Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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mercredi 20 octobre 2010

Google et les déplacements de valeur

Tout comme Apple, la firme Google vient d'annoncer d'insolents résultats financiers. J'ai repris sur un schéma, à partir de ses bilans trimestriels (disponibles ici), l'évolution de son chiffre d'affaires depuis 2005 décomposé selon les revenus de la publicité issus de ses sites propres, de ceux issus de son réseau de partenaires (Adsense) et des revenus hors publicité.

Revenus-Google.png

On observe tout d'abord la forte croissance presque continue des revenus, avec juste un décrochage fin 2008, au plus fort de la crise. L'omniprésence du poids de la publicité est aussi manifeste. Elle représente toujours aujourd'hui 97% du total des revenus. L'analyse devient moins convenue lorsque l'on observe la différence de tracé des courbes des revenus Adsense (courbe jaune) et des revenus des sites de Google (courbe rose). Partant pratiquement du même point en 2005, celles-ci divergent de plus en plus. Les revenus de Adsense ont une croissance assez régulière, de l'ordre de 15% par trimestre, tandis que ceux des sites Google s'envolent avec une sensibilité plus forte à la conjoncture économique.

Un autre schéma peut nous permettre d'approfondir :

Adsense-Google.png

Dans ce schéma, j'ai consigné les bénéfices trimestriels de Google (violet), la part du revenu de Adsense qui reste à Google, c'est-à-dire la rémunération de son activité de régie (bleu). La courbe jaune représente les sommes redistribuées aux partenaires Adsense, c'est-à-dire les sites accueillant la publicité.

La remarque précédente est confirmée puisqu'on observe une différence forte entre l'évolution du bénéfice et celle de la rémunération de la régie (d'autant que pour mesurer le bénéfice induit par la régie, il faudrait encore déduire les frais de fonctionnement de cette dernière de son revenu), la régie pesant de moins en moins dans le bénéfice général. Mais le schéma souligne aussi un autre phénomène : autant le bénéfice général subit d'importantes fluctuations, jusqu'à chuter brutalement fin 2008, autant l'activité de régie apporte à la firme un revenu stable et régulier.

Ainsi, entre les deux activités économiques principales de Google, régie publicitaire et recherche financé par la publicité, la seconde s'affirme de plus en plus au cours des années. Pour le dire autrement, Google est de plus en plus un média à part entière, un média conquérant, ambitieux, mais à l'évidence un média encore économiquement fragile, soumis à des fluctuations.

Lorsque Google intervient comme régie publicitaire, il partage ses revenus avec ses partenaires selon une logique qui ne contredit pas vraiment celle des médias anciens, même si bien des modalités sont modifiées. Mais dans le second cas, le déplacement de valeur est radical : par la recherche, Google réoriente l'attention de l'internaute en réorganisant l'ordre documentaire tout en ponctionnant à son profit le marché publicitaire.

Le média-Google s'installe entre la radio-télévision, à qui il emprunte le marché bi-face et le réseau (internautes et annonceurs) et la bibliothèque à qui il emprunte la recherche et l'organisation documentaire. Mais il opère aussi une rupture entre les savoir-faire des uns et des autres par une utilisation inédite à ce niveau du traitement de la langue. Linguistique computationnelle et lexicométrie statistique sont ses compétences de bases qu’il a appliquées sur le web en le considérant comme un vaste texte, organisé par les liens entre les documents entre eux et la demande des internautes. Ce qui prime ici est la dimension intellectuelle, celle du texte et du contenu des documents, c'est-à-dire la deuxième dimension du document ().

La rupture est alors radicale vis-à-vis de la radio-télévision. Le traitement statistique de la langue est utilisé pour organiser le marché bi-face par la vente de mots-clés, associés à la signification de la requête et donc au texte, mais dissociés des documents comme objets contrairement aux médias précédents .

La rupture est tout aussi importante vis-à-vis des bibliothèques. En se positionnant sur la dimension texte, pour capter l'attention par la recherche, il a participé à la contestation de l’ordre documentaire ancien, celui des bibliothécaires et les documentalistes, par une intense « lecture industrielle » pour reprendre l'expression d'Alain Giffard (). La capacité de chercher transversalement dans l'ensemble des textes réduit, en effet, l’importance de leur classement antérieur et, modifiant notre système de mémoire externe collectif, participe au décadrage de doxas. Il est alors naturel que, nonobstant son caractère fortement capitaliste et les ambiguïtés du nouvel ordre documentaire qu’il installe, la firme ait une certaine connivence avec les militants d’un web libertaire dont le ressort est la remise en cause de l’ordre ancien fondé sur la maîtrise de la forme des documents.

Bien des éléments pourraient être ajoutés pour conforter l’accent mis sur cette deuxième dimension : La nécessité pour la firme de disposer de l’ensemble du web en mémoire-cache ; l’utilisation du fair-use aux États-Unis pour se dispenser du copyright et corrolairement les relations difficiles avec les ayant-droits ; Google-books ; YouTube ; la distribution gratuite du système Androïd sur les téléphones portables pour concurrencer l'imprimeur-libraire Apple ; ou, tout récemment, la « recherche instantanée » qui suggère le texte de la requête au fur et à mesure de la frappe en construisant en direct un ordre documentaire à partir d’un contenu, et j'en passe beaucoup. Le meilleur symbole du cœur de métier de la firme est sa page d'accueil, pratiquement inchangée depuis le lancement de la firme (ici, lire aussi les commentaires).

Actu 22 oct 2010

Intéressantes remarques sur la concurrence Apple/Google :

“THE GOOGLE INVESTOR: Android Has No Chance In The Near-Term Against The iPad,” Business Insider, Octobre 21, 2010, ici.

Actu du 25 octobre 2010

Voir aussi le billet de F. Cavazza, qui sous-estime à mon avis le poids de la forme :

FredCavazza, Google Chrome OS = iOS + iTunes, 15 octobre 2010 ici .

Actu du 19 déc 2010

Étude approfondie de la position dominante de Google en France :

Avis du 14 décembre 2010 sur le fonctionnement concurrentiel de la publicité en ligne (Ministère de l'économie, des finances et de l'emploi), ici.

Commenté notamment par Electron libre .

lundi 16 août 2010

Vieux et nouveau monde (2) (la Chine)

Je ne résiste pas à la tentation de reproduire l'image publiée par l'agence d'information officielle chinoise, Xinhua (ici), à l'occasion de la signature d'un accord entre cette même agence et la plus importante firme mondiale en nombre d'abonnés de téléphone mobile, China Mobile Communications Corp., pour fonder une nouvelle société consacrée à un moteur de recherche.

Xinhua-China-Mobile_to-search-engine-joint-venture.jpg

Il y aurait beaucoup à dire sur cette initiative, concernant les relations avec Google, le marché de la publicité sur le téléphone mobile, la concurrence potentielle avec le moteur chinois Baïdu ou encore, bien sûr, l'implication directe du gouvernement chinois dans la circulation de l'information sur le web. On trouvera quelques questions pertinentes sur ce compte-rendu de Business Insider (ici). Il est trop tôt pour apporter des réponses et même proposer une analyse.

Mais cette photo d'une cérémonie anachronique (les deux autres qui accompagnent l'article de l'agence sont du même tonneau) m'en a rappelé une autre publiée dans un ancien billet () à l'occasion de l'intervention d'un représentant de Google à la Sorbonne :

flickr-chanzi

J'écrivais à cette occasion « Cette journée a montré de façon éclatante combien l'époque que nous vivons peut se lire comme un choc, une confrontation, entre un nouveau monde qui se cherche, audacieux parfois jusqu'à l'arrogance et l'inconscience, et un vieux monde qui l'observe, sage mais parfois jusqu'à la frilosité et l'aveuglement. »

La Chine subit les mêmes soubresauts, avec sa culture et son histoire propre. On pourra s'en facilement convaincre en lisant le récent compte-rendu de voyage passionnant de O. Ezratty dans ce pays ().

samedi 14 août 2010

Google mise tout sur la pub ciblée

Le Wall Street Journal vient de publier un entretien avec le prolixe directeur financier de Google, E. Schmidt :

Holman W. Jr Jenkins, “Google and the Search for the Future,” The Wall Street Journal, Août 14, 2010, ici.

Les propos s'adressent aux actionnaires s'inquiétant d'une fuite en avant technologique de la firme qui ne distribuerait pas assez de dividendes alors que c'est une machine à cash. Mais pour M. Schmidt l'enjeu est d'abord de préserver la position de Google sur la publicité sur le web au moment où la recherche (search) est de plus en plus dépassée. Extraits (trad JMS) :

« Je pense vraiment que la plupart des gens ne veulent pas que Google réponde à leurs questions, poursuit-il. Ils veulent que Google leur dise ce qu'ils devront faire ensuite. »

« (..) Nous savons grosso modo qui vous êtes, à quoi vous faites attention, qui sont vos amis. » Google sait aussi à moins d'un mètre près où vous êtes.

Aux dires de M. Schmidt, une génération de puissants appareils de poche est sur le point de sortir, capables de nous surprendre avec des informations que nous ne savions pas vouloir connaître. « Ce qui rend les journaux si fondamentalement fascinant - les trouvailles fortuites (serendipity) - peut aujourd'hui être calculé électroniquement. » (..)

« La technologie sera si efficace qu'il sera très difficile pour les gens de regarder ou consommer quelque chose qui n'aura pas été d'une certaine façon taillée sur mesure pour eux. » (..)

M Schmidt pense que la réglementation est inutile car Google est fortement incité à préserver les droits des usagers, sinon ils s'enfuiront en une minute si Google fait quoi que ce soit avec les renseignements personnels qu'ils trouvent trop sensibles. (..)

« Je ne crois pas que la société comprenne ce qui arrive quand tout est accessible, potentiellement connu et enregistré par tout le monde tout le temps ». Il prédit, apparemment sérieusement, qu'un jour chaque jeune arrivé à l'âge adulte aura le droit de changer automatiquement de nom pour désavouer sa jeunesse fêtarde enregistrée sur les sites des médias sociaux de leurs amis.

« Je veux dire que nous devons vraiment penser ces questions à un niveau sociétal, ajoute-t-il. Je ne parle même pas des choses vraiment effrayantes, comme le terrorisme ou la perversité. »

Ainsi E. Schmidt confirme que tous les efforts de Google ne portent que sur un seul mode de revenu : la publicité ciblée. C'est aussi la justification de la gratuité d'Androïd pour les opérateurs de téléphonie mobile, des récentes prises de positions à propos de la neutralité du net avec Verizon ou encore des efforts sur Chrome OS. Bien sûr, cette stratégie est dangereuse pour ses concurrents qui ont d'autres sources de revenus, car elle a tendance à les assécher en proposant grâce à son marché biface gratuitement ce qu'ils vendent à leurs clients. Elle l'a été pour la presse et globalement les industries de contenu, elle l'est aujourd'hui pour Apple et pour Microsoft, c'est à dire la micro-informatique.

Il a raison d'indiquer que des questions d'éthique se posent. Mais il n'est pas sûr que sur ce point le débat soit à la hauteur des enjeux.

Ajoutons que le journaliste du WSJ ne parait pas convaincu par tous les arguments, notamment concernant la facilité à quitter Google en cas de problème ou encore la propension de la firme à investir dans les services non rentables comme YouTube.

Actu du 30 août 2010

A compléter avec cet excellent article que je n'avais pas repéré :

Jessica E. Vascellaro, “Google Agonizes on Privacy as Ad World Vaults Ahead,” wsj.com, Août 10, 2010, rub. What They Know, ici.

Voir en particulier l'animation du graphique.

mardi 26 janvier 2010

La guerre du Web (nouvel episode : le netEmpire du milieu contre-attaque)

En rédigeant ce billet, j'ai été frappé par la parenté entre l'histoire du Web qui s'écrit sous nos yeux et la saga des Star Wars. Ce n'est évidemment pas un hasard, l'imaginaire des créateurs se nourrit de nos rêves et de nos utopies et vice-versa. On sait ce que la construction de l'internet doit à l'utopie californienne. Je laisse à d'autres plus savants que moi en sémiologie poursuivre cette piste, mais je suis sûr que Larry Page ou Serge Brin se rêvent déjà en Jedi ;-)

Ideogramme.TN__.jpg

Je ne reviens pas sur la discussion en cours. On trouvera sur le site de l'Atelier (ici) une bonne chronique du développement de l'internet en Chine.

La partie qui se joue aujourd'hui entre la Chine et les États-Unis est passionnante et sans doute décisive pour bien des équilibres planétaires : commerciaux, culturels, politiques et peut-être aussi militaires. Pour la comprendre correctement, il faut revenir un peu en arrière :

  • Google et d'autres gros de l'internet ont tenté avec un succès mitigé de s'implanter en Chine. Les raisons sont expliquées ici et .
  • L'État chinois a la volonté de faire évoluer sa société, tout en maintenant un contrôle étroit sur la communication. Il n'y a là rien de nouveau dans son histoire, mais l'internet est pour lui à la fois une formidable opportunité et un danger.
  • La crise financière a changé le rapport de force économique entre les USA et la Chine.

Hubert Guillaud (ici) vient de donner un éclairage intéressant sur le bras de fer qui se joue à présent entre Google-USA et l'État chinois. Il semble que ce dernier serait en passe de réussir son contrôle de l'internet via les DNS rédigées en idéogramme chinois. Dès lors, c'est tout un marché qui risque d'échapper à Google et aussi, au delà du contrôle politique qui agite beaucoup les commentateurs, c'est la mise en place potentielle d'un très puissant outil de protection commerciale via les réseaux sociaux, la publicité contextuelle et les sites de e-commerce.

Il est trop tôt pour proposer une vraie analyse. Mais voici quelques pistes qui montrent l'ampleur des questions posées :

Importance de l'écriture

J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire. La vraie muraille de Chine contemporaine, c'est son écriture. L'écriture fait l'unité de la Chine, pourtant partagée en plusieurs langues. Mais elle reste inaccessible pour la quasi-totalité du reste du monde. Il est plus que symbolique que le champ de bataille soit aujourd'hui d'une part les moteurs de recherche dont la compétence est justement le traitement de la langue au travers de son écriture et d'autre part l'écriture des adresses. Il s'agit de la maîtrise de la faculté de nommer les choses et, au sens le plus fort, leur redocumentarisation.

Ainsi, nous assistons à la confrontation de deux mondes ou plutôt de deux humanités. Pour qui connait un peu la Chine, il n'y a pas vraiment de surprise. Reste à espérer que chacun puisse s'enrichir de la différence de l'autre. Mais cette partition est inégale. L'équivalent du mandarin chinois pour le monde occidental est l'écriture anglaise. Celle-là est beaucoup plus accessible et beaucoup plus répandue, y compris en Chine où l'on considère qu'il y a aujourd'hui plus d'étudiants anglophones qu'aux États-Unis mêmes.

Il reste au moins encore une écriture importante dans le monde qui n'utilise pas vraiment, me semble-t-il, l'internet comme outil de développement fort : l'arabe littéraire. Mais elle a trouvé un autre vecteur : le livre et la religion.

Retour des États et bipolarisation

On a eu tort de croire que la messe était dite pour les États et qu'ils ne pourraient plus contrôler un Internet devenu transnational. On reproche à la Chine de vouloir contrôler Internet, mais tous les États, avec leur culture propre, ont toujours cherché à contrôler les médias. Là encore, il est très significatif que ce contrôle passe par celui des moteurs et celui des adresses. C'est exactement comme dans la vie réelle : la circulation et les lieux.

Il est frappant de constater l'absence de l'Europe dans cette bataille. L'Europe est absente aussi bien au niveau industriel (aucun champion sur le Web) qu'au niveau politique (silence radio total pour le moment sur cet épisode). Ainsi il s'agit bien d'une bi-polarisation de chaque coté du Pacifique dont on verra à l'avenir quelle ampleur elle prendra.

Actu du 29 janvier

Voir les points de vue optimistes du président de l'ICANN (ici) et de T. Berners-Lee ().

Actu du 5 février 2010

Pour en rajouter dans le roman d'espionnage :

Piratage : la NSA pourrait venir en aide à Google... mais à quel prix ?, Numerama, 5 février 2010, ici et l'article du Washington Post ,

Actu du 10 mars 2010

Voir aussi cet article d'E. Scherer : Le web chinois, un énorme intranet ? ici

Actu du 13 mars 2010

Il semble que le départ de Google de Chine est imminent ici. Il devrait être suivi par celui d'eBay, une histoire différente mais qu'il faut sans doute aussi analyser comme une réplique sismique, une fois que l'on enlève le vernis politique là.

Actu du 30 avril 2010

Voir aussi ici l'AFP.

samedi 12 décembre 2009

MSN vs Google : méchant, gentil et vice-versa

On ne peut me reprocher d'être complaisant avec Google. Néanmoins cela n'exclut pas d'être lucide sur les campagnes de presse et effets de mode. On assiste depuis quelques temps à des attaques ciblées, et vraisemblablement concertées, contre la stratégie de Google. Il est ironique de voir que Microsoft, honnie par les tenants de l'Open Source, en profite pour se refaire une virginité, comme l'avait justement prévu T O'Reilly (ici).

La puissance de Google est son financement exclusivement publicitaire, construit sur la maîtrise des données de navigation, mais c'est aussi son talon d'Achille. C'est évidemment là que l'on enfonce le clou. Un bon exemple est cet article qui vise à présenter Chrome OS en insistant lourdement sur ses dangers pour les libertés. Je ne prétends pas qu'il n'y ait pas danger, mais de là à faire de Microsoft un parangon des libertés..

Hugo Lunardelli, “Chrome OS, le PC killer de Google,” IT Channel.info, Décembre 12, 2009, ici. Repéré par JM Billaut qui l'encense.

Extraits de la conclusion :

Google cherche à bousculer le modèle de développement d'applications en « ringardisant » les applications natives et en faisant d'HTML le graal de tout développeur qui se respecte. Ce faisant, il s'attaque frontalement non seulement à Microsoft mais également à Apple et à Linux.

Le netbook Chrome OS sera un terminal intelligent, financé par la pub, qui consolidera les données de millions, voire si Google arrive à ses fins, de milliards d'utilisateurs sur ses serveurs.

Dans cette hypothèse pessimiste, le PC aura vécu. Le mouvement d'émancipation de l'individu vis-à-vis du site central, à l'origine du PC dans les années 70, aura finalement perdu la bataille après 40 ans de bons et loyaux services. Nous serons tous des utilisateurs de Google Inc., hormis quelques idéalistes accrochés à leurs vieilles lubies.

Entendons-nous bien. Je ne soupçonne évidemment pas Google de visées machiavéliques dissimulées. Je dis simplement qu'à partir du moment où la possibilité existe techniquement d'exercer un contrôle efficace sur une population, la plupart des régimes totalitaires ne manqueront pas de s'en servir.

Sans vouloir verser dans l'emphase, on se trouve avec Chrome OS devant un véritable choix de société. Quoique l'on pense d'une société comme Microsoft, même au sommet de son influence il y a une dizaine d'années, jamais l'éditeur n'avait représenté une menace quant à la confidentialité et au contrôle des données personnelles, comme c'est malheureusement le cas ici avec Chrome OS.

Après tout, Microsoft est la société qui voulait placer un PC dans chaque foyer, un des piliers de la révolution du PC. En poursuivant ses intérêts commerciaux, en cherchant à affaiblir Microsoft, Google propose une plateforme qui me pose problème dans son approche comme dans ses implications potentielles.

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