le paysage confus et les mouvements rapides. Les négociations sont alors serrées et souvent, comme au billard, les coups à double ou triple bandes, Voici deux illustrations récentes concernant l'audiovisuel sur le Web prises dans l'excellent Ratatium.

L'abandon par Apple et EMI des DRMs a fait couler beaucoup d'encre. Présenté comme une victoire des adversaires des DRMs au nom de la liberté d'écoute, c'est peut-être surtout une consolidation de la position du distributeur Apple, payée au prix fort à EMI.

L'annonce aux US du montage d'un consortium de firmes de la production vidéo traditionnelle pour le lancement d'un portail a été présentée partout comme une offensive anti YouTube,. Il semblerait plutôt qu'il s'agisse d'un partage entre différentes modalités de distribution qu'il faut adapter aux formats de programmes, aux pratiques de visionnement et au marché publicitaire.

dimanche 25 mars 2007

Regarder la télévision sur son téléphone

L'Atelier propose une série de reportages sur l'Asie.

Un de ceux-là concerne la télévision reçue sur le téléphone cellulaire. Celle-ci s'est imposée très rapidement en Corée du Sud. Extraits du billet :

Le succès a été immédiat : un million d’abonnés en seulement vingt mois pour accéder à ce nouveau service qui, et cela doit être souligné, est payant ! (..)

L’investissement est en effet considérable : 500 millions d’euros ont été injectés par les actionnaires pour mettre en place le système de diffusion (satellite et relais terrestres) auxquels s’ajouteront bientôt 73 millions d’euros pour développer davantage encore le service.

Les revenus sont pour 99% générés par les abonnés. Il faut compter environ 20 dollars pour ouvrir un compte et 11 dollars/mois d’abonnement. Des programmes au Pay Per View sont également disponibles pour environ 2 dollars. TU Média perçoit directement environ 50% de ces recettes. Les fournisseurs de contenus et les télécoms touchent 25% chacun.

La publicité, la distribution de contenus et la fourniture de technologies ne génèrent que 1% des revenus pour le moment. TU Media souhaite faire monter ce type de services entre 5 et 10% de ses revenus dans les années à venir.

Selon ce modèle économique, TU Media estime son seuil de rentabilité à 4,5 millions d’abonnés. Aujourd’hui, plus d’1 million de Coréens a pris le pli.

On trouve aussi dans le billet une présentation impressionnante des récepteurs. À retenir qu'il s'agit bien ici de télévision au sens traditionnel, il n'y a pas d'interactivité.

mercredi 07 mars 2007

Joost, un pas de plus.. pour la télévision traditionnelle

On trouvera sur Television 2.0 des extraits d'une récente présentation de Joost par Éric Clémenceau. vice-président publicité Europe de la firme. J'en retiens :

  • L'intérêt de la diffusion TV P2P. Rien à voir avec l'échange libertaire, ici il s'agit d'une optimisation de la transmission du signal.
  • L'organisation en flux par chaîne, par territoire national.
  • La publicité mieux ciblée.
  • La non intervention du spectateur dans les programmes eux-mêmes et aucune allusion ici au dépot de vidéos par l'Internaute.

Il s'agit ici vraiment de télévision (3è ou 4è génération ?) et non du web-média. On multiplie les chaînes, on facilite l'organisation de son programme par le téléspectateur, donc simplement un pas de plus dans l'autonomie du spectateur après la télécommande. On optimise un marché publicitaire construit sur l'audience et non comme pour le Web-média sur le clic. On donne la possibilité aux téléspectateurs de discuter entre eux, comme ils votaient déjà pour ou contre un programme.

Actu du 10-03-2007 : voir l'entrevue d'E. Clémenceau par LeBlogdeBézier qui confirme la question des droits et des territoires ainsi que la fermeture paradoxale grâce au P2P.

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